La gauche pousse, la droite résiste
Essai à transformer. Si la tendance de l’ancrage à gauche des grandes aires urbaines se confirme, en revanche il serait hasardeux de vouloir donner coûte que coûte de la lisibilité à un scrutin qui demeure avant tout local. Si le PS ne bénéficie pas de la vague-sanction annoncée, il devrait éviter contre son gré le piège de tomber dans une autosatisfaction qui aurait immanquablement nui à sa rénovation. Les grand perdants sont, outre les Verts devenus sans fond de commerce à la suite du Grenelle, le MoDem qui, avec des scores modestes, ne réussit pas, en dépit du bon score de François Bayrou aux présidentielles, à tisser un réseau conséquent d’élus de terrain.
Erik Izraelewicz dans La Tribune invite cependant à la prudence. “Dans des scrutins comme ceux d’hier, les préoccupations locales l’emportent ensuite bien souvent sur la couleur politique des équipes, sur les enjeux nationaux donc. (...) Prudence enfin dans la mesure où le match n’est pas terminé. On l’a souvent constaté dans le passé : le second tour peut jouer... des mauvais tours aux analystes pressés. Philippe Waucampt en conclut dans Le Républicain lorrain que “c’est la bataille entre les deux tours qui déterminera un scrutin dont l’issue demeure finalement plus ouverte que prévu.”
François Fillon réussit néanmoins son job de Premier ministre “édredon” en atténuant la grogne manifestée ces derniers temps à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Roger Antech du Midi libre en déduit qu’ “on peut être Premier ministre ou simple ministre de Sarkozy sans subir les foudres des Français.”
Plus qu’au PS le mécontentement aura profité à l’extrême gauche qui réalise globalement de bons résultats et au PC qui, contre toute attente, résiste bien. Pour autant, la scène politique nationale de 2008 confirme un penchant affirmé des Français pour le bipartisme qui réduira au second tour les petites formations par le jeu des alliances, au rôle ingrat de supplétif.
Patrice Carmouze dans L’Eclair des Pyrénées, note que “les Français, qui sont assez sages, n’aiment pas confier tous les pouvoirs au même camp. Face à la rudesse des institutions, ils ont souvent joué au plus malin, obligeant, avec la cohabitation, les deux camps à travailler ensemble et à partager le pouvoir. Aujourd’hui, faute de pouvoir jouer cette carte, il leur reste celle des contre-pouvoirs locaux. Face à un pouvoir central de droite, voici des pouvoirs locaux d’opposition.”
Francis Laffon pour L’Alsace voit lui dans les résultats du scrutin les limites de l’ouverture : “Elle voulait brouiller les frontières partisanes. Or, le scrutin d’hier démontre qu’il y a toujours une droite et une gauche. Peut-être même un centre ! Et c’est plutôt réconfortant.”
“Pas de quoi pavoiser. Ni à gauche ni à droite. Estime Philippe Noireaux de L’Yonne républicaine. Pour autant, cette distance prise avec la majorité présidentielle ne marque pas un retour en état de grâce de la gauche, PS en tête. Loin s’en faut. Conscients de cette situation, les dirigeants socialistes se gardaient d’ailleurs bien, hier soir, de tout triomphalisme. D’abord parce qu’il reste encore un deuxième tour. Ensuite parce que le nécessaire travail de reconstruction de la gauche n’en est qu’à ses prémices. Sans garantie de réussir à offrir une alternative crédible au pays. Entre une gauche toujours convalescente, une droite malmenée par un président décevant, la France n’a, effectivement, vraiment pas de quoi pavoiser. Et encore moins espérer.”
La conclusion pourrait revenir à Laurent Joffrin de Libération, “Le socialisme municipal, vieille figure de la gauche qui a ses états de service glorieux, contraint au réalisme et à l’imagination, à la cohérence et à l’unité. Toutes choses, précisément, qui manquent à la gauche nationale. Le message de ce premier tour, décidément, a plusieurs destinataires.”
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