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Accueil du site > Actualités > Santé > Quand la « bulle médicale » va-t-elle éclater ?

Quand la « bulle médicale » va-t-elle éclater ?

La situation de la médecine est très proche de celle de l’économie des années 2000

Nous avons connu récemment l’explosion de quelques bulles : internet, immobilière, financière. Les mécanismes qui aboutissent à une bulle et à sa rupture sont connus. La première grande bulle documentée, celle des tulipes, date du 17ème siècle.
Le phénomène de bulle ne touche pas que les biens matériels, il concerne aussi les pratiques, les idées, les théories. Cet article démonte les mécanismes d’une bulle prête à se rompre : la bulle médicale.


La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé.
Aldous Huxley


Résumé :
Une bulle naît quand un certain nombre de conditions sont réunies : augmentation durable de la valeur d’un groupe d’objets, négligence du caractère cyclique de l’évolution de cette valeur, opacité du système d’évaluation, conflits d’intérêts entre les experts et les objets évalués.
Spéculation et mimétisme collectif sont les deux derniers rouages de la constitution d’une bulle qui surestime la valeur et s’auto-entretient jusqu’à sa rupture, généralement brutale.
La médecine remplit toutes ces conditions : le progrès médical croît depuis plus d’un siècle et de mémoire d’homme, personne ne l’a vu régresser. L’évaluation de la médecine, des médicaments et des stratégies de prévention est devenue suffisamment opaque pour être incompréhensible par la majorité des patients et par de nombreux professionnels de santé.
L’industrie pharmaceutique a fait fortune grâce aux prescriptions des médecins. Elle finance désormais leurs formations, leurs experts, leurs recherches, leurs accès à l’information professionnelle. La dilution de l’éthique et de l’indépendance médicale dans les capitaux industriels se conjugue à l’imprudent désengagement des pouvoirs publics de ces secteurs.
De nombreuses stratégies médicales, médicamenteuses où non, sont plus délétères que bénéfiques. Jules Romains était visionnaire quand il brocardait dès 1923 la « médecine moderne » du Dr Knock. L’université médicale et l’hôpital sont devenus une gigantesque « Knock Academy » tandis que la médecine humaniste s’éteint sous les coups de boutoir conjugués de la normalisation sclérosante et de l’inflation administrative sanitaire.

L’explosion de notre système de sécurité sociale solidaire sera sans doute le grain de sable qui va enrayer cette spirale inflationniste et provoquer la rupture autant salutaire que douloureuse de la bulle médicale.


Une bulle est un phénomène d’inflation anormale de la valeur d’un ensemble d’objets. Ce phénomène est auto-entretenu et déconnecté de la valeur intrinsèque de ces objets. Une bulle finit toujours par éclater après un temps variable : la valeur surestimée s’effondre pour rejoindre la valeur réelle.


Un exemple classique : la bulle immobilière

Dans une bulle immobilière, les prix augmentent initialement par la conjugaison de la rareté du bien et de la solvabilité croissante des acheteurs. Après quelques années, la hausse paraît inexorable et durable et il est tentant d’acheter un bien immobilier non pour l’habiter, mais pour faire une plus-value en le revendant un peu plus tard. Cet engouement provoque une flambée des prix qui valide cette stratégie spéculative et encourage les nouveaux acheteurs à accepter un prix élevé. Les prix sont progressivement déconnectés de la valeur intrinsèque du bien immobilier (le coût de sa construction par exemple), ou de la part de revenu que les ménages peuvent consacrer à leur logement.

Sur le schéma suivant, les bulles immobilières 1987-1991 (Paris) et 2002-2008 (France entière) sont facilement identifiables si les prix sont rapportés aux revenus des ménages.


Quand un grain de sable (ou un pavé) vient perturber la spirale inflationniste, le rêve s’arrête brutalement et le retour à la réalité s’impose douloureusement. De même que la hausse entretient la hausse, la baisse entretient la baisse [1]. En matière d’immobilier, il est probable en regardant ce graphique que les prix 2008 vont baisser d’environ 40% pour revenir sur la ligne de base qui prévaut depuis 40 ans. C’est une bonne indication de la capacité d’investissement des ménages, et donc du prix moyen auquel le bien est susceptible de se vendre.

Les bulles spéculatives sont vieilles comme le monde. Celle des tulipes hollandaises est une des plus connues et l’ humour juif s’en nourrit.
 
Les mécanismes qui fondent une bulle spéculative sont connus. Pour qu’une bulle apparaisse, les conditions suivantes doivent être remplies :

- l’augmentation de la valeur de l’objet dure depuis longtemps et semble sans fin (mémoire courte...),

- les experts qui apprécient cette valeur sont liés aux objets évalués (conflits d’intérêts),

- les alertes sont occultées, leurs émetteurs sont dénigrés (biais de confirmation d’hypothèse),

- une opacité croissante du système facilite l’appréciation erronée de la valeur de ses composants (on se trompe quand on est mal informé),

- il est possible de spéculer sur la valeur de cet objet, c’est à dire de tirer un bénéfice lors de sa revente (appât financier),

- la solvabilité des acheteurs facilite l’augmentation des prix (pas de prix élevé sans acheteur solvable ou crédit facile),

- un mimétisme collectif pousse chacun à reproduire le comportement général (instinct grégaire),

- la croyance en l’augmentation de la valeur de l’objet peut augmenter réellement sa valeur affichée (la bulle s’auto-entretient).


Il existe des bulles immatérielles

Les mécanismes qui permettent la création d’une bulle ne s’appliquent pas qu’aux biens matériels. Les idées, les théories ou les pratiques peuvent être touchées par des mécanismes similaires.

T.S Kuhn a montré en 1962 que les évolutions de la connaissance sont discontinues. Sans pouvoir parler de bulle stricto sensu, les révolutions et les ruptures scientifiques en sont très proches et en suivent les étapes :

- découverte stimulante d’une nouvelle théorie, vérifiée par l’expérience,

- extension progressive du domaine d’application de la théorie, augmentation exagérée de sa « valeur »,

- occultation des critiques et des failles (expériences ou faits qui « ne collent pas » avec la théorie),

- engouement général ± prix Nobel pour le découvreur,

- la théorie devient dogme et est enseignée partout,

- les failles augmentent en nombre, mais ne parviennent pas à entamer le crédit de la théorie. Ce sont les fameuses « exceptions censées confirmer la règle ».

- une nouvelle théorie portée par une nouvelle équipe parvient enfin à expliquer les failles. Elle provoque soit la chute brutale de l’ancienne théorie si elle se révèle fausse (génération spontanée/expérience de Pasteur), soit sa « provincialisation » au sein de la nouvelle théorie (physique classique/physique quantique).

La suite de cet article décrit la bulle de la médecine occidentale au XXe siècle, mais un parallèle pourrait être fait avec de nombreux domaines scientifiques.


Un parallélisme étonnant avec la médecine

Bien que l’activité médicale ne représente pas un bien matériel durable et négociable, nous allons voir que l’inflation qualitative auto-entretenue peut toucher de nombreux aspects de la santé, et aboutir à une bulle.
Gonflée de ses énormes succès depuis près d’un siècle, la médecine a constitué une bulle prête à éclater.

Reprenons un par un les critères constitutifs d’une bulle et voyons comment ils peuvent s’appliquer à la médecine moderne.


1) L’augmentation de la valeur de l’objet dure depuis longtemps et semble devoir être sans fin

De mémoire de rose, on n’a jamais vu mourir un jardinier !
Fontenelle

La mémoire humaine est bien courte. Nous sommes habitués depuis notre naissance à une croissance constante et spectaculaire du progrès médical. L’idée d’une régression même transitoire nous paraît inconcevable.

Et pourtant, l’histoire de la médecine a connu des épisodes peu glorieux. Molière a croqué perfidement les médecins de son époque qui étaient souvent des cuistres inefficaces, voire néfastes. La lobotomie a été largement pratiquée, encore récemment, malgré sa barbarie et des effets indésirables redoutables.

source http://www.compagnie-altair.fr
Au XIXe siècle, Semmelweis a peiné à démontrer que l’hygiène était fondamentale en obstétrique. Pendant des dizaines d’années, la mortalité des accouchées a atteint des sommets ; seules les femmes qui n’avaient pas le choix accouchaient à l’hôpital, en sachant qu’elles avaient de fortes chances d’y perdre la vie. C’est à la maison, loin des médecins aux mains souillées, que les femmes avaient le plus de chances d’accoucher sans drame.

Mais ces événements ont constitué des trous d’air sans véritable récession durable du progrès médical. Celui-ci a connu avec l’irruption de la méthode expérimentale dans le champ de la biologie un progrès constant et exponentiel jusqu’à la fin du XXe siècle. Cette progression absorbait ou effaçait de nos mémoires ces régressions transitoires. Cette dynamique peut être rapprochée de la croissance économique depuis 150 ans et ses crises vite oubliées en dehors de celle de 1929.

Or depuis une quinzaine d’années, les avancées médicales deviennent rares ou peu significatives, alors que les aléas médicaux parfois graves ont des conséquences importantes et mesurables qui se comptent en milliers de décès [2]. Aggravant cette situation, une inflation de la technique est venue masquer la détérioration des aspects humains de l’aide à autrui. Or, face à cette déflation de la qualité des soins médicaux, les coûts continuent à croître inexorablement : le rapport qualité/prix de la médecine est donc en baisse constante.

Cette stigmatisation des aléas de la médecine pourrait paraître injuste. Comment demander à une discipline de ne jamais commettre d’erreur ? Il est des accidents qui sont excusables : lorsqu’un risque imprévisible apparaît, il est parfois trop tard pour empêcher la catastrophe. C’est le cas pour les tout débuts du sida ou pour la terrible affaire de la thalidomide ; ce calmant utilisé chez les femmes enceintes a provoqué 15 000 accidents gravissimes chez leurs enfants. Cet effet était quasiment imprévisible à l’époque et le médicament a été retiré du marché dès que sa responsabilité a été reconnue. C’est seulement depuis cet accident que les prescriptions de médicaments chez les femmes enceintes sont très réglementées.
En revanche, dans l’affaire du Distilbène, des millions de femmes ont été touchées dans le monde alors que l’on savait dès 1945 que ce produit n’avait aucun intérêt pour traiter les menaces d’accouchement prématuré. La poursuite de la prescription du Distilbène aux femmes enceintes jusqu’en 1971 est inexcusable.
De même, le dogme médical consistant à coucher les nouveaux-nés sur le ventre, fondé sur une simple hypothèse, a causé le décès de 1000 nourrissons par an pendant trente ans en France. Il aurait été préférable de vérifier le bien-fondé de cette recommandation avant de la généraliser.

L’hôpital n’est pas en reste .Au XXIe siècle, les maladies nosocomiales (infections contractées à l’hôpital) et les accidents liés à la médecine prennent des proportions considérables et inquiétantes. Sans nier les progrès et les succès de la cardiologie interventionnelle [3] ou de la chirurgie coelioscopique, beaucoup ont le sentiment que les autres spécialités stagnent, voire régressent. L’hôpital n’est plus le temple de la qualité des années1990-2000. Désorganisé par une administration envahissante, il se déshumanise, décourage ses personnels, et devient un lieu inquiétant où les erreurs sont de plus en plus fréquentes, provoquant des milliers de morts tous les ans.

Évolution récente du nombre et du coût des infections nosocomiales
Source : http://www.senat.fr/rap/r05-421/r05-42116.html

Un événement récent est emblématique de la dégradation du climat « humain » hospitalier : le projet de doter tous les patients hospitalisés d’un bracelet d’identification, comme les nouveaux-nés : les intérimaires qui bouchent les trous des plannings ne connaissent pas les patients et le risque d’erreurs de personnes est important. Les témoignages des « habitués » des hôpitaux montrent que l’erreur n’est plus l’exception, mais une réalité avec laquelle on compose.

La croyance dans le caractère irréversible du progrès médical est donc la première condition de l’apparition d’une bulle médicale. Or le progrès médical n’a pas de raison d’être en croissance continue. Le progrès social a connu une régression spectaculaire en Occident avec la chute de l’empire romain, qui n’était pas la première civilisation à s’écrouler. La technologie des civilisations anciennes a eu des hauts et des bas spectaculaires. L’Histoire nous apprend que lorsqu’un système atteint un niveau de complexité important, il finit par consommer toutes les ressources disponibles pour son administration. Il ne produit alors plus grand -chose et s’étouffe avant de s’écrouler à l’occasion d’un événement imprévu. La santé publique n’a pas de raison d’échapper à ces cycles systémiques universels. La fissuration actuelle de la protection sociale pourrait bien en être un signe avant-coureur, face à un corps médical découragé, ou influencé par des experts liés aux acteurs financiers de la santé.


2) Les experts sont liés aux acteurs financiers

La corruption des meilleurs est la pire.
 
St Thomas d’Aquin.

L’une des causes de la bulle financière a été l’incroyable aveuglement des agences et experts chargés d’évaluer la sécurité des placements financiers et de surveiller le système économique. Nous découvrons avec quelque surprise l’intensité de la collusion entre les agences de notation, les « experts » et les acteurs économiques de la finance.

Dans le domaine médical, l’effet de surprise est absent. Les liens entre les experts de la médecine et les acteurs économiques sont institutionnalisés et légaux. Les agences gouvernementales publient la liste des liens financiers entre les membres de leurs commissions et les firmes pharmaceutiques. Ces liens financiers ne sont pas limités à des travaux de recherche et peuvent consister en des missions de conseils. Cette publication par les agences est d’ailleurs l’exception « vertueuse » : la majorité des liens financiers entre experts et industriels sont tenus secrets, malgré une loi récente imposant leur mention publique.


Hippocrate refusant les présents d’Artaxerxes


Ces mêmes commissions décident de l’intérêt des médicaments. Il ne vient à l’esprit de personne d’exiger que les experts de ces commissions ne soient liés à aucun industriel : l’argument fallacieux avancé est que la compétence n’existe que chez ceux qui travaillent avec l’industrie pharmaceutique. Nous y reviendrons plus loin.
Un exemple parmi d’autres : l’Assemblée Nationale a confié à l’Association Française d’Urologie l’évaluation du dépistage controversé du cancer de la prostate. Cette association, outre le fait qu’elle représente les urologues dont l’activité est étroitement liée au problème évalué, est financée à plus de 80% par l’industrie pharmaceutique avec laquelle elle noue des « partenariats ».

Le constat est sans appel : telles les agences de notations financières financées par les financiers, les experts de la santé sont liés aux firmes commercialisant les médicaments ou stratégies qu’ils doivent évaluer.


3) Les alertes sont occultées, leurs émetteurs dénigrés

Malheur au porteur de mauvaises nouvelles.

Les mécanismes de la grande crise financière de 2008 ont été décrits en détails bien avant qu’elle ne survienne. Ceux qui avaient vu juste ont été dénigrés par les experts en place. Ces lanceurs d’alertes ont été infiniment moins médiatisés que ceux qui promettaient une croissance continue et sans faille. La vidéo ci-dessous est caricaturale : les experts se moquent ouvertement du financier Peter Schiff qui annonce dès 2006 un récession grave à court terme et décrit parfaitement son mécanisme.

Peter Schiff et les « experts »



Dans le domaine de la gynécologie, il ne faisait pas bon remettre en cause l’innocuité du traitement hormonal de la ménopause dans les années 90 :


Nous avons la preuve depuis 2002 que ce traitement hormonal est cancérigène [4] et favorise les infarctus.
Les « notables de la ménopause » alimentaient en 1998 une théorie du complot et tentaient de discréditer ceux qui alertaient sur les dangers du traitement hormonal substitutif [4-page 73]. Nous y reviendrons plus loin.

En médecine, de nombreuses stratégies paraissent consensuelles alors qu’elles sont très contestables et d’ailleurs contestées.

Récemment, un vaccin a été commercialisé pour diminuer le risque de cancer du col de l’utérus. Les données permettant d’établir l’efficacité de ce vaccin sont maigres face à un coût exorbitant et à des conséquences à long terme mal connues. Les médecins libéraux de l’île de la Réunion se sont élevés contre la promotion intensive de ce vaccin. L’expert du sujet, dépêché en catastrophe sur l’île pour « étouffer la polémique » (sic), n’a pas hésité à les traiter de négationnistes [5] :


Notons que cet expert n’a pas jugé utile de déclarer l’état de ses liens financiers avec les industriels qui commercialisent ces vaccins.

Le dépistage des cancers par exemple n’est pas aussi anodin qu’il y paraît. Un dépistage aboutissant à de nombreux faux diagnostics ou révélant des cellules cancéreuses qui n’auraient jamais provoqué de maladie peut être plus néfaste qu’utile. Si le dépistage du cancer du col de l’utérus ne prête pas à discussion, le dépistage du cancer du poumon n’a pas d’intérêt et n’est pas pratiqué. Celui du cancer de la prostate, pourtant très répandu, ne repose sur aucune base solide. Or, la mise en cause de ce dépistage, fondée sur des arguments scientifiques de qualité, provoque des réactions violentes et agressives chez ses partisans.

Le dépistage du cancer de la prostate concerne tous les hommes vers 50 ans. La ménopause concerne, elle, toutes les femmes au même âge. Le vaccin contre le cancer du col concerne toutes les jeunes filles. Nous ne sommes donc plus dans la prise en charge de telle ou telle maladie, mais dans l’intrusion de la médecine dans la vie de la totalité de la population.

Ces quelques exemples ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans de nombreux compartiments de la médecine, des experts liés financièrement ou intellectuellement à des traitements médicaux en assurent la promotion, parfois au détriment de la santé publique. Et il ne fait pas bon tenter de leur tenir tête.


4) Il est possible de spéculer sur la valeur de cet objet, c’est à dire de tirer un bénéfice lors de sa revente

Etablir un parallèle avec la médecine peut paraître plus difficile pour l’aspect spéculatif. Il est pourtant justifié : adhérer à une pratique ou à une stratégie dominante valorise son acteur auprès de ses patients et de ses confrères. Mais il y a beaucoup mieux : être l’initiateur d’une stratégie fait de son auteur un expert, qui sera invité dans de nombreux colloques et congrès. Il pourra alors monétiser cette expertise auprès d’acteurs économiques importants (l’industrie pharmaceutique le plus souvent) qui le rémunéreront dans le cadre de leurs campagnes promotionnelles. La valorisation financière n’est pas le moteur exclusif, loin de là. La quête de la gloire et de la reconnaissance constitue un moteur puissant chez les scientifiques.

Nous avons un très bon exemple de ce phénomène avec le rapport ministériel sur les « notables de la ménopause. » [6]
Dans les années 80, certains gynécologues ont réussi à persuader presque toutes les femmes ménopausées que leur situation physiologique était une maladie. Qu’il fallait absolument se traiter sous peine de complications graves. Nous avons vu que les voix discordantes étaient traités de « médecins du XIXe siècle ».
La bulle des hormones a finalement éclaté au début des années 2000 quand des travaux scientifiques solides ont démontré un effet cancérigène du traitement hormonal sur le sein et une aggravation des problèmes cardiovasculaires.

Un passage de ce rapport (p. 133) illustre bien le mécanisme de spéculation :

« L’arrivée du THS (...) a ouvert aux gynécologues un nouveau segment médical à partir des années 1970. Des gynécologues, précédemment investis dans les combats autour de la contraception, ont alors la volonté de faire prendre en considération les symptômes féminins de la ménopause. Par la suite, les firmes pharmaceutiques font preuve d’un intérêt grandissant pour les gynécologues intéressés par la ménopause, dont le discours rentre en congruence avec des objectifs industriels. Rapidement, ces gynécologues sont associés aux activités des firmes pharmaceutiques de plus en plus nombreuses dans ce secteur. C’est grâce à ces activités, et à celle de représentant de sociétés savantes, que des gynécologues deviennent progressivement des « notables de la ménopause ». Ces gynécologues acquièrent une position d’influence vis à vis de leurs pairs gynécologues et médecins généralistes, des firmes pharmaceutiques, des autorités sanitaires et d’une certaine catégorie de médias. »
 
Le parallélisme avec les experts financiers jusqu’à la crise de septembre 2008 est frappant. Le monde était censé déborder de liquidités. Les inquiets étaient des pessimistes ou des manipulateurs souhaitant faire baisser les cours.

Le traitement hormonal de la ménopause a constitué une bulle brève au sein de la grande bulle médicale. Elle est particulièrement bien documentée par le rapport déjà cité qui se lit comme un roman policier.

Les médecins ont donc un intérêt spéculatif à adhérer à de nouvelles techniques ou traitements médicaux. Les médias sont beaucoup plus intéressés par les apporteurs « d’innovations », pourtant douteuses, avec leurs dossiers de presse qui facilitent le travail, que par ceux dont le discours est plus mesuré et n’est pas soutenu par les agences de communication des industriels. Ce succès médiatique amène une adhésion du public qui fait pression sur les médecins neutres, qui finissent par céder et prescrire ces pseudo-nouveautés.
C’est donc bien l’équivalent d’un phénomène spéculatif qui s’installe : le succès artificiellement créé attire un véritable succès commercial qui le « valide » a posteriori, et donc l’entretient.

 

5) Une opacité croissante du système facilite l’appréciation erronée de la valeur

L’une des causes du crash financier de 2008 a été la titrisation des subprimes américains : des créances douteuses ont été déguisées en placements financiers peu risqués. Intégrés dans d’autres produits comme des poupées russes, ces titres « emboîtés » ont permis de cacher à l’acheteur final le risque sous-jacent à son investissement.
Dans le monde médical, l’opacité se manifeste de diverses façons.

Du soin à la prévention
Un grand glissement est apparu au milieu du XXe siècle : la médecine est passée du traitement de la maladie à celui du risque, de la médecine curative à la médecine préventive. De ce fait, les résultats du médecin ne peuvent plus être évalués à court terme par le patient. Certes, l’effet placebo a toujours faussé cette évaluation, mais avec la médecine préventive, une véritable révolution s’est opérée, qui reporte dans le futur le bénéfice attendu de l’action présente. 
La médecine préventive (diabète, tension, cholestérol, dépistages divers) vit de promesses et assure qu’elle les tient. C’est la porte ouverte à toute les dérives, illustrée par ce dialogue :
 
Un homme marche sur la ligne de chemin de fer Manchester-Glasgow en semant des brins de laine.
Un agent des chemins de fer britanniques l’aborde :
- Pourquoi faites-vous cela ?
- Pour empêcher les éléphants de monter sur la voie.
- Mais enfin, il n’y a pas d’éléphants !
- Ah vous voyez ! Ça marche !
 
En matière de médecine préventive, nous avons été alertés bien avant Ivan Illich par un de nos grands philosophe et écrivain : Jules Romains. Dès 1923, celui-ci perçoit ou pressent le risque que fait courir la médecine préventive en mettant en scène le désormais célèbre Dr Knock. 

Le Dr Knock invente la médecine moderne



Cette scène, qui se voulait satirique en 1923, décrit tout simplement la réalité actuelle. Il est possible que de jeunes médecins n’y trouvent rien d’humoristique.
 
L’irruption de l’industrie pharmaceutique dans le financement de tous les pans de la médecine aboutit à une véritable « Knock Academy » : congrès, colloques, formations, réunions hospitalières, universités, dîners en ville... l’industrie est partout où on l’appelle. Ayant épuisé le potentiel des principales maladies, elle en crée de nouvelles, avec la complicité volontaire ou naïve de certains médecins. La scène de Knock entre le médecin et le pharmacien préfigure la collusion actuelle entre la médecine et les entreprises pharmaceutiques.

Désormais, la médecine propose, dispose et assure de ses propres résultats, sans que le patient puisse évaluer l’intérêt de ce qu’on lui prescrit, « sans qu’il ose opposer la poussière de sa singularité à ce qu’il croit être la montagne de notre science » Alain Froment ). La médecine préventive représente désormais une part considérable de l’activité de l’hôpital et des médecins, et la majorité du coût des médicaments. [7]

Nous voilà donc contraints de faire quasi aveuglément confiance à la médecine, comme le client fait confiance à sa banque qui pourtant prête beaucoup plus d’argent qu’elle n’en a en dépôt.

La « stabilisation »
Knock avait inventé la prévention, la médecine des malades qui s’ignorent. Mais les soins curatifs disposent aussi de leur bulle grâce à la « stabilisation ».
La maladie d’Alzheimer est un drame humain, familial et social malheureusement incurable. Certains médicaments dont l’impact est nul ou insignifiant sur la maladie sont pourtant largement prescrits. L’argument souvent proposé est que le traitement stabilise ou ralentit légèrement la maladie. Bien malin celui qui peut juger objectivement de concepts aussi flous. La Haute Autorité de Santé, dans un décision devenue tristement célèbre, a confirmé que le médicament était peu ou pas efficace ; mais elle en a réaffirmé l’intérêt au motif que la maladie est grave et que la prescription permet permet au spécialiste de revoir le patient régulièrement... Notez la différence, dans les deux liens précédents, entre l’appréciation de ces médicaments par une revue scientifique indépendante de l’industrie d’une part, et la commission « de transparence » d’autre part, dont les membres et les experts rapporteurs présentent de nombreux conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique comme nous l’avons évoqué plus haut.
Ces médicaments inutiles consomment une part importante des ressources qui pourraient être affectées utilement au soutien des familles prenant en charge une victime de cette maladie.

La Haute Autorité de Santé française est loin d’être la seule à souffrir des conflits d’intérêts de certains de ses membres ou experts : la FDA (Food an Drug’s Administration) américaine est très exposée également.

FDA - COMMISSION SUR LE MÉDICAMENT
« Levez la main si vous avez un conflit d’intérêt avec cette décision... »
source http://www.naturalnews.com/Index-Cartoons.html



L’opacité de la science médicale elle-même
 
Si la science médicale est illisible au patient, elle le devient parfois aussi au médecin. Les conflits d’intérêts déjà décrits, ne permettent pas d’interpréter sainement l’engouement de tel expert pour tel médicament. Mais surtout, les publications scientifiques deviennent également incompréhensibles.
Il y a encore une vingtaine d’années, la science médicale était intelligilbe par un journaliste scientifique ou un praticien de terrain : 
Essai clinique version 1970 : L’antidépresseur Zincou administré à 100 patients déprimés pendant trois mois a permis 65% d’amélioration de leur état, contre 45% pour ceux qui recevaient un placebo. La probabilité pour que cette différence observée soit due au hasard est de 0,2%.

Mais le jargon et une méthodologie d’opacité croissante sont rapidement venus compliquer la lecture des compte-rendus :
Essai clinique version 2008  : L’antidépresseur Zincou était plus efficace que le placebo pour prévenir les récidives de symptômes émotifs et de symptômes physiques douloureux de dépression tels que mesurés par une analyse des critères individuels de l’échelle HAM-D et de l’échelle analogue visuelle (ÉAV). Une différence statistiquement significative a été observée pour 17 paramètres secondaires d’efficacité sur 18. (extrait non modifié d’un résumé récent).
Tout se conjugue pour rendre de plus en plus incompréhensibles les fondements de l’activité médicale et de la prescription. Vous retrouverez le même sabir si vous lisez la décision de la Haute Autorité de Santé sur les médicaments de la maladie d’Alzheimer, déjà citée.

L’emboîtement

Les travaux scientifiques s’appuient sur des travaux précédents (références), qui eux-mêmes s’appuient sur des travaux précédents... Après quelques citations en cascade, l’hypothèse devient certitude, l’anecdotique devient généralité, sans que quiconque ou presque n’aille vérifier les sources.
Par exemple : le travail A montre que les voitures rouges causent souvent des accidents que les voitures blanches. Un article B, citant A, va affirmer que les voitures rouges sont plus dangereuses. Un article C citant B, affirmera que repeindre une voiture rouge en blanc améliore la sécurité. Une norme D, citant C, va imposer la couleur blanche pour toutes les voitures. Dans cet emboîtement de données aboutissant à une absurdité que tout le monde peut identifier, l’erreur est d’avoir négligé la personnalité du conducteur qui achète une voiture rouge et qui est la variable expliquant le taux d’accident plus élevé.
Or en médecine, les choses sont trop complexes pour que le cheminement aboutissant à une recommandation absurde soit identifié aussi facilement.

De même que la « titrisation » des subprimes a permis d’en masquer les risques à l’aide de « couches » successives, les références en cascades permettent d’affirmer à peu près n’importe quoi avec un peu d’habileté rédactionnelle.


6) L’offre est abondante, mais les prix élevés sont alimentés par la solvabilité des acheteurs, elle-même assurée par un accès facile au « crédit » 

Jusqu’ici, tout va bieeeeeen....

Une des grandes surprises de la bulle financière a été la découverte du mécanisme de création de l’argent à partir de la dette. Cet argent aussi abondant que fictif permettait une surenchère à l’achat et entretenait la montée des cours.

En matière de santé, la richesse nationale (elle-même fondée désormais largement sur la dette) a permis pendant des années de financer des coûts de santé en augmentation permanente, autorisant la croissance de la bulle médicale.

Evolution des dépenses de santé à prix constants
Source : http://regulation.revues.org/document1507.html

Or les médecins sont des agents économiques très particuliers : ils auto-prescrivent leur activité et sont quasiment libres de leurs prescriptions. Imaginons des entreprises de travaux publics qui décideraient sans contrôle de la construction de ponts ou de routes, et des matériaux à employer.

La bulle a donc pu être alimentée par des médecins qui agissent et surtout prescrivent médicaments et examens sans que la pertinence de ces prescriptions puisse être évaluée [8]. Vécue comme en progrès constant, à l’aune de ses extraordinaires succès au XXe siècle, la médecine triomphante pouvait encore se permettre de prélever 10% du PIB en 2007, aussi bien en France qu’en Allemagne ou en Suisse. Or ces prélèvements deviennent insupportables pour une collectivité qui entre en récession.

La réaction des pouvoirs publics a été aussi classique qu’inadaptée : augmenter l’administration du système. Cette inflation administrative, qui augure généralement la chute des civilisations, n’est parvenue qu’à renchérir les soins, à en diminuer la qualité, et à décourager les soignants. Il est frappant de noter que dans une économie libérale comme celle de la France, c’est le système du Gosplan soviétique qui est appliqué à la santé, et qui doit être renforcé prochainement. L’Histoire montre pourtant que toutes les tentatives d’administration centralisée et dirigiste des phénomènes économiques conduit à la ruine.

Le coup d’arrêt du financement solidaire risque d’être le facteur de rupture de la bulle médicale : le public va brutalement s’interroger sur le bien-fondé de ses dépenses de santé et chercher des alternatives économiques. Il risque d’avoir quelques surprises. [9]


7) Un mimétisme collectif pousse chacun à reproduire le comportement général

L’Homme est une espèce grégaire. Rares sont ceux qui prennent sans crainte des chemins inconnus ; le groupe rassure. Mais nous accordons au comportement majoritaire un crédit souvent exagéré.

Ce phénomène très présent en médecine, permet l’auto-alimentation des engouements sans cause. Surtout si des agences de communication au service des fournisseurs alimentent avec talent ce sentiment collectif pour le transformer en vérité d’allure universelle. Nous vivons ainsi avec des croyances étonnantes, comme celle du caractère indispensable des produits laitiers dans notre alimentation [10], ou des check-up systématiques, ou de l’effet stimulant de la vitamine C [11].

Après le « crash des hormones », le marché de la ménopause a cherché un autre moteur et l’a trouvé avec l’ostéoporose. La majorité des femmes de plus de 50 ans ont été convaincues en quelques années que la fragilité potentielle de leurs os constituait un grave problème de santé publique. Elles sont devenues demandeuses de prise en charge spécialisée (examens, médicaments) pour un problème dont elles n’avaient jamais entendu parler dix ans auparavant. Les gynécologues de la ménopause se sont transformés en rhumatologues.

Comme nous l’avons déjà vu, dans la même tranche d’âge particulièrement attentive à sa santé, les hommes sont très demandeurs du dépistage systématique du cancer de la prostate, qui n’est pourtant recommandé ni par la Haute Autorité de Santé, ni par l’Organisation Mondiale de la Santé , mais fait pourtant l’objet d’une intense campagne de promotion par les urologues.


8) La croyance en l’augmentation de la valeur de l’objet augmente réellement sa valeur.

Un des mécanismes de la spéculation est sa capacité à s’autovalider : le bien est présenté comme peu cher et attrayant. Ceux qui l’on acheté constatent que le prix monte encore et sont tentés de recommencer ou de convaincre leurs relations de faire de même. L’erreur se valide elle-même.

Nous en avons une nouvelle illustration en médecine avec le dépistage des cancers. Depuis quelques années, un engouement marqué s’est installé pour la recherche de petits cancers afin de les traiter au plus tôt et d’éviter le cancer-maladie. Cette stratégie semble frappée au coin du bon sens. Malheureusement les choses sont beaucoup plus compliquées. En effet :

- Nous fabriquons des cellules cancéreuses tous les jours, et nous les détruisons dans les mêmes proportions.

- Mêmes quand ces cellules se regroupent en petits nodules, il ne s’agit pas d’un cancer-maladie pour autant. Ces nodules peuvent disparaître ou rester quiescents jusqu’à ce que la personne meure d’autre chose.
La recherche de ces cellules cancéreuses peut donc être une très mauvaise idée et aboutir dans de nombreux cas à des inquiétudes inutiles, ou pire à des traitements dangereux ou mutilants. Il n’est pas rare que les complications immédiates d’une biopsie ou d’une opération tuent un patient qui n’aurait jamais entendu parler des cellules cancéreuses qu’il portait sans le savoir.
Un autre événement rend certains dépistages dangereux : le faux diagnostic. Pour éviter de « laisser passer » un cancer, le médecin qui analyse les biopsies au microscope a tendance à englober des lésions suspectes, mais peut-être bénignes, dans le groupe de celles qu’il qualifie de cancéreuses.
Nous avons eu deux démonstrations récentes de ce phénomène peu connu :
Un fauteuil chinois contenant un produit toxique a provoqué des lésions d’irritation chez de nombreux utilisateurs. Un diagnostic (erroné) de cancer a été porté chez au moins deux personnes, dont une qui a reçu plusieurs dizaines de séances de chimiothérapie.
L’autre démonstration a été apportée par une étude norvégienne récente qui montre que la pratique de mammographies de dépistages tous les deux ans aboutit à plus de 20% de diagnostics de faux cancers, c’est à dire de lésions qui régressent spontanément ou qui ne sont pas des cancers.
Certains dépistages sont très utiles, comme celui du cancer du col de l’utérus chez la femme ; mais d’autres, comme celui du cancer du poumon, du foie, du rein ou de la prostate, sont nuisibles. Un livre remarquable fait le point sur ce sujet qu’il serait trop long de détailler ici.

De nombreux dépistages aboutissent donc à découvrir des lésions qualifiées de cancer-maladie alors qu’elles n’en sont pas. Le même phénomène est observé pour les maladies cardiovasculaires ou l’ostéoporose. Or ces découvertes valident a posteriori ces dépistages injustifiés : les hommes chez qui un dosage de PSA puis des biopsies ont révélé des cellules cancéreuses sont persuadés que le dépistage leur a sauvé la vie. Personne ne leur a dit que la moitié des hommes de leur âge portaient des cellules cancéreuses dans leur prostate, que très peu en mouraient et que cette découverte ne justifiait peut-être pas de les rendre impuissants et parfois incontinents. Plus le dépistage trouve de lésions, plus il paraît justifié. Ce cercle vicieux alimente une inflation auto-entretenue de la valeur, très proche de celle qui concerne les biens matériels et qui alimente les bulles.


La bulle médicale est prête à éclater


Depuis vingt ans, il n’y a pas eu de progrès médical significatif. Seule la chirurgie et la cardiologie interventionnelle ont continué à améliorer significativement le sort des patients. Dans le même temps, le coût de la santé a quasiment doublé.

Les grandes révolutions médicales sont derrières nous et ne sont pas renouvelées :

- vaccins contre la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite, ayant fait disparaître des fléaux historiques,

- antibiotiques guérissant comme par miracle des maladies infectieuses souvent mortelles auparavant,

- chimiothérapies et radiothérapie anticancéreuses guérissant les leucémies de l’enfant, les lymphomes et quelques cancers.

- découverte de l’insuline, des neuroleptiques, de l’héparine, de la vitamine D et de quelques autres grands médicaments.

- progrès de l’anesthésie permettant une chirurgie de plus en plus complexe et efficace,

L’augmentation de l’espérance de vie souvent mise en exergue est au moins autant liée aux progrès sanitaires (conservation des aliments, gestion des eaux usées) qu’à la médecine et aux médicaments.

Malgré l’augmentation des coûts, la qualité globale des soins médicaux se dégrade. Cette dégradation palpable est liée à une cascade de causes : la surévaluation de l’impact positif de la médecine sur la santé, les effets iatrogènes croissants des médicaments, les maladies nosocomiales, une médecine préventive incontrôlée, l’impossibilité d’évaluer la qualité des médecins et des soins avec nos outils actuels, la pénétration abusive de l’industrie pharmaceutique dans la formation et l’information des médecins, l’inflation administrative et l’illusion de la « démarche qualité », le manque d’experts indépendants et fiables, une opacité globale du système et pour finir la consommation excessive et mal répartie des ressources que la nation peut consacrer à la santé.

Le coup de grâce sera apporté par l’explosion des mécanismes de financement solidaires tels que l’assurance maladie universelle. En désolvabilisant les patients, cette rupture de la bulle médicale va conduire à s’interroger sur les bien-fondé des stratégies médicales. Dans le même temps, de nouveaux outils issus de la médecine 2.0 permettront peut-être de rendre la déflation médicale moins douloureuse et de reconstruire une médecine plus humaine, un art au carrefour de plusieurs sciences comme la définissait Canguilhem [12] , et non plus une pratique unique, dogmatique et normalisée.

Stigmatisée très tôt par le philosophe Jules Romains et son Dr Knock, la médecine moderne sera sans doute sauvée par le retour des philosophes à son chevet, et notamment ceux qui comme Michel Serres [13] ou Edgar Morin s’intéressent aux sciences de la complexité.

Références

  1. En période de hausse, l’acheteur est incité à acheter rapidement de peur que le prix augmente. En période de baisse, l’acheteur attend le plus longtemps possible car il sait que le prix va baisser ; ce comportement attentiste accroît la baisse des prix.
    • Un rapport de l’Académie de Médecine sur les causes des cancers attribue la majorité des nouveaux cas à ... la médecine ! Les décès par cancers attribués au traitement hormonal de la ménopause se comptent pas milliers.
      http://www.atoute.org/n/article60.html
    • La cardiologie interventionnelle est à mi-chemin entre la chirurgie et la médecine. Elle consiste à traiter des lésions du coeur et surtout des artères coronaires sans ouvrir le thorax. Un cathéter, fin tuyau introduit dans une artère, permet de gonfler des ballonnets pour élargir des artères bouchées et de poser des ressorts (stents) pour maintenir cette dilatation. Cette approche moins traumatisante a révolutionné la cardiologie de la fin du XXe siècle.
    • Dans un rapport sur les causes des cancers, l’Académie de Médecine attribue au THS 5000 cancers par an en 2000 et 1200 décès.
      Le rapport (page 28)
    • Article du journal de la Réunion, paru après la mise en garde des médecins locaux.
      article au format pdf
    • Il s’agit dun rapport de la mission d’étude du ministère de la santé "Au bénéfice du doute - Les notables de la ménopause face au risque du traitement hormonal substitutif". Ce superbe travail se lit comme un roman policier.
      Rapport complet (pdf)
    • Les neuf premiers médicaments (en chiffre d’affaire remboursé en France) sont des médicaments destinés à prévenir des maladies sans que leur effet puisse être constaté par le patient.
      Voir les annexes de ce document
    • L’évaluation de la qualité médicale est un problème d’un grande complexité. Face à l’incapacité des médecins à proposer une mesure de leur qualité, les gestionnaires développent une "démarche qualité" basée sur des normes de soins. Cette idée séduisante est en fait une aberration qui détruit la qualité plus sûrement que tout autre méthode. Ceux qui ont déjà vécu une "démarche qualité" dans un domaine où l’humain est un facteur important comprendront sans avoir besoin de références. Les autres pourront consulter le lien fourni.
      Qualité et santé
    • Exemple de surprise : le traitement le mieux étudié, et le plus efficace pour traiter l’hypertension artérielle, coûte un euro par mois ! Ce vieux diurétique à faible dose protège mieux des accidents cérébraux que des médicaments modernes coûtant plus d’un euro par jour. Le jour où le patient paiera lui-même ses médicaments, cette information risque de l’intéresser.
      Traitement économique pour l’hypertension
    • Débat complexe et animé qui déborde le cadre de cet article.
      Un article de vulgarisation mais de bonne qualité sur le sujet
    • La vitamine C prévient le scorbut, est un bon conservateur dans de nombreux aliments (nous en absorbons donc énormément) mais n’a aucune activté thérapeutique ou stimulante prouvée.
      article résumé et liens
    • Le normal et le pathologique. puf 1966
    • Colloque de 2006 qui présente la vision de Michel Serres de l’éducation médicale. Il intervient à partir de la 21ème minute
      Vidéo

    Source de l’article : Knol ; article sous licence Creative Commons

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85 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 26 janvier 2009 12:17

    Article tout à fait remarquable.

    Mais, comme pour la finance, la bulle est surtout aux US où les dépenses de santé progressent beaucoup plus vite qu’en Europe, à tel point que la plupart des labos s’y sont délocalisés.

    Démographie, disparition de l’épargne du "medicare" et des mutual funds, tout est en place pour un sinistre majeur dans la santé aux US en 2009, et tous les labos mondiaux vont crever. Il est encore temps de vendre, plus pour très longtemps.

    (Pour l’anecdote, j’ai écrit ici que la bulle de santé serait au coeur de la crise depuis début 2007 :
    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=22217&nbsp ;&nbsp ; )


    • zelectron zelectron 26 janvier 2009 23:09

      Le résumé du résumé : trop de médecine tue la médecine ?


    • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 07:36

      @ Philippe Renève, voilà une comparaison pour le moins osée. Cela laisse entendre que la médecine est une consommation comme les autres, ce qui est LE problème.

      Pour ma part je comparerais volontier avec le budget de l’éducation nationale, par exemple.


    • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 11:39

      Excellent article.

      "Si les savants ne peuvent pas faire des expériences sur le corps des hommes individuels, ils ne demanderont pas mieux que d’en faire sur le corps social, et voilà ce qu’il faut absolument empêcher" (Bakounine)

      De fait, la médecine d’aujourd’hui traite des statistiques, pas des malades. Et les statistiques c’est comme les sondages : on ne publie que ce qu’on veut.


    • appoline appoline 27 janvier 2009 13:11

      @ JL,
      Excellent article. Le nerf de la guerre ? Le corps médical a perdu la notion de base : le patient, le malade, celui qui n’a pas le droit à la parôle dans un univers où chacun délimite son territoire. Que d’erreurs, les médecins se laissent flatter et corrompre par les firmes pharmaceutiques, chacun y tire son avantage mais pas le patient, à tel point qu’il vendrait sa mère pour le traitement que le toubib, au fil des mois, a bien implanté dans son cerveau comme vital.
      Beaucoup vivent maintenant par et pour les médicaments. Je ne dis pas qu’il faille tout rejeter, loin de moi cette idée, mais nous sommes arrivés à des médications qui n’ont plus rien à voir avec le bien-être du malade et les effets secondaires sont bien souvent aussi terribles que la maladie.
      Que faut-il faire aussi pour qu’on laisse nos anciens fermer les yeux dans la paix, sans acharnement thérapeutique, raccordés aux perfusions, aux sondes, terrifiés ou absents, aux tortures qu’on leur inflige. Bien loin de moi, une personne qui m’est chère, toute petite, si petite attend la mort sur un lit, 94 ans, ils la maintiennent à grands coups de tuyaux. Elle est dans son monde. Si elle souffre ? Bien mâlin celui qui peut le dire. Elle ne mérite pas cela. Elle était soignante et une bonne soignante, elle s’est battue pour ses enfants. Mamie, je vous aime et j’espère que dans une lueur de lucidité, les apprentis sorciers vous laisseront vous endormir en paix.


    • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 14:07

      @ Apolline, merci de m’avoir dédié ce beau témoignage. Je vous dirai pas le calvaire qu’a connu ma mère, elle aussi soignante dans sa vie active et qui ne s’est jamais remise des séquelles d’une opération dans une clinique privée qui a mal tourné pour faute de surveillance post opératoire. Seulement que pour en finir, des années après, alors qu’elle ne parlait plus depuis longtemps, elle a fini par refuser de s’alimenter. Je crois que le médecin a compris alors, ce que moi j’ai compris trop tard : le sens de ce geste.


    • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 14:41

      @Apolline
      Ce que vous décrivez est notre quotidien. Il faut parfois se bagarrer avec certains cancérologues pour arrêter une chimiothérapie "de confort" chez un agonisant. Aucun système de qualité actuel ne sait évaluer la compassion.


    • Yena-Marre Yena-Marre 26 janvier 2009 13:12

      Bonjour,
      He oui ça coute de plus en plus cher la sante . Heureusement elle ne nous coute pas encore aussi cher que le sauvetage des banques sinon l’explosion c’est pour bientot .


      • clostra 26 janvier 2009 15:28

        La question que l’on peut se poser c’est si justement elle n’a pas déjà explosé avec ces pertes en vies humaines et en qualité de vie...en silence :
        les maisons abandonnées pour crise des subprimes étaient sans doute de bonne qualité...


      • clostra 26 janvier 2009 17:39

        Je m’explique :

        en ce monde où tout est consommation (j’avais décidé de modifier ma formule de voeux qui devenait :
        "Bonne Année 2009 et (surtout) Bonne consommation !")

        à croire que pour le monde de la santé, ou le monde tout court, l’inflation de la vie humaine n’a vraiment que très peu d’importance au regard de l’inflation "tout court"

        [Pas étonnant ... car ce (pauvre) Norbert Bensaïd l’avait expliqué en termes simples :
        si seulement fumer moins rapportait plus ! car la dernière maladie est celle qui coûte le plus cher et mourir jeune, c’est moins de retraite à payer, de petits malheurs à soulager...
        Dites plutôt : que fumer plus c’est du gagnant gagnant (dans l’économie de la consommation)
        Faire peur n’a jamais soigné personne...]

        Je conclus que la bulle éclate et a éclaté depuis longtemps mais que personne ne s’en aperçoit car finalement la vie de ses proches n’a que peu d’importance au regard du monde de la finance.
        Une crise ? quelle crise ?



      • clostra 26 janvier 2009 13:39

        Article remarquable et finalement ... rassurant : un médecin non "marginal" peut s’autoriser cette analyse sans s’attirer de terribles ennuis (?)

        Je note quelques racourcis parce que vous les dénoncez vous-même...
        Prenons l’exemple de la démarche Qualité (elle est toujours orientée "satisfaction du "client"") en parallèle avec ce qui s’est passé pour les irradiés (gestes hautement techniques) : surveiller les indicateurs n’est pas mauvaise chose. Par ailleurs "qualité" ne signifie pas "Qualité" mais l’assurance que le geste est "standardisé".

        La vitamine C avec l’anneau de cuivre (on l’oublie souvent celui-là ! pour ainsi dire : toujours) a amélioré la santé de quelques flibustiers...

        etc

        Mais au vu de l’ampleur du sujet traité sous l’angle de la "bulle" : bravo !

        Simple "salariée" j’ai fui jusqu’au chômage l’horreur de ce constat*

        Réfugiée dans l’Internet par motivation professionnelle de très longue date (la qualité de la transmissions des données en laboratoire de biologie médicale) je fuis les profits honteux qui assassinent l’information avec pourtant une contradiction : je profite du gratuit...(je crois que je vais vous rejoindre sur le net)

        * une AMM pour un produit toxique moins efficace que l’Elixir parhégorique
        * une AMM de prolongation d’un produit contre la maladie d’Alzheimer : NB s’occuper de ces malades pour les tester les améliorent nettement ! testons testons mais laissons les produits dans les placards.

        et j’en passe...



        • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 26 janvier 2009 13:55

          Comme les appels de notes l’indiquent, cet article a été initialement publié sur un knol où il est en licence CC.


          • Krokodilo Krokodilo 26 janvier 2009 14:02

            Excellent, bravo pour cette explication claire de notions complexes et qui impliquent de nombreux acteurs de la société.
            On peut rajouter qu’au niveau global de la santé publique, les mesures les plus efficaces seraient la forte diminution de la vitesse au volant et son respect, l’arrêt du tabac, de l’alcool, l’honnêteté des dirigeants (pour la valeur d’exemple), la lutte contre la pollution et les pesticides, la lutte contre la misère sociale et ses corollaires de troubles psychologiques chez les enfants, de violence scolaire et conjugales, de suicides, de meurtres (combien de drames familiaux cette année ? Il me semble qu’en 2008 au moins trois familles ont été tuées par un de ses membres...).
            Et à l’échelon individuel, il est bon de rappeler comme vous le faites les nombreux mensonges, la pression commerciale et publicitaire jusqu’au plus haut niveau, celui des décideurs et de l’HAS, des commissions nationales et européennes.
            Les lobbys veillent à leurs intérêts, ils ont réussi à édulcorer le protocole Reach les obligeant à prouver l’inocuité de certaines substances de notre environnement, ils tentent de nous faire bouffer le boeuf aux hormones étasunien, etc.
            Etonnantes démocratie où les ONG, asociations , groupements de citoyens doivent faire le boulot des députés et sénateurs, en veillant à leur place, mais sans leurs indemnités...

            Bravo aussi pour l’hommage rendu à Semmelweiss, génial précurseur de la prévention avant même qu’on connaisse l’existence des microbes, moqué par la Faculté..., bravo aussi pour l’hommage au Knock de Jules Romains qui n’a pas perdu ni une ride, ni toute son amigüité (joué vers la fin selon les mises en scène comme un escroc ou un fou).

            Il faudrait des pages pour décrire les subtiles manipulations dont nous – médecins et public, malades ou pas – faisons l’objet : sur la maladie d’Alzheimer dont vous parlez, par exemple, les journaux sont truffés d’articles incitant les médecins à un dépistage précoce, alors même qu’il n’existe aucun traitement, sinon une très légère amélioration durant 2 à 3 mois, une goutte d’eau, dépister , pourquoi, pour inquiéter ? Non, pour faire fonctionner la machine dans un sens inflationniste.
            Le gouvernement et les experts n’osent pas refuser le remboursement ou l’AMM à des médicaments qui n’apportent rien de plus que le précédent. Depuis 30 ans, chaque fois que l’homéopathie est menacée de déremboursement, le chantage à l’emploi fait marcher le téléphone... Les experts qui luttent sont parfois mis au palcard par leur propre administration, comme cela a été le cas pour l’amiante pendant un siècle, tandis que les copains des industriels ont été décorés !

            Vous avez mis un lien vers le seul journal médical indépendant, et une des rares revues à être payante, sans la citer, mais comme je n’ai pas de conflit d’intérêt, autant la citer : La Revue prescrire.

            Petite critique : sur votre blogue, vous dites que « evidence based medecine » est mal traduit par « médecine fondée sur les preuves ». Je ne suis pas d’accord, l’anglais n’est pas une langue supérieure, c’est nous qui nous habituons à y voir une signification plus riche, et la lutte contre la domination de l’anglais sur les esprits est aussi importante que de lutter contre les mensonges en médecine.



            • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 10:31

              @ Krokodilo, bel hommage à un bel article. Permettez moi de vous poser une question. Vous dites : "" Depuis 30 ans, chaque fois que l’homéopathie est menacée de déremboursement, le chantage à l’emploi fait marcher le téléphone""

              L’homéopathie est-elle remboursée, et depuis 30 ans, en France ?

               


            • janequin 27 janvier 2009 11:32

              JL,

              La véritable homéopathie ne nécessite pas d’être remboursée plus qu’elle ne l’est. Un traitement pour une maladie aiguë coûte 2 ou 3 euros, 5 si on utilise des korsakoviennes, mais nécessite un investissement personnel de la part du médecin - et du malade - qui ne peut être chiffré.
              Le remboursement permet simplement d’obliger Boiron et ses confrères à rester au prix plancher.

              Je pars du principe qu’une maladie aiguë à son début doit être traitée en 24 h. Sinon, médecin immédiatement. Et cela fait 30 ans que cela dure, avec 9 enfants.

              Les maladies chroniques - souvent apparues à cause de faits environnementaux extérieurs - c’est bien plus délicat à traiter, quelle que soit la thérapeutique utilisée.

              Je trouve normal qu’on rembourse les préparations unitaires, qui, seules, peuvent être prescrites sur la base du principe déduit par Hahnemann lors de sa découverte. Mais l’utilisation de préparations complexes se rapproche de l’empirisme et donc celles-ci ne doivent pas être remboursées.

              Et généralement, ce que le public appelle homéopathie représente la prescription d’un médecin dit homéopathe, alors qu’assez souvent ; ce n’en est pas. Ce sera de la phyto, des oligoéléments, des HE,... mais cela, ce n’est certainement pas de l’homéopathie.

              Utiliser du tartroantimoniate de potassium en cristaux lors d’une pneumopathie avec difficultés respiratoires et vomissements, c’est de l’homéopathie. Mais utiliser du Pulsatilla 15 CH chez un frileux qui a soif pour un écoulement nasal jaune avec légère fièvre c’est un non sens et ce n’est pas de l’homéopathie.



            • Gaétan B. 26 janvier 2009 16:31
              Intéressant, mais discutable. Je ne vois pas la sécu être désolvabilisée de sitôt : le pouvoir politique en est bien incapable, c’est lui qui sauterait le premier. Donc l’explosion de la bulle n’est pas pour demain.
               
              Par ailleurs je pense que la santé est l’un des rares secteurs où la régulation par le marché est défaillante : les patients sont par définition en état de faiblesse, et capables d’acheter n’importe quoi à n’importe quel charlatan même quand c’est à leur charge (les Etats-Unis dépensent plus que nous avec une sécu bien moins généreuse. Voir également la prospérité des psychothérapeutes et rebouteux).
               
              La plupart des gens sont incapables de comprendre qu’il est impossible d’attribuer une vertu thérapeutique à un médicament à partir d’un unique cas de guérison. Voilà pourquoi il y a tant de gens qui soutiennent mordicus que l’homéopathie, ça marche parce que quand ils en prennent, leur rhume disparait. Alors que dans ce cas précis la science démontre parfaitement qu’ils n’ont bu que de l’eau !
               
              Bref, pas de solution à mon avis en dehors d’une approche scientifique d’évaluation de l’intérêt des traitements et d’un contrôle plus strict des procédures. Comment l’aéronautique arrive-t-elle à fabriquer des avions fiables ? En demandant leur avis aux passagers ? Ou bien par l’étude technique et des protocoles d’exécution contrôlés ?

              Le problème, ce n’est pas le gosplan, c’est qu’on ne l’a jamais appliqué réellement. Les intérêts corporatistes l’emportent sur la conviction politique. Les médecins n’ont pas de chef et ont pris la mauvaise habitude de se verser de gros honoraires avec le chéquier de la collectivité. De même que seule la droite peut réformer l’éducation, seule la gauche peut réformer la médecine, car le politicien capable d’agir contre sa clientèle n’a aucune chance d’être réélu.
               

              • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 26 janvier 2009 18:45

                Bonsoir
                Quand je dis "désolvabilisée" je veux dire que le trou sera tel qu’aucun budget d’Etat ne pourra le combler. Bref, je parle d’une faillite du système solidaire universel français.


              • Céline Ertalif Céline Ertalif 26 janvier 2009 23:49

                Bonjour,

                J’ai aussi trouvé cet article très intéressant - et parfois diaboliquement amusant.

                Le point qui m’intéresse le plus est dans ce commentaire de 3 lignes sur la Sécurité sociale. Je suis dubitative depuis longtemps sur l’alliance de la médecine libérale et des fonds publics : c’est soit un miracle, soit la cause principale de la bulle.

                Si l’on poursuit dans une lecture économique de tout, sur tout, et pour tout, nous augmentons nos chances de nous ruiner ! En l’occurrence, on va naturellement découvrir que les vieux coûtent trop cher. Le déficit de l’assurance maladie n’est-il pas dû au fait que le déficit de la branche vieillesse se creuse et que l’espérance de vie monte ? Docteur, rappelez-nous combien coûte les plus de 70 ans à la branche maladie ?
                En tant que modeste gestionnaire d’administration municipale, j’ai bien peur que ce qui nous ruine vraiment c’est l’absence de gestion de nos cimetières, l’absence totale de réflexion et de débat public sur la mémoire des morts dans la ville, la réduction absolue de la mort des individus à la sphère privée. La vie n’a pas de prix, mais le grand âge a un coût social : le rôle des médecins n’est-il pas d’en parler ?

                J’ai le très fort sentiment à la lecture de votre article que la bulle dont vous parlez doit conduire le gestionnaire de la santé des vivants jusqu’à la question de la sociabilisation de la mort. Cela ne va ne pas être facile, cher docteur.


              • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 10:36

                @ Céline Ertalif : n’avez-vous pas l’impression de mélanger les problèmes ?


              • Philentrop 27 janvier 2009 10:39

                Bravo pour votre reaction a cet article et surtout au choix de votre avatar que j’adore....


              • Céline Ertalif Céline Ertalif 27 janvier 2009 13:56

                @ JL

                Je suis d’accord que mon commentaire est décalé par rapport à l’article (très intéressant, je le répète). Néanmoins, je ne pense pas "mélanger" - j’exprime mon sentiment que l’un des développements potentiels, et non négligeable, de cette réflexion conduira à ce thème-là. L’article est dérangeant, surtout il parle des effets néfastes possibles de la solidarité. Le dérangement n’est pas fini.

                Cordialement.



                • claude claude 26 janvier 2009 17:41

                  merci pour cet article.

                  ne pourrait-on pas dire aussi que cette dérive du monde médical est également dû à l’abandon des relations humaines entre patients et médecins, au profit d’une plus grande technicité et d’une paperasse de plus en plus envahissante ???

                  ce qui aurait pour conséquence d’abandonner un certain bon sens qui guidait nombre de praticiens autrefois ?

                  nb : je frémis restropectivement, car je fais partie de la génération de mamans qui a couché son bébé sur le ventre sur les recomandations des peuéricultrices de la maternité...


                  • clostra 26 janvier 2009 18:07

                    Je vais revenir sur la boucle d’oreille en cuivre des flibustiers (et des honnêtes marins au long cour mais vous en avez vu des honnêtes marins avec une boucle d’oreille en cuivre* ?).

                    Catastrophée, en 1992, j’ai lancé une alerte aux plus hautes instances...à propos du nombre grandissant d’erreurs médicales (aléas thérapeutiques).

                    Qu’aurait voulu la sagesse ? on connaît, en statistique, les petits échantillons qui reflètent très exactement ce qui se passe dans la population générale. C’était en 1992. Finalement, celle que tout le monde peut faire sans grands calculs...

                    Ce n’est qu’en 2004 que sort une étude qui, me semble-t-il, est plutôt effectuée sur un très grand nombre (mais je peux me tromper), qui a du coûter fort cher, pour que l’observation simple, la culture - vous savez, celle qui fait que l’on fait de la statistique sans le savoir, comme Monsieur Jourdin fait de la prose sans le savoir : justement, celle du flibustier avec sa boucle d’oreille en cuivre (digne des grands laboratoires pharmaceutiques - au passage, ceux-ci récupèrent à tour de bras des savoirs ancestraux, les confisquant à des populations entières pour qui se soigner est devenu bien trop cher...) - réponde à cette médecine triomphante qui ne commence à agir qu’après étude statistique sans en appréhender les limites et encore moins la durée coûteuse en vies humaines etc.

                    Je crois ne pas être la seule, mais l’inflation humaine, moins ça me déprime...

                    * le cuivre est avec la vitamine C (qui l’épuise si on en prend trop...) les facteurs qui évitent l’atteinte du scorbut.


                    • samregarde samregarde 26 janvier 2009 18:36

                       Mon commentaire ne sera pas très constructif au premier degré : je voudrais simplement remercier vivement l’auteur pour sa passionnante synthèse et l’esprit de pédagogie qui l’habite. C’est une belle pièce de puzzle qui tombe là : bravo pour tout ce travail !


                      • bluelight 26 janvier 2009 18:58

                        Très intéressant .

                        Il y a tant d’autres bulles dans la société actuelle qui présente tous les signes de la décadence, il serait possible d’écrire des articles sur le même modèle que le vôtre au sujet des processus suivants :


                        - la bulle démocratique : la démocratie ne progresse plus malgré une inflation législative et de spectacle électoral qui masquent l’impuissance publique, en France le PS devient un parti conservateur, gauche caviar et clique bling bling s’allient pour protéger les intérêts des oligarches, le système devient totalement inréformable, seule une révolution en France, et ailleurs, permettrait de supprimer les privilèges et de faire progresser la société


                        - les bulles de l’Etat providence devenu ’nounou’ d’’assistés’, des media ’coaching’, des pseudo sciences de l’éducation (explosion des dépenses éducatives en France avec une baisse du niveau)


                        - la bulle démographique : la théologie de la croissance quantitative fait l’unanimité de l’extrême droite à l’extrême gauche bien qu’une croissance sans fin soit impossible dans un monde physique fini, génère instabilité géostratégique, migrations massives, guerres pour les ressources, et par dessus tout un véritable désastre écologique


                        - la bulle technologique qui soi disant résoudrait les problèmes écologiques, cf exemple des voitures électriques, ampoules à basse consommation, qui polluent encore plus que ce qu’elles sont censées remplacer


                        quelques remarques :

                        Concernant la crise financière, ce ne sont pas les agences de notation qu’il faut d’abord incriminer, tant il est clair que le privé recherche toujours l’intérêt à court terme, et aime les bulles, que l’Etat régulateur de la SEC qui a été avertie du scandale Madoff et n’a rien fait, ou de la FED de l’apprenti sorcier Greenspan pseudo-magicien qui a alimenté directement les bulles internet, immobilière et financière .
                        Mais qui dit que ces gens ont mal fait leur travail ?!
                        Ils sont tous là pour servir les intérêts des oligarches, ils ont réussi leur mission, à en juger par la richesse aussi insolente qu’injustifiée de certains .

                        Au sujet de théories avançant que l’Etat devrait avoir le monopole d’émission de la monnaie, c’est une illusion, car les Etats ne gèrent pas mieux que le privé, les monopoles, en particulier d’Etat, n’ont jamais été synonymes d’efficacité économique .

                        La médecine aujourd’hui est devenu un business comme l’ensemble de la société, c’est pourquoi la bulle médicale que vous décrivez se rapproche tant de la bulle financière .

                        Ce qui est frappant, c’est que de la même manière qu’un banquier qui vend des produits financiers à ses clients ne comprend pas ces produits financiers, il existe un grand nombre de médecins qui n’aiment pas que leurs patients leur posent des questions médicales, car ils sont alors facilement mis en difficulté .

                        Le boom de la ’médecine’ de l’apparence, du bien être, de la beauté, est l’illustration de cet aspect business .

                        Que pensez-vous du vaccin contre l’hépatite B ?
                        L’industrie pharmaceutique n’a t-elle pas été utile, même s’il y a eu des ’dommages collatéraux’, ce vaccin très utile n’ayant pas été supporté par certains ?


                        • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 26 janvier 2009 21:09

                          Bonsoir
                          Sur le vaccin contre l’hépatite B, j’ai toujours du mal à me faire une idée. Mes seules certitudes :

                          - La campagne de panique instillée dans la population au moment de la vaccination a été particulièrement honteuse. Qui sème le vent récolte la tempête

                          - On ne voit quasiment plus d’hépatites B chez les soignants.

                          - Il est impossible d’avoir des statistiques fiables sur l’évolution de la SEP en France.

                          - Il tout à fait extraordinaire que les patients étatsuniens n’aient pas poursuivi les firmes commercialisant les vaccins. 

                          Je ne stigmatise pas l’industrie pharmaceutique, qui fait son boulot qui est de vendre et de faire de la pub, mais les arbitres qui ne jouent pas leur rôle.

                          Je reconnais à l’industrie (celle des découvreurs et des passionnés, pas celle des financiers actuels) le crédit de l’essentiel du progrès médical du XXe siècle. Sans elle, je serais un prescripteur de tisanes regardant mes patients mourir d’une pneumonie, de la tuberculose ou d’insuffisance thyroïdienne. C’est en lui piquant son fond de commerce avec les génériques qu’on l’a poussée au crime.


                        • brieli67 26 janvier 2009 23:29

                          Vous qui roulez pour le VIDAL.

                          A leur sorties, parce qu’il y avait un français -cocorico - et un estranger. Dans le Vidal de l’année, le vaccin estranger était affublé de nombreux inconvénients et contrindications. Le French passait sous les grêlons, rien d’écrit _ silence radio. Pas de réponse du gouvernement d’alors posée comme question d’actualité par mon député.
                          Hormis, comme c’est souvent le cas, une victime collatérale. La surconsommation de sel, dont je fais du lobbiIng depuis ce jour que j’ai été viré des " Salines Belges" qui se lançait dans les antihypertenseurs. A titre de consultant, vu mes recherches sur le rat SHR et les rats DOCA, l’HTA dite essentielle serait en grande partie due à la surconsommation en NaCl, j’ai donc proposé à la direction médicale au lieu de se lancer dans le générique ou la n-nième copie de faire une campagne marketing autour de leurs ressources salines et de leurs inconvénients en santé humaine. Bref le Directeur médical, nouvelle recrue pour la série vasculaire, s’est vu l’herbe et son avoine brulées sous ses pieds par un tel projet. Depuis juin 89, je médie et je crache sur le NaCl. On attend toujours la révision quinquennale de la loi, des compléments d’applications. Pensez donc l’Industrie alimentaire se fait tirer les oreilles, saucisses fromages terrines jambons... devraient passer à la casserole. Le sel retient l’eau : cette gonflette hydrique et osmotique est et reste une plus_value facile et agréable.

                          Le vaccin Hépatite B à été mélangé à toutes les sauces même un comble incorporé dans le Tableau de vaccinations des gosses. Comme si le sexe à cet âge serait le fléau majeur de l’humanité....
                          J’ai du comme sujet à risque me piquer 6 fois pour avoir une sérologie satisfaisante.... Les échantillons gratuits distribués par les labos ne résistaient pas aux coffres des visiteuses. Une rupture du froid même anodine semble fatal au produit.... d’où une kyrielle d’adjuvants conservateurs souvent immunogènes dont il faudrait se débarrasser.
                          "L’Hépatite s’attrape au zinc " distillaient nos mandarins. Une sollicitation inadéquate de nos défenses immunitaires grippe ou du chronique insidueux les barrières sont moins étanches. Il y a des B sans seringue et sans sexe. 
                          Bref, un scandale
                          Pour charger la mule ! Jusquà la systématisation de ce cette vaccination "hépatique" les actes de préventions et de vaccinations étaient ç faire gratuitement par la gente médicale.
                          La petite plaie du bricoleur du samedi-am à revoir impérativement pour le tétanos le dimanche.
                          Que du hors la loi par le médecin facturation illégale sur la Secsoc.
                          De même pas de supplément de garde à faire valoir le samedi am si vous vous rendez au cabinet du confrère.


                        • Caveman Caveman 26 janvier 2009 19:51

                          Vous avez raison de parler de bulle, Mr Dupagne
                          Certains labos perdent de l’argent et s’en inquiètent, d’autres spéculent dans cette fameuse bulle dont l’existence échappe totalement aux citoyens potentionnellement malades, que nous sommes.
                          Un exemple de spéculation flagrante et on ne peut plus actuelle, Pfizer le géant américain de la pharmacie va acquérir le groupe Wyeth pour 68 milliars de $ et dans le même temps pourrait licencier 800 chercheurs, chercher l’erreur ! Dans le même genre, Abott va racheter son compatriote américain Advanced Medical Optics pour la modique somme de 2,8 milliards de $, et une dernière pour la route, Roche vient d’acquérir 89% de Memry Pharmaceuticals. La bourse est une chose, la connivence et/ou la lâcheté de nombreux médecins consentants et à la botte de ce système, en est une autre.
                          La pratique de la santé est un acte de foi, pas un commerce !
                           


                          • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 26 janvier 2009 21:16

                            Bonsoir
                            Comme je l’ai écrit plus haut, cet article n’est pas le procès de l’industrie pharmaceutique. C’est le seul des acteurs de la bulle qui n’a pas le choix : faute d’arbitre, c’est la loi de la jungle qui prédomine. Les labos éthiques ont tous été mangés par les autres. D’ailleurs, avec Pfizer s’offrant Wyeth, c’est l’implosion de l’industrie pharma qui entame le sprint final : les génériques ont tué l’industrie pharmaceutique. Je vous parie que dans moins de 5 ans, Pfizer ou ce qu’il en restera sera racheté par un génériqueur Indien. Il n’y a quasiment pas eu un médicament vraiment innovant depuis 15 ans.
                            Les vrais responsables de cette situation sont les tutelles ministérielles et administratives qui ont laissé faire, et bien sûr les médecins.


                          • Philou017 Philou017 26 janvier 2009 21:57

                            Je ne suis pas d’accord, ce n’est pas les génériques qui ont tué l’industrie pharmaceutique. La recherche de profit à court terme, la commercialisation de médicaments douteux, l’éradication d’un vrai débat scientifique (les industries controlent les publications médicales et censurent sans vergogne, les chercheurs trop indépendants sont exclus, les représentants médiatiques sont ’choisis’), la recherche de la rentabilisation à tout prix ont tué l’esprit de cet industrie.
                            En restreignant la recherche à des poignées d’initiés intra-muros, l’industrie s’est sclérosée dans une recherche aveugle de la rentabilité.

                            Si l’industrie du médicament fait la loi, c’est que les pontes de la médecine sont cooptés par le systeme. On favorise des carriere, on publie les articles, on donne des budgets aux gens qui vont dans le "bon sens". L’industrie du médicament a tout fait pour s’approprier le controle de la médecine, ne lui enlevons pas cela.

                            J’aurais plutôt tendance à relativement dédouaner les médecins, qui, élevés dans un systeme d’où ils tirent toutes leurs références ont bien du mal à prendre du recul.

                            Néanmoins, il est vrai que la profession ne fait pas preuve d’un esprit critique aigu. La formation plutôt abrutissante y est sans doute pour quelque chose (assimilation d’une masse énorme de données techniques, pas de reflexion surla médecine, peu de travail sur la relation avec le patient, aucun recul sur les pratiques médicales).



                          • brieli67 27 janvier 2009 00:49

                            la bulle ou la chappe de plomb sur les apothicfaires et néanmoins amis va sauter en premier.

                            L’ E_commerce montre bien plus que son bout du nez : Les bonnes officines hollandaises livrent les bons médicaments prescrits moins chers à 2oo km dans les tterres allemandes. Ce commerce est même encouragé par les partenaires du système de santé.

                            Des labos d’analyses, des radiologues, des rhumatologues, des gynécologues, des "diabétologues" ferment ! Si les medecins généralistes allemands n’avaient pas sous leur responsabilité la médecine du travail L’hécatombe !!

                            Aspirine et paracétamol en vente libre. Ras le bol d’infantiliser nos patients consom/mateurs de santé.
                            Sur le net chacun peut trouver facilement les bonnes doses.
                            Les autres AINS ... aucun progrès convenons-en !







                          • Philou017 Philou017 26 janvier 2009 20:32

                            Un médecin qui vire sa cutie !  smiley
                            Bravo pour votre indépendance d’esprit, mr Dupagne.

                            Comme vous avez raison de dénoncer la prédominance de l’industrie du médicament dans la médecine, et de ses impératifs financiers. Cette mdecine du "chimique" est bien plus nocive qu’on ne le pense, à beaucoup de points de vue.

                            La médecine par des médicaments naturels est bien plus douce et moins problématique, accompagnée d’une bonne prévention et d’une prise en charge "holistique" de la maladie. Sans doute la définition d’une "vraie" médecine moderne.


                            • Krokodilo Krokodilo 26 janvier 2009 22:52

                              Philou17, ce n’est absolument pas ce qu’a voulu dire l’auteur, il n’y a aucun développement en faveur de ce qu’on appelle les médecines douces.


                            • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 26 janvier 2009 23:11

                              En effet. Pour moi, il n’y a pas de médecine douce ou dure. Il y a une médecine utile, et une médecine qui ne l’est pas. Cette séparation dure/douce fait partie des choses qui disparaîtront avec la rupture de la bulle.
                              La médecine sera globale, s’intéressant à l’individu en entier, et non à ses organes isolément, dont le plus important paraît être actuellemnet le portefeuille smiley .
                              Voir cet autre article


                            • Philou017 Philou017 26 janvier 2009 23:33

                              Kroko : "Philou17, ce n’est absolument pas ce qu’a voulu dire l’auteur, il n’y a aucun développement en faveur de ce qu’on appelle les médecines douces."
                              En effet, il ne l’a pas dit, mais moi je le dis. 
                               smiley

                              mr Dupagne : "En effet. Pour moi, il n’y a pas de médecine douce ou dure. Il y a une médecine utile, et une médecine qui ne l’est pas. Cette séparation dure/douce fait partie des choses qui disparaîtront avec la rupture de la bulle."
                              Espérons en effet que le bon sens reprenne le dessus.


                            • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 11:10

                              @ Philou017, pour ce qui concerne l’homéopathie, selon Kokodilo elle serait remboursée par la SS. De mon point de vue, l’homéopathie invalide de fait comme de raison un principe tabou : "le principe d’équivalence en substance".

                              Dans le procès de l’hormone de croissance le tribunal a prononcé un non lieu au nom de ce que "" en l’état des connaissances de l’époque, les prévenus ne pouvaient pas savoir qu’ils mettaient les patients en danger"".

                              Le tribunal aurait dû faire un parallèle avec le "Principe d’équivalence en substance" : en effet, les Hypophyses prélevées en catimini sur des cadavres décédés de la maladie de Kreusfeld Jacob n’étaient peut-être pas équivalentes en substance avec celles prélevées sur les autres cadavres, mais l’institut Pasteur fermait les yeux. Le bons sens aurait imposé d’invalider ce principe crapuleux d’équivalence en substance. On comprend mieux pourquoi la médecine officielle craint tant les médecines parallèles.

                              Ps. Le "Principe d’équivalence en substance" n’a aucune valeur scientifique mais est une décision politique édictée par la FDA sous couverts de scientificité. Ce principe est à la base de nombreuses propositions émanant de la FDA et de réglementations américaines, adoptées par le reste du monde libéral, notamment pour récuser toutes études qui relèveraient du principe de précaution concernant l’alimentation

                               


                            • Christian Portal Christian Portal 16 février 2009 09:59

                              Bonjour.

                              Cet article est réellemeent remarquable et l’analyse est irréprochable. Pourtant, un pan entier manque.Que ce soit pour la crise financière ou la crise médicale, il y a des conséquences à tirer. Or celles-ci, de mon point de vue, ne peuvent pas s’affranchir d’une révolution idéologique.

                              Si la médecine s’est toujours appuyée sur la pharmacologie, cette dernière, sans être forcément "naturelle", était fondée sur une chimie simple, essentiellement minérale. Elle était à la portée du médecin qui pouvait la pratiquer lui-même. Les métiers de médecins et de pharmaciens se sont séparés pour des questions pratiques mais cette scission ne devrait pas avoir de justifications techniques. 

                              Il s’en est suivi une autre séparation qui est celle du pharmacien et du laboratoire puis de l’industrie pharmaceutique. Le pharmacien a été progressivement privé de son pouvoir d’expertise pour n’être plus qu’un commerçant spécialisé.

                              Cette séparation ultime est consommée avec le fait que le médecin est maintenant incapable d’agir sur la fabrication de ce qu’il prescrit. Ce que je considère comme une révolution passera par la réappropriation du traitement par le médecin, soit parce qu’il sera capable de soigner le malade dans son cabinet par des pratiques manuelles, soit parce qu’il sera en mesure de fabriquer des remèdes ou encore parce qu’il pourra donner au malade les moyens de soigner lui-même.

                              Bien sûr, cette situation ne correspond sans doute qu’aux cas les plus bénins mais c’est aussi la situation la plus fréquente. Si les médecins étaient déjà en mesure de régler ces grippes, gastro, rhumes, dépressions légères ou troubles digestifs, on pourrait sans doute constater une amélioration sensible de l’économie de la santé.

                              La révolution est vraiment là : une médecine autonomisée et pédagoque !

                              J’ai développée cette question dans un livre qui paraîtra en mai 2009 au éditions Alphée sous le titre "Pour une médecine écologique".


                            • janequin 26 janvier 2009 20:54

                              Bonsoir,

                              Un grand bravo pour votre article, qui me confirme dans l’approche que j’ai choisie pour la santé de mes proches.

                              Je rajouterais aux découvertes importantes l’introduction depuis 1996 de la trithérapie et en particulier du 3TC dans la panoplie des traitements du sida.

                              Je me permets également de faire part d’une autre "bulle" qui devrait éclater si nos chimistes en ont le courage : c’est celle de la recherche et de la compréhension des véritables mécanismes selon lesquels fonctionne chaque médicament. Je parle ici des mécanismes chimiques, car sans cette démarche-là, nos règles de choix médicamenteux ont un parfum marqué d’empirisme.


                              • Lulu de Pantin 26 janvier 2009 21:18

                                La médecine ne suit plus les lois naturelles mais les lois artificielles de la finance ?
                                ben, ça me troue le cul, ça !


                                • herbe herbe 26 janvier 2009 22:40

                                  Merci à l’auteur pour cet exposé détaillé.

                                  Je suis d’accord avec ceci :

                                  "Le phénomène de bulle ne touche pas que les biens matériels, il concerne aussi les pratiques, les idées, les théories."

                                  j’ai failli rater cet article, je trouve qu’il mériterais encore une plus forte médiatisation, relais sur vers les médias traditionnel ?


                                  • Luc DUSSART Luc DUSSART 27 janvier 2009 10:42

                                    Effectivement cet article mérite d’être largement diffusé. Faites passer à vos amis, indiquez-le dans vos blogs, faites du buzz : moi c’est ici depuis le 22 janvier (sur unairneuf.org http://tinyurl.com/al3mam).

                                    Cela sera plus efficace que ces grands medias où les commentaires sont ’modérés’ dès qu’apparaît un lien. Interdit d’utiliser le web : ils n’ont rien compris et sont aussi en train d’éclater. Les lecteurs veulent un vrai dialogue comme sur Agoravox et non simplement des petits commentaires d’humeurs. Nous ne voulons plus de la pensée unique des annonceurs et autres lobbys politiques nous prenant pour des imbéciles.

                                    Soutenons plutôt la démarche citoyenne d’Agoravox !


                                  • herbe herbe 27 janvier 2009 20:39

                                    Merci pour le buzz !

                                    j’encourage aussi la démarche citoyenne avec mes modeste moyens.

                                    J’ai quand même la sensation que la grande partie des collaborateurs croisés ici est souvent déjà convaincue et je souhaite pouvoir toucher un autre public qui semble être toujours celui que peut toucher les médias dit traditionnels (qui eux aussi d’ailleurs sont engagés dans une mue ...)


                                  • Le péripate Le péripate 26 janvier 2009 23:00

                                     Article d’une rare qualité, à la conclusion rigoureuse.


                                    • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 11:17

                                      Otez moi d’un doute, Péripate , SVP. L’auteur écrit : ""L’explosion de notre système de sécurité sociale solidaire sera sans doute le grain de sable qui va enrayer cette spirale inflationniste et provoquer la rupture autant salutaire que douloureuse de la bulle médicale"".

                                      Avec à la clé donc, la mort de notre système de sécurité sociale solidaire.

                                      Est-ce cela qui suscite votre enthousiasme ?


                                    • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 14:48

                                      @JL
                                      Bien sûr que non, je ne suis pas enthousiaste à l’idée d’un effondrement de la SS.
                                      En revanche, une modification de son organisation ne serait pas du luxe. Pour l’instant, c’est une planque pour permanents syndicaux, dont le gouvernement achète ainsi le silence. Comme il achète le silence des syndicats médicaux en subventionnant grassemet ceux qui signent la convention médicale. Un véritabla achat de signature.


                                    • Laurent GUERBY 27 janvier 2009 00:08

                                      Il ne faut pas oublier le role de la propriété intellectuelle, les brevets sur les médicament et les tests médicaux, dans cette folle course a la corruption

                                      guerby.org/blog/index.php/2007/10/07/169-corruption-et-propriete-intellectuelle

                                      Les chiffres sont énormes, l’industrie du brevet paye en moyenne chaque docteur aux USA 23 000 dollars de cadeaux. En France les dépenses de promotion de cette industrie sont de 25 000 euros par an et par docteur, pour référence le revenu moyen d’un généraliste en France est de 64 000 euros.

                                      Les études d’efficacité des médicaments sont biaisées ou bidonnées, les études indiquant un problème ne sont tout simplement pas publiées comme le prouve de grosses affaires aux USA :

                                      www.prospect.org/csnc/blogs/beat_the_press_archive

                                      Et je parle pas du scandale des prix médicaments anti-sida que les multinationales ont essayé d’imposer a l’Afrique du Sud et au Brésil qui ont du se battre juridiquement pendant que leur citoyens mourraient.

                                      Il y a des alternatives au systeme actuel de propriété intellectuelle, et toute reflection sur la medecine actuelle se doit d’inclure cet aspect.

                                      Sincerement.


                                      • Alain Cognitault 27 janvier 2009 00:19

                                        Merci pour cet article solidement argumente.

                                        Une seule question : a quand la mitose ?


                                        • sheik11 27 janvier 2009 00:24

                                          Il y a quand même eu quelques progrès ces 15 dernières années mais sur des domaines plus pointus :


                                          GLEEVEC mesylate d’imatinib

                                          Les anticorps monoclonaux : omalizumab XOLAIR, ranibizumab LUCENTIS, bevacizumab AVASTIN, baciliximab SIMULECT, daclizumab ZENAPAX, trastuzmab HERCEPTIN

                                          Les antagonistes des récepteurs à l’angiotensine 2 non peptidiques

                                          clopidogrel PLAVIX

                                          dans le diabète les molecules interférant avec les incrétines : sitagliptine JANUVIA, exénatide BYETTA, liraglutide et les analogues de l’insuline

                                          antagonistes 5HT3 Ondansetron ZOPHTREN, granisetron KYTRIL

                                          les triptans

                                          antagonistes des récepteurs aux leucotriènes

                                          antagonistes des récepteurs aux endothélines


                                          • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 00:41

                                            Le tiers des médicaments que vous signalez ont plus de 15 ans (date de brevet antérieure à celle de la commercialisation), l’autre tiers concerne des maladies rares, et le dernier tiers n’a pas d’intérêt prouvé.


                                          • brieli67 27 janvier 2009 01:11

                                            que des avantages... Plus d’anglais !
                                            plus d’excuses pour la piscine et le sport ... général

                                            Plus d’explosions cycliques et hormonales de notre gente féminine.

                                            Ce serait si simple, trop simple !

                                            Note à l’auteur :
                                            Les femmes sont protégées par leurs hormones contre le fait vasculaire. Castrées, ménopausées elles rejoignent la cohorte des mâles avec un décalage de 5-1o ans.
                                            L’imprégnation hormonale par une opothérapie substitutive du tissu mammaire cache/masque l’imagerie conventionnelle. On découvre des tumeurs plus évoluées à un stade plus tardif . C’est statistiquement faux d’affirmer qu’il y a une flambée de cancer du sein sous traitement de la femme ménopausée.




                                          • sheik11 27 janvier 2009 01:17

                                            Je suis bien obligé de couvrir une période de 15 ans à partir de la date de l’AMM sinon il faudrait inclure les molécules actuellement en développement


                                            Le fait que le traitement concerne des maladies rares ou non n’enlève rien au fait qu’il y a de l’innovation. De plus les molécules concernent effectivement un nombre de plus en plus faible de patients tout simplement car (notamment) dans les grandes pathologies il existe déjà un arsenal important.

                                            Par exemple le GLIVEC c’est quand même une révolution. C’est sur que si vous considérez qu’il y aura de l’innovation que lorsque qu’une molécule sera éfficace contre tous les cancers alors il n’y aura effectivement pas d’innovation de sitôt.

                                            Par contre le corollaire est que ces traitements sont souvent très cher ce qui pose effectivement d’autres problèmes.


                                            Quelles sont les molécules que j’ai cité dont l’intérêt n’a pas été prouvé ?

                                            Mais sinon je partage une bonne partie des opinions que vous exprimez dans votre article (sauf pour l’absence d’inovation). Je trouve aussi que les budgets promotions et marketing sont beacoup trop important dans l’industrie pharmaceutique et qu’ils devraient être particulièrement surveillés, mais par contre les budgets de R et D sont (il me semble) en constante augmentation ce qui prouve bien une certaine volonté d’innovation.


                                          • clostra 27 janvier 2009 01:36

                                            Le problème est que tôt ou tard on va trouver plein d’autres indications...


                                          • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 05:23

                                            @sheik11
                                            Les premières publications sur le Gleevec/imatinib datent de 1996. Ce produit a donc été découvert il y a plus de 15 ans. C’était une vrai révolution.
                                            Les médicaments récents du diabète que vous citez n’ont pas d’intérêt prouvé par rapport à ceux dont nous disposons actuellement.
                                            Sinon, j’ai écrit "quasiment aucun" car il y a en effet quelques avancées dans les maladies rares.


                                          • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 07:35

                                            @brieli67
                                            Vos commentaires, dans "note à l’auteur", ne reposent sur rien de concret. Tant sur le plan cardiovasculaire que sur le plan carcinologique. Le traitement hormonal ne provoque pas de flambée des cancers, mais une augmentation d’environ 20%. Toutes les études sont concordantes. Tous les rapports indépendants le confirment, y compris celui de l’Académie de médecine (voir les références dans l’article). Votre discours est celui tenu par les associations "ménopause" financées par les firmes commercialisant des hormones.
                                            Au fait, j’avais oublié de citer, pour happy fews : un article hilarant.


                                          • Alain-Goethe 28 janvier 2009 11:48

                                            Bonjour Docteur
                                            Excellent article

                                            A propos du diabète, j’avais traduit en Français des brevets allemends et anglais sur des médicaments.
                                            Dans les compositions de médicaments figuraient entre autres des dérivés de la CELLULOSE.
                                            Ces composés associés à d’autres produits chimiques renforcent l’action.
                                            Il y avait des résultats d’essais sur des patients.

                                            Les composés cellulosiques sont présents dans des légumes : riz etc..
                                            Cela se comprend qu’il faille une nourriture équilibrée ..


                                          • oj 27 janvier 2009 02:42

                                            L’Histoire nous apprend que lorsqu’un système atteint un niveau de complexité important, il finit par consommer toutes les ressources disponibles pour son administration. Il ne produit alors plus grand -chose et s’étouffe avant de s’écrouler à l’occasion d’un événement imprévu.

                                            C’est en effet , selon mon avis, cette complexité qui est un danger pour nos sociétés modernes occidentales car il est evident qu’en moyenne un individu passe de plus en plus de temps a des tâches non ’productrices’ de richesses réelles.....

                                            En terme d’énergie et de contrainte je prendrais l’exemple de la sécurité routière :


                                            - il est assez simple et assez peu contraignant de réduire de 15 000 a 10 000 les morts sur la route car beaucoup de comportement dangereux par une virtesse execssive. (plus de gendarmes et des radars)


                                            - Pour passer de 10 000 a 5 000 c’est plus dur car apres avoir limité la majorité des comportements dangereux il reste surtout des situations inatendues , ponctuelles liées aux circonstances.


                                            - pour ensuite passer de 5000 a 2000 cela devient tres contraignant car il reste surtout les accidents imprévisibles, incontrolables, donc il faudra des efforts tres contraignants comme tous rouler a 40 km en toutes circonstance ou punir le moindre ecart très severement .. on dépasse alors le seuil de l’acceptable ou bien il faut inventer un nouveau moyen de locomotion.

                                            nous introduisons trop de complexité et de contraintes voraces en temps et énergie, mais nous ne savons guère gérer la complexité d’ou sans doute les politiques actuelles qui ne consistent plus qu’ à naviguer a vue en rajoutant des couches de contraintes augmentant sans cesse la complexité de l’ensemble alors que la complexité demande de la reflexion , de l’organisation et du temps.


                                            • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 05:10

                                              @oj Nous sommes bien d’accord, je partage totalement votre analyse.


                                            • bluelight 27 janvier 2009 07:14

                                              complément au message précédent :

                                              Cette bulle illustre les dangers du contrôle d’un secteur par un monopole d’Etat (en France la sécurité sociale est un monopole, tout assuré social est obligé d’y adhérer et ne peut pas remplacer la sécurité sociale par une assurance privée), le monopole d’Etat favorise la mauvaise gestion à cause du clientélisme et de la démagogie des politiciens, voir aussi la situation des pharmaciens, où il n’existe pas de concurrence, quel gaspillage de ressources pour la sécurité sociale .

                                              Alors non au monopole de l’Etat sur l’émission de la monnaie .

                                              L’Etat devrait devenir moins obèse et faire son travail de régulateur, qu’il ne fait pas, ou si peu, actuellement, et laisser le marché allouer les ressources dans le cadre régulé .


                                              • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 11:28

                                                La sécurité sociale est un bien public. Mais tout ce qui est public finit tôt ou tard par être détruit ou détourné par la cupidité des hommes. Le capitalisme fait flèche de tous bois, c’est sa force : de fait, avec des assurances privées en remplacement de la Sécu obligatoire, il y aurait un "new deal".

                                                Il serait intéressant de faire une expérience de pensée pour évaluer les conséquences de cette nouvelle donne, en prenant en compte cette duplicité que j’ai évoqué. Sans faire de procès d’intention, je subodore déjà que Big Pharma et Big Médica seraient rapidement actionnaires dans ces nouvelles sociétés d’assurance.


                                              • french_car 27 janvier 2009 11:40

                                                D’une part la sécu n’est pas un monopole, il s’agit d’un aggrégat de différents régimes, qui plus est il n’assure qu’un remboursement très partiel des soins, une bonne part étant assurée par les mutuelles et assureurs privés.
                                                D’autre-part quelle alternative voyez-vous ? Le systèmes US réputé plus couteux, sélecteur de risque et globalement inefficace puisqu’il exclut 37 millions de personnes ?


                                              • fhefhe fhefhe 27 janvier 2009 08:10

                                                Merci , pour cet Article que je vais archiver....
                                                Je fume depuis 38 ans , mais je fais 12 heures de Marche Sportive / Semaine + 3 heures de vélo/Semaine...
                                                La Médecine "Préventive" a -t-elle été efficace... ???
                                                Je ne vois mon Médecin Généraliste qu’une fois l’an pour qu’il me donne une attestation "D’Aptitude" pour participer à des Raids...
                                                J’ai 52 ans et 5 mois...
                                                Mon coeur au repos bat à 55/57 Pulsations/Minutes.
                                                La Bonne Santé n’est pas signe d’Eternité...
                                                Les feuilles de Tabac sont moins nocives que les :
                                                —Antidépresseurs

                                                — Somniféres

                                                — Antixiolitiques
                                                Une Bonne connaissance de Son Corps et de Son Esprit évite bien des soucis...
                                                Pour conclure sachez que mon Médecin a 76 ans et Fume ses "Gitanes" depuis l’âge de 18 ans... !!!


                                                • Montag Montag 27 janvier 2009 08:40

                                                  Bravo pour cet article !


                                                  • janequin 27 janvier 2009 08:52

                                                    Maffrand et al. ont très bien montré le mécanisme chimique de l’action du clopidogrel, et c’est cela la véritable révolution. A savoir que l’on sait comment le cytochrome P 450 ouvre le cycle thiophène en l’oxydant pour donner une molécule capable de se lier - grâce à un soufre nucléophile - aux récepteurs ADP des plaquettes - et donc d’inhiber la thrombose vasculaire.

                                                    Il serait bon que tous les médicaments connaissent ce genre de recherche poussée qui permettrait de mieux comprendre leur mécanisme d’action et de mieux prévoir les effets secondaires.


                                                    • LE CHAT LE CHAT 27 janvier 2009 09:19

                                                      Article très intéressant et très complet . Ma mutuelle a encore pris 6,4 % , la bulle enfle !


                                                      • Martin D 27 janvier 2009 10:08

                                                        je ne sais pas si l’auteur a raison, mais personnellement, je pense que les bulles éclatent lorsque cela touche le monde entier et que l’origine provient des excès des usa....

                                                        autrement dit, tant qu’en France, et accéssoirement l’Europe, n’aurait pas copié les usa dans tout ce qu’ils font de travers, alors la bulle n’éclatera pas encore.

                                                        personnellement, je pense qu’une autre bulle est suceptible d’éclater bien avant la bulle médicale ou la bulle du changement climatique : la bulle de la haine. Je m’explique : nous sommes à une époque ou les frustrations, les haines, les incompréhensions ne cessent d’augmenter, les inégalités sociales dans un pays donné et dans le monde ne cessent de s’accroitrent....et forcément la bulle de la haine va exploser.

                                                        le pb, c’est que d’innombrable personnes seront tués ou assassinés ou laissés mourir, du fait qu’un nombre limités d’individus ont le pouvoir d’influer sur la majorité des individus contre leurs grés.
                                                        c’est peut-être à ce moment que la bulle médicale éclatera réellement ???


                                                        • wesson wesson 27 janvier 2009 10:57

                                                          Bonjour,

                                                          et après il y a encore des gens pour dire que le journalisme citoyen est de mauvaise qualité. Cet article est tout simplement remarquable.

                                                          Merci l’auteur pour votre excellent travail !


                                                          • Marsupilami Marsupilami 27 janvier 2009 11:10

                                                             @ L’auteur

                                                            Excellent et passionnant article, en plus très bien écrit avec humour.

                                                            "Depuis vingt ans, il n’y a pas eu de progrès médical significatif" : selon Mikkel Borch-Jacobsen, auteur d’un excellent article intitulé Maladies à vendre. Sommes-nous victimes de ce que les anglo-saxons appellent la « vente des maladies » ? paru dans le n° 4 de la revue XXI, ce phénomène serait largement dû au fait que les industries pharmaceutiques ne s’intéressent plus à la recherche fondamentale, mais uniquement à la production et reproduction de médocs blockbusters qu’ils recyclent régulièrement, dès qu’ils tombent dans le domaine public, en inventant de nouvelles maladies qu’ils sont censés guérir. Et tout ça en vendant ces médocs très chers. Il cite notamment le cas de la ritaline, dont le brevet vient d’expirer et qui serait reconditionnée pour "soigner" de nouvelles maladies de l’attention "découvertes" chez les adultes, ce qui a bien fait plaisir aux spéculateurs boursiers.


                                                            • Sav 27 janvier 2009 12:23

                                                              Article très intéressant. Mais Marsupilami, pourquoi voulez-vous réutiliser ce concept d’invention de maladies ? Il en existe bien assez comme cela, et personne n’en a jamais inventé. En revanche, certains voudraient (pour des raisons notamment mercantiles) traiter un nombre plus large de maladies avec des traitements déjà disponibles, bref étendre les indications à moindre coût, traiter les bien-portants en tant que futurs patients (modèle Knock), ou pour soi-disant améliorer les performances (cf les "hormones") avec le résultat catastrophique que l’on a noté... vingt ans après notamment pour le soi-disant traitement de la ménopause. Merci aux "grands gynécologues" français... "cocorico", cette discipline n’existant dans aucun autre pays de la planète....


                                                            • Marsupilami Marsupilami 27 janvier 2009 12:40

                                                               @ Sav

                                                              "pourquoi voulez-vous réutiliser ce concept d’invention de maladies ? Il en existe bien assez comme cela, et personne n’en a jamais inventé". 

                                                              Détrompe-toi ! Il faut pour cela lire l’article de XXI sur ce sujet. Ce numéro peut encore être commandé. Le mien, je l’ai prêté à une copine, et du coup, je ne peux pas te recopier des textes qui y figurent. Mais oui, les labos pharmaceutiques inventent en permanence des maladies pour recycler leurs vieux médiocs en fin de brevet. C’est une enquête extrêmement bien faite et très bien sourcée. Ça paraît incroyable mais c’est un fait. Sur ce sujet lire par exemple cet article (en anglais, sorry).


                                                            • Sav 27 janvier 2009 12:48

                                                              Comme déjà écrit, votre article est très intéressant et bien discuté. Une question cependant : est-ce qu’il vous viendrait à l’idée d’écrire le même article sur l’informatique avec pour titre " Quand la bulle informatique va-t-elle éclater ? ". On peut très bien avoir une croissance exponentielle et pourtant ne pas être dans une "bulle". La bulle est une notion économique précise, et je trouve dommage que vous n’ayez pas un peu plus approndi le concept économique sous-jacent. Bref, encore un peu de travail. Merci.


                                                              • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 14:55

                                                                @SAV
                                                                Merci pour vos encouragements  smiley
                                                                Il existe une petite bulle informatique, à savoir que nous n’avons besoin de la puissance des nouveaux processeurs que parce que les nouveaux programmes sont plus gourmands.

                                                                Un bon vieux Window2000 avec Office 1997 fonctionne très bien.

                                                                Avec Vista, nous avons commencé à vivre une régression fonctionnelle (ressentie tout du moins), c’est à dire que beaucoup ont regretté XP... Ce n’était jamais arrivé à ma connaissance.

                                                                Le progrès médical entre 1880 et 1960 a été fulgurant et proche du progrès informatique 1980-2000.


                                                              • Jean-Luc Guilmot Jean-Luc Guilmot 27 janvier 2009 15:14
                                                                Effets thérapeutiques de la Vitamine C seule ou combinée Bravo pour cet article éclairant sur les dérives d’une médecine mercantile.

                                                                Cependat, j’attire votre attention sur votre note [11] où vous expédiez un peu vite les bienfaits de la vitamine C en ne lui attribuant aucune activité thérapeutique prouvée (en dehors du scorbut). Et je vous invite à consulter la littérature récente. (NB Votre référence pointe également vers un autre article "La Vitamine C, toute la vérité" édité par un site se présentant comme critique mais manquant singulièrement d’impartialité.)

                                                                De nombreux travaux de recherches publiés tendent à montrer que, seule ou en association avec des acides aminés tels que la lysine ou la proline, l’acide ascorbique présente, en doses adéquates (c’est à dire nettement plus élevées que les doses journalières habituellement recommandées), une action favorable contre le cancer et les maladies cardiovasculaires.

                                                                Ci-dessous : une dizaine de références récentes parmi de nombreuses autres publications disponibles sur Pubmed.

                                                                Ascorbic acid induces apoptosis in adult T-cell leukemia.
                                                                Harakeh S, Diab-Assaf M, Khalife JC, Abu-el-Ardat KA, Baydoun E, Niedzwiecki A, El-Sabban ME, Rath M. Anticancer Res. 2007 Jan-Feb ;27(1A):289-98.

                                                                Anti-atherogenic effects of a mixture of ascorbic acid, lysine, proline, arginine, cysteine, and green tea phenolics in human aortic smooth muscle cells. Ivanov V, Roomi MW, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M. J Cardiovasc Pharmacol. 2007 Mar ;49(3):140-5.

                                                                Inhibition of pulmonary metastasis of melanoma b16fo cells in C57BL/6 mice by a nutrient mixture consisting of ascorbic Acid, lysine, proline, arginine, and green tea extract. Roomi MW, Roomi N, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M. Exp Lung Res. 2006 Nov-Dec ;32(10):517-30.

                                                                Anticancer effect of lysine, proline, arginine, ascorbic acid and green tea extract on human renal adenocarcinoma line 786-0. Roomi MW, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M. Oncol Rep. 2006 Nov ;16(5):943-7.

                                                                Suppression of human cervical cancer cell lines Hela and DoTc2 4510 by a mixture of lysine, proline, ascorbic acid, and green tea extract. Roomi MW, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M.
                                                                Int J Gynecol Cancer. 2006 May-Jun ;16(3):1241-7.

                                                                Antitumor effect of ascorbic acid, lysine, proline, arginine, and green tea extract on bladder cancer cell line T-24. Roomi MW, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M. Int J Urol. 2006 Apr ;13(4):415-9.

                                                                In vivo and in vitro antitumor effect of ascorbic acid, lysine, proline, arginine, and green tea extract on human fibrosarcoma cells HT-1080. Roomi MW, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M., Med Oncol. 2006 ;23(1):105-11.

                                                                Anti-atherogenic effects of a mixture of ascorbic acid, lysine, proline, arginine, cysteine, and green tea phenolics in human aortic smooth muscle cells. Ivanov V, Roomi MW, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M. , J Cardiovasc Pharmacol. 2007 Mar ;49(3):140-5.

                                                                Inhibition of pulmonary metastasis of melanoma b16fo cells in C57BL/6 mice by a nutrient mixture consisting of ascorbic Acid, lysine, proline, arginine, and green tea extract. Roomi MW, Roomi N, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M., Exp Lung Res. 2006 Nov-Dec ;32(10):517-30.

                                                                Anticancer effect of lysine, proline, arginine, ascorbic acid and green tea extract on human renal adenocarcinoma line 786-0. Roomi MW, Ivanov V, Kalinovsky T, Niedzwiecki A, Rath M. Oncol Rep. 2006 Nov ;16(5):943-7.

                                                                Etc.

                                                                • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 15:20

                                                                  @Jean Luc
                                                                  Certes, parmi les milliers de publications, certaines suggèrent un effet protecteur, mais cet effet n’a pas été retrouvé chez la femme dans la grande étude SUVIMAX, la seule qui soit vraiment interprétable du fait de sa durée, de sa taille et de son protocole.
                                                                  L’effet bénéfique chez l’homme peut être dû à la vitamince C ou à une autre vitamine du mélange.
                                                                  En attendant, réjouissons nous de l’usage immodéré par les industriels de la Vitamine C comme conservateur  smiley

                                                                  Je parlais en fait de l’effet stimulant souvent recherché, dont on est en revanche certain de l’inexistence.


                                                                • Francis, agnotologue JL 27 janvier 2009 15:30

                                                                  @ @ l’auteur, que voulez vous dire par ""En attendant, réjouissons nous de l’usage immodéré par les industriels de la Vitamine C comme conservateur "" ?

                                                                  Ps. Ce n’est pas à vous que s’adressait ma question relative à la disparition de la Sécu, mais à Péripate, un intervenant qui fait du prosélytisme libertarien sur Agoravox. 


                                                                • Jean-Luc Guilmot Jean-Luc Guilmot 27 janvier 2009 16:02

                                                                  L’étude SUVIMAX est certes importante mais elle date de 2003 et elle a été conduite avec des doses de vitamines C (synthétiques) relativement faibles. Des percées significatives semblent avoir été faites depuis (2006, 2007, 2008), avec des doses de vitamine C (d’origine naturelle) NETTEMENT supérieures. Dans les dix études que j’ai citées (il y en a une bonne douzaine d’autres), la vitamine C n’est pas associée à d’autres vitamines mais bien à des acides aminés essentiels (lysine, proline notamment) et à des polyphénols de thé vert. Des études pilotes ont pu montrer l’effet synergique de ces différentes substances par rapport à leur effet en prises isolées.

                                                                  J’ajouterais aussi qu’il n’existe pas "des milliers" d’études publiées sur l’effet de l’acide ascorbique sur la santé (esprit de lucre et absence de brevetage obligent) mais plutôt quelques centaines, voire quelques dizaines pour les aspects les plus pointus de la recherche en oncologie et en cardiologie. Cela mérite d’être relevé et divulgué, surtout lorsqu’on sait que
                                                                  d’ici 2015 le cancer serait en passe de détrôner les maladies cardiovasculaires au hit parade des premières causes de mortalité dans les pays industrialisés.




                                                                • Marsupilami Marsupilami 27 janvier 2009 15:31

                                                                   @ L’auteur

                                                                  Pourrais-tu répondre à mon commentaire concernant la création de maladies par l’industrie pharmaceutique ? Ça m’intéresserait d’avoir ton avis là-dessus. Je précise que je ne suis pas parano et que dans mon commentaire je relate des faits avérés. Merci d’avance.


                                                                  • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 27 janvier 2009 15:51

                                                                    @marsupilami
                                                                    La création de maladie ou disease mongering, est citée en lien dans l’article (sous la vidéo de Knock).


                                                                  • Marsupilami Marsupilami 27 janvier 2009 16:14

                                                                    @ L’auteur

                                                                    OK, j’avais pas fait gaffe vu que je ne suis pas amateur de vidéos. On est donc d’accord. Merci encore pour cet excellent article !


                                                                  • Krokodilo Krokodilo 29 janvier 2009 01:00

                                                                    Salut Marsu, très intéressant, effectivement, je viens de lire l’article en lien, je connaissais un peu le sujet par la revue Prescrire, mais c’ets toujours bon de réviser.
                                                                    Un autre exemple proche, non pas de maladie inventée par l’industrie, mais de la pression en faveur de la médicalisation accrue de la prévention, c’est l’incroyable pression depuis des mois pour que les généralistes dépistent plus tôt l’artérite des membres inférieurs par la mesure de la pression systolique à la chevile. En clair : prendre la tension artérielle à la cheville pour dépister tôt l’artérite ( les gens qui doivent s’arrêter de marcher parce qu’isl ont mal). Comme les dépôts dans les artères touchent peu ou prou tout le monde... C’est pas que ce soit inutile, loin de là, car certains sont atteints gravement et tôt, mais de toute façon, le conseil est le même pour tout le monde : si vous voulez faire de la bonne prévention, efficace et pas cher, arrêtez immédiatement et complètement de fumer, marchez régulièrement , mangez plus équilibré (en gros, moins de viande plus de fruits et légumes) ! Alors que l’industrie a un autre but : faire prescrire pendant des décennies un médicament préventif anticoagulant, accessoirement multiplier les bilans doppler.


                                                                  • Sav 27 janvier 2009 15:43

                                                                    Bulle (économique, financière) D’après : http://www.ceneco.fr/dixeco-en-ligne/5_dixeco-de-l-economie/403_bulle-economique-financiere.php

                                                                    Sous-ensembles de la réalité économique et financière. Les trois bulles - ou sphères - réelle, monétaire et boursière sont chacune caractérisée par des règles du jeu qui leur sont propres et des instruments de gestion spécifiques.

                                                                    La sphère de l’économie « réelle ». Elle englobe la production des biens et des services, l’activité industrielle et commerciale, la consommation, le travail et l’utilisation des moyens, etc. Elle structure des images rassurantes ou novatrices mais réduit souvent le champ d’analyse à la partie émergée de l’iceberg économique.

                                                                    La sphère de l’économie « monétaire ». Elle évoque les échanges d’argent à l’intérieur d’une économie ou entre des économies différentes, obéissant à la fois à des mécanismes secrets et à des comportements spécifiques. Le poids de ces mécanismes, révélé notamment par les désordres monétaires (inflation nationale et tribulations des parités des monnaies) au cours des cinquante dernières années, en fait parfois pour les opinions publiques la finalité unique de l’activité économique.

                                                                    La sphère de l’économie « boursière ». Constituée au départ des opérations permettant à des agents économiques de s’engager ou de se désengager comme propriétaire, créancier ou débiteur des entreprises réalisant la création de richesses, elle est progressivement devenue par la mondialisation des échanges et l’interdépendance des opérateurs le symbole du pouvoir économique et de l’organisation planétaire des activités.

                                                                    À ces trois sphères correspondent trois degrés d’analyse par ordre de dématérialisation croissante, l’économie réelle à la fois matérielle et de services, l’économie monétaire fondée historiquement sur une matière (coquillages, or, argent, billets…) et aujourd’hui essentiellement informatisée, l’économie boursière fondée exclusivement sur des signes (action, obligation…) eux-mêmes de plus en plus “immatériels”. Correspondent également trois niveaux territoriaux (local, national, mondial) qui s’entremêlent pour faire apparaître des modes d’organisation multiples.


                                                                    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 31 janvier 2009 21:46

                                                                      Bonjour,

                                                                      votre article, avec 95 % de 74 votes positifs et 83 réactions, de votre part, médecin vous même, est inattaquable et personne ne s’y frotte...

                                                                      Je me suis risqué aux conclusions allant dans votre sens sur cet article paru juste après la campagne gardasil, le 9 Janvier, et pour confirmer celles-ci, un recopié-collé de Paris match 1950 : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=48871 . A l’époque, seule l’élite lisait cette revue et forcèment, pour prétendre en faire partie, il fallait en tout point croire en ces énormités que personne également n’était prêt à contrarier...Alors qu’aujourd’hui, l’on semble se pencher sur la http://www.europe1.fr/popup/reecoute/(idconducteur)/96248/(idemission)/158888 plante naturelle la plus prometteuse en matière de lutte contre le cancer. Dans cet autre article, http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=42664 , Jean Palaiseul décrit très bien comment pour maintenir une croyance en une voie naturelle, il faut faire face à la fausse rumeur permanente qui blanchit d’entrée la mode en cours... 

                                                                      Votre article m’a enchanté, docteur, je vais pouvoir mourir heureux ! merci. L.S.


                                                                      • Paul .ca Paul .ca 1er février 2009 16:42

                                                                        Bonjour Dr. Dupagne,

                                                                        Je n’ai pas lu tout votre article ni tous les commentaires mais je tiens à vous faire part de mon experience canadienne. Votre analogie d’un secteur semi-public, les soins de santé, avec le secteur privé de l’immobilier est assez délicate mais l’exercice est interessant.

                                                                        Le prix de vente est fonction de l’offre et la demande et pas de sa qualité intrinséque.
                                                                        Au Canada, il y a une pénurie de medecin avec des medecins salariés par l’état. Le medecin est stréssé et ne vous accorde souvent que 5 min de son temps. il prescrit moins de médicament qu’en France mais il gagne mieux sa vie surtout le spécialiste. La qualité me semble plus médiocre et on aurrait tendance à y retourner plus souvent car mal soigné si le système avec les temps d’attente fait tout pour vous en dissuader.
                                                                        Dans le secteur de santé privé ou les soins ne sont pas "gratuit" (pris en charge par l’état) les dentistes pratiquent des prix presque doublent de la France. Chaque dentiste a 1 secretaire, 1 assistante et 1 hygieniste. La secretaire vous appelle 24h avant votre RdV pour être sur que vous viendrait sinon elle trouve un autre patient client.

                                                                        Si la bulle peux éclater elle a encore une belle marge de progression car la santé c’est vitale et que la pénurie de médecin semble assez repandu dans nos sociétés vieillisantes. Maintenant il est possible que l’état se désengage avec son endettement. D’ailleurs au Canada, les lobbys poussent à faire éclater le système de santé publique pour générer les profits US du privé. Quand on regarde ce qui se passe aux USA, on réalise que la bulle en France peut encore grossir.

                                                                        Aux USA, c’est la recession mais ce secteur a un solde positif d’emploi.

                                                                        J’ai appris a ne plus faire confiance aux médecins car ils sont des humains qui peuvent être stressés, fatigués, distraits ou pas à jour dans leur connaissance médicale. Quand on a un diagnostic différent à chaque médecin on se dit que ces praticiens ont encore une belle marge de progression.

                                                                        Cordialement,

                                                                        Paul de Montréal


                                                                        • timiota 2 février 2009 01:57

                                                                          Pour en rajouter sur l’Extremistan (concept de Nassim Taleb, le Cygne Noir, qui le frappa au krach de 1987 notamment) :
                                                                          Statistiquement, nous déclenchons la majorité des dépenses médicales de toute notre vie lors de notre dernière année (soins intensifs en réanimation , si souvent).

                                                                          N’est-ce pas un Talon d’Achille de tout système de santé, une fois éradiqué les causes de mortalité de la tranche de moins de 60 ans ?
                                                                          Dis crûment, c’est un cercle auto-entretenu, c’est évidemment là que là demande est récurrente et forte, et solvable auprès de l’assuré ou de ses soutiens. 

                                                                          N’est-ce pas un "trend" qui fait que les bulles se succéderont en une "bulle de bulles" ?

                                                                          Bon champagne


                                                                          • docdory docdory 2 février 2009 12:14

                                                                             @ Dominique Dupagne

                                                                            Excellent article . J’apprécie en particulier votre analyse de l’efficacité plus que douteuse des " anti alzheimériens " ( il devient très justifié d’y mettre des guillemets) . En tant que généraliste , je n’ai jamais vu qui que ce soit être amélioré par ces produits , qui ne servent qu’à creuser le trou de la sécu .

                                                                            Dans un autre domaine , j’ai une anecdote à raconter : j’ai du , à la demande du service des prématurés , faire une série de cinq injections mensuelles d’un produit , le Synagis , à un grand prématuré . Ce produit est un anticorps monoclonal destiné à prévenir les infections à virus respiratoire syncitiial , paraît-il à l’origine d’hospitalisations fréquentes sur ce terrain . J’ai été sidéré par le coût faramineux de ce traitement : plus de 900 euros par injection , auxquelles il faut rajouter une demi-dose à plus de 500 euros si le nourrisson dépasse un certain poids , soit un coût total de l’ordre de 5000 euros . Selon le labo qui fabrique le produit , la sécu s’y retrouve sur la diminution du nombre de journées d’hospitalisation ( NB : j’ai un doute ... )
                                                                            Le temps de préparation de l’injection ( technique spéciale de reconstitution du produit ) est de 25 minutes ! J’ai reçu , après l’avoir demandée , une belle lettre explicative de l’hôpital me " remerciant de collaborer afin que les patients ne soient pas obligés de faire leurs injections dans le service " ! A noter que ces injections peuvent entraîner un choc anaphylllactique , que j’espère ne pas avoir à gérer chez un nourrisson en cabinet de ville ...

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