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La semaine de prévention du suicide au Québec a pris fin dans... le silence.

À l’instar des années passées, la Semaine de prévention du suicide prend fin dans le silence. La plupart des médias se sont limités à la publication d’un seul article sur le sujet en début de semaine, puis plus rien. La question retombe donc dans l’oubli, jusqu’à l’année prochaine. Mais certains suicides feront ou non l’actualité, selon la politique éditoriale. Plusieurs médias ne couvrent pas les suicides par crainte d’inciter à l’acte. Chaque suicide porté à l’attention de la presse devrait pourtant être une occasion de sensibiliser à nouveau la population sur les aides disponibles, mais ce ne sera que très rarement le cas. Tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, en dehors de la Semaine de prévention du suicide, la plupart des médias se soumettent au même silence que les gens qui souffrent du mal de vivre.

Il faut dire qu’avec le nombre de suicides par an, les médias reviendraient sans cesse sur le sujet. Serait-ce un bénéfice pour la lutte contre le suicide ? Si les réponses sont partagées, il n’en demeure pas moins que le problème perdure, d’une année à l’autre. Quand un problème persiste ainsi, la logique force le diagnostic : l’expérience acquise est insuffisante pour comprendre et corriger le problème à sa source.

La cause première du suicide demeure peu étudiée. On relève les comportements, les signes suicidaires et les événements externes possiblement impliqués, tout ce qui donne une visibilité au problème, mais la cause première de la défaillance interne profonde reste en plan. La question de savoir ce qui fait qu’une personne voit naître en elle des idées sucidaires est sans véritable réponse. Autrement, je ne peux pas croire qu’on limiterait volontairement les interventions au seul domaine de la psychologie. Il faut absolument que la philosophie s’implique, car elle seule a l’expertise des causes premières.

Il y a urgence à se pencher sérieusement sur la pensée des psychologues et des psychiatres, afin de déceler si des distorsions cognitives sont en cause. Une étude de la pensée scientifique psychologique par des épistémologistes expérimentés s’impose, d’autant plus qu’il y a suffisamment de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend apporter, et que même certains psychologues s’interrogent eux-mêmes sur le bénéfice de leur profession.

C’est le cas de William Kirk Kilpatrick, professeur associé de psychologie éducative au Boston College, diplômé des universités Harvard et Purdue. Dans son livre Séduction psychologique - L’échec de la psychologie moderne, il écrit : « Il y a trop de « si », de « et » et de « mais » pour prouver une relation fortuite entre la montée de la psychologie et la détérioration du lien social, mais il existe certainement assez de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend nous apporter. Dans des domaines où les professionnnels savent véritablement ce qu’ils font, nous nous attendons à un résultat. Stanilas Andreski, sociologue britannique, fait la lumière sur ce point en comparant la psychologie et la sociologie à d’autres professions. Il note que lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis :
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«  Ainsi, dans les pays où il y a une pléthore d’ingénieurs en télécommunication, l’équipement téléphonique sera normalement meilleur que dans un pays où il n’y a que quelques spécialistes dans le domaine. Le taux de mortalité sera plus bas dans les pays ou les régions où il y a beaucoup de docteurs et d’infirmières que dans les milieux où ils sont rares et éloignés. Les comptes seront généralement tenus avec plus d’efficacité dans les pays où il y a de nombreux comptables expérimentés que là où ils font défaut. »
Stanislav Andreski, Social Sciences as Sorcery, pp. 25-26.
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Kilpatrick se demande alors : « Mais quel est donc le profit produit par la psychologie et la sociologie ? » Il cite à nouveau Andreski :
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«  ... Partant, nous devrions constater que dans les pays, les régions, les institutions ou encore les secteurs où les services des psychologues sont très largement requis, les foyers sont plus résistants, les liens entre conjoints, frères et soeurs, parents et enfants, plus solides et plus chaleureux ; les relations entre collègues plus harmonieuses, le traitement des patients meilleur ; les vandales, les criminels et les toxicomanes moins nombreux, que dans les endroits et les groupes que n’ont pas recours aux talents des psychologues. En conséquence, nous pourrions déduire que les États-Unis sont la patrie bénie de l’harmonie et de la paix ; et qu’il aurait dû en être toujours ainsi durant le dernier quart de siècle, en relation avec la croissance numérique des sociologues, des psychologues et des experts en sciences politiques. »
Stanislav Andreski, Social Sciences as Sorcery, p. 26.
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Kilpatrick dresse alors le constat suivant :
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«  Cependant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Au contraire, les choses semblent empirer. Les rues ne sont plus sûres. Les foyers se désintègrent. Le suicide sévit parmi les jeunes. Et quand la psychologie tente de régler de tels problèmes, il semble souvent qu’elle les aggrave. La création dans les villes de centres de prévention du suicide s’accompagne, par exemple, d’une augmention de celui-ci. Les conseils matrimoiniaux conduisent fréquemment au divorce. Par ailleurs, l’observation la plus élémentaire nous montre que l’introduction de l’éducation sexuelle auprès d’un public très étendu n’a aucunement enrayé la hausse des grossesses non désirées, de la promiscuité et des maladies vénériennes. Il est plutôt manifeste que de tels programmes encouragent la sexualité précoce et les problèmes qui en découlent.

Il est difficile de ne pas conclure que l’ordonnance est à l’origine de la maladie. « Si nous constations », écrit Andreski, « que toutes les fois que les pompiers arrivent, le feu redouble d’intensité, nous finirions par nous demander ce qui peut bien sortir de leurs lances et si, par hasard, il ne sont pas en train de verser de l’huile sur le feu ».
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N’y a-t-il pas ici suffisamment d’interrogations, de la part même d’un psychologue, pour forcer une analyse de l’aspect scientifique de la pensée psychologique ? Certainement.
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Serge-André Guay, auteur.
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L’auteur tient un blogue sous le titre Le mal de vivre.
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Il a publié J’aime penser dont la version numérique est disponible gratuitement.
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2 réactions à cet article    


  • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 15 février 2006 00:12

    Ce n’est pas le suicide qui est le problème. le suicide est une réponse possible à un problème en amont. Le vrai problème c’est la société, laquelle est devenue suicidogène en détruisant les repères et les valeurs socio-psychologiques, pour ne mettre au sommet de toutes les valeurs que le « dieu fric ». Ainsi celui qui n’a pas ou peu d’argent, chômeur, désœuvré, travailleur pauvre, petit retraité, SDF, se sent exclu de la « fête ». C’est vrai que celui-là, lorsqu’il se suicide, ça ne se remarque même pas.

    Mais il ne faudrait pas que le suicide individuel soit l’arbre qui cache la forêt. Le vrai drame de notre civilisation moderne, c’est qu’elle est tout entière vouée au suicide, un suicide collectif permanent à travers toutes ses pratiques décadentes : alcoolisme, tabagisme, toxicomanie, piercing, style « destroy », cancérisation en masse, télévision, macdoïsation, sont autant de forme d’autodestructions collectives dont le suicide n’est finalement qu’un épiphénomène.

    Puisqu’en fait, c’est toute la civilisation qui se suicide en acceptant cette médiocre qualité de vie basée sur la course folle à la consommation de produits inutiles, nuisibles, toxiques (OGM, vache folle, grippe aviaire, poulets aux hormones, à la dioxine, tchernobyl et les drogues, voitures polluantes, etc.). Dans ce monde fou, pollué et égoïste, finalement celui qui se suicide, c’est un peu comme quelqu’un qui descendrait du train en marche parce qu’il sait que le train fonce droit dans un mur ou un ravin...

    Les gens se suicideront moins lorsque notre air sera redevenu respirable... Pourquoi vouloir empêcher les gens de quitter ce monde si c’est toujours ce même monde pourri qu’on leur propose ?


    • Serge-André Guay (---.---.156.149) 15 février 2006 18:13

      « Pourquoi vouloir empêcher les gens de quitter ce monde si c’est toujours ce même monde pourri qu’on leur propose ? » La réponse est simple : parce que notre monde n’est pas aussi pourri que vous le dites. Votre vision est réductrice. Vous voyez uniquement les problèmes, tel un suicidaire. Mais je ne crains pas pour votre vie car la société vous sert de soupape. C’est pour la vie des gens sur votre chemin que je crains en raison de votre pessimisme.

      Serge-André Guay

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