Benoît XVI : un pontificat sous le signe du dialogue et de la contradiction
Quatre ans se sont écoulés depuis la nomination de Joseph Ratzinger comme souverain pontife de l’Eglise Catholique Romaine et force est de constater que Benoît XVI n’affiche pas la même popularité que son prédecesseur Jean-Paul II. Récemment, l’annulation de l’excommunication de quatre évêques intégristes, dont le négationniste monseigneur Williamson qui avait affirmé voila un an ne pas croire qu’il n’y ait eu de chambres à gaz, a froissé la communauté juive et provoqué la colère du monde catholique, décidément hostile à ce pape profondément traditionaliste. En France, un manifeste signé par cinquante penseurs et philosophes catholiques s’indignant de cette décision a été publié dans le mensuel catholique La Vie.
Un dialogue gâché avec la communauté juive
D’un point de vue général, l’annulation de l’excommunication de Mgr Williamson illustre parfaitement le pontificat de Benoît XVI, résolument contradictoire. En prenant cette décision, Benoît XVI s’est en effet attiré les foudres de la communauté juive, un différent fort dommageable au vu des efforts engagés par Joseph Ratzinger pour améliorer les relations entre les deux communautés. Dès son élection, Benoit XVI avait effectivement engagé un dialogue, qui s’était traduit par une visite au camp de concentration d’Auschwitz, et, plus récemment à la Synagogue de New York où le pape avait tenu à réitérer l’engagement de l’Eglise au dialogue. Cette ouverture vis-à-vis de la communauté juive s’inscrit dans la logique de rassemblement prônée par Benoît XVI, que ce soit vi- à-vis de la branche conservatrice de l’Eglise Catholique, marginalisée sous le pontificat de Jean-Paul II, où de l’Eglise Orthodoxe, avec qui le dialogue a repris.
La réconciliation avec l’Eglise Orthodoxe
Benoît XVI et le Patriarche de Constantinople Bartholomée (la religion orthodoxe est divisée en deux branches, celle de Moscou et celle de Constantinople) ont en effet entamé une correspondance épistolaire fertile, qui a abouti sur l’instauration d’une commission de travail commune au sujet du rôle de la papauté, un différent entre les deux Eglises qui est à l’origine du grand schisme d’Orient de 1054. Quant au patriarche de Moscou aujourd’hui décédé, Alexis II, il avait effectué une visite riche en symboles voila un an, en se rendant dans la Cathédrale de Notre Dame de Paris. Désormais, une réunification des deux églises chrétiennes n’est plus, à long terme, inenvisageable.
Un conservatisme mal interprété
Si Benoit XVI a le mérite d’avoir engagé un processus de réconciliation avec l’Eglise Orthodoxe, conformément à la tendance exprimée lors du concile de Vatican II (ce concile, qui s’est déroulé entre 1962-1965, a engagé un processus de modernisation de l’Eglise, en prônant les principes d’ouverture vis-à-vis des autres églises et de libéralisation des moeurs), il n’en reste pas moins que ses mains tendues à la branche conservatrice de l’Eglise a sérieusement entamé sa popularité. L’autorisation de célébrer la messe en latin accordée aux prêtres traditionalistes avait en effet été présenté comme une atteinte aux acquis du concile de Vatican II et fermement dénoncée par les progressistes, alors que cette décision s’inscrivait dans le processus de réunification de l’Eglise lancé par Benoît XVI. L’intégration de la très conservatrice Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X est ainsi désormais envisagée du fait de l’annulation de l’excommunication de quatre évêques qui la composent. Au-delà de son conservatisme, Benoît XVI se présente donc comme le pape de la réconciliation...
La lente évolution des moeurs
L’ouverture à la branche conservatrice de l’Eglise qu’a prôné Benoît XVI a masqué une certaine évolution des mœurs, certes lente, mais tout du moins plus concrète que sous Jean-Paul II. Benoît XVI a ainsi été le premier pape à autoriser l’usage du préservatif...sous certaines conditions (couple marié dont l’un atteint du sida), ce qui constitue malgré tout une avancée notable. Sur d’autres domaine telles que l’euthanasie, le Vatican est resté campé dans ses positions, Benoit XVI assimilant cette pratique a un acte indigne de l’homme , en rappelant que Jésus a souffert et il est mort sur la croix par amour. De cette façon, il a donné sens à notre souffrance. Reste que Benoît XVI a souhaité privilégier le rassemblement des branches de l’Eglise à la modernisation de cette dernière, deux données incompatibles.
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