D’après le journal australien
Heraldsun, relayée par
Time Live, 200 femmes sont lynchées chaque année en Inde sous l’accusation de sorcellerie.
Les meurtres les plus fréquents se produisent dans l’Etat du
Jharkand, situé dans le nord-est de l’Inde, et dans des villages pauvres habités par des minorités tribales. Des cas se sont également produits dans les Etats de
l’Andhra Pradesh (centre-est), de
Haryana (centre nord) et de
Orissa (centre est).
D’après Avdhash Kaushal, président de Rural Litigation and Entitlement Kendra, la plupart des victimes sont des femmes veuves ou célibataires, accusées pour s’emparer de leur argent ou de leur terre.
On les oblige souvent à boire de l’urine et à manger des excréments en public, et on les promène nues dans le village. La honte provoque de nombreux suicides chaque année, qui ne sont pas compris dans le chiffre estimé de 200 meurtres.
C’est en réalisant son travail humanitaire au sein de ces villages que l’association a rencontré ces cas de femmes appelées sorcières et tuées.
Kaushal estime à 1500 le nombre de femmes tuées pour sorcellerie au cours des 15 dernières années.
Rebecca Vernon, journaliste, les estime à 2500.
Un cas dans le Chattisgarth a été relaté en mars de cette année par
Women News Network, relayé par
Scoop Worls Independant News. Il concerne des faits survenus le 6 mai 2005 à une femme de 34 ans nommée Mita Bai. Celle-ci fut tirée hors de chez elle par un groupe de 3 hommes et 6 femmes, mise à nu et presque pendue. Ses cris n’amenèrent aucune aide, le reste du village n’ayant pas voulu les entendre. L’on voulait que Mita Bai, accusée d’apporter le malheur, quitte le village. Ce qu’elle finit par faire. Elle alla s’installer ailleurs, gravement déprimée et pleurant toute la journée. Une partie de ses agresseurs a été arrêtée, une autre court toujours.
De faibles condamnations
Il existe bien, depuis peu, des lois contre les chasses meurtrières aux sorcières, en particulier dans les Etats du Jharkand, du
Bihar et de
Chattisgarth, mais elles sont récentes, peu appliquées et peu entrées dans les moeurs. La plus ancienne, celle du Bihar, date de 1999, et la peine encourue n’est que de trois mois de prison. Dans d’autres Etats, les peines encourues peuvent être légèrement plus élevées, mais il est rare que les condamnations dépassent un an.
Les procès se déroulent devant des tribunaux de faible niveau hiérarchique, sans possibilité d’appel. Il avait été demandé à la Cour Suprème de l’Inde de les faire juger à un niveau plus élevé, mais elle a rejeté cette demande par un arrêt du 12 mars 2010. Nombreux aussi sont les Etats qui n’ont pas de législation contre les chasses aux sorcières.
D’après le servide de l’aide judiciaire des Etats du Jharkand et du Bihar, mois de 1 % des cas signalés donnent lieu à condamnation.
La croyance à la sorcellerie fait partie de la culture rurale indienne. Souvent, les accusations sont lancées par un gourou local appelé un ojha, spécialisé dans la désignation des sorcières. En fait, il les désignes sur demande, contre un petit paiement, une chèvre ou une bouteille de liqueur. Les condamnations contre les ojhas, quand ils sont jugés, excèdent rarement 6 mois.
Tout conflit peut exposer une femme à des accusations de sorcellerie : refuser les avances d’un voisins, ou défendre sa propriété. En particulier, les veuves qui ne renoncent pas aux biens de leur défunt mari sont particulièrement ciblées.
Les violences sont de divers degrés, comportant au moins des humiliations publiques qui mettront définitivement la victime au ban de la société, ou la pousseront au suicide. Les mises à mort prennent les pires formes : décapitation, lapidation, pendaison,poignard, poison, ou encore la femme est enterrée vivante.