Différences hommes-femmes - 2e partie
Dans le premier billet j’abordais la question des différences hommes-femmes d’une manière générale. Je citais quelques exemples extraits du magazine « Cerveau & psycho », numéro spécial février-avril sur les différences du cerveau entre les genres. Je continue à citer des recherches présentées dans ce magazine et dont les sources sont indiquées dans chaque article.
La peur des conclusions apportées aux différences
L’études des différences entre hommes et femmes est intéressante à différents titres. D’abord dans la connaissance de soi et dans l’ancrage de certains aspect de l’identité. Je peux mieux accepter ou comprendre certains comportements, et même tenter éventuellement de les modifier par la culture, si d’une part ils font partie d’une norme collective et si d’autre part ils ont une incidence biologique importante.
Ces données peuvent aussi être utilisées dans l’apprentissage et la vie sociale. Elles permettent de valider les différences en les dépouillant de toute connotation discriminatoire : les complémentarités peuvent prendre le relais d’interprétations fondées sur une hiérarchie des valeurs.
Prétendre qu’il n’y a pas fondamentalement de différences entre hommes et femmes ou que ces différences sont insignifiantes se heurte au ressenti et au vécu de la population. D’une manière générale les techniques d’imagerie cérébrale ou de thermographie ont mis en avant des fonctionnements cérébraux particuliers selon les activités. On a ainsi pu vérifier ou confirmer des différenciations de secteurs du cerveau selon les activités : parole, toucher,vision.
Les différences cérébrales entre hommes et femmes existent aussi. Elles sont déjà de l’ordre de la taille du cerveau et de la densité des connexions : le cerveau masculin est plus grand et dispose d’une moins grande densité de connexions entre neurones. On ne sait pas encore la raison de cette différence, ni s’il s’agit d’une spécialisation et dans ce cas à quoi elle sert. Par contre ni la taille ni la densité des connexions ne permettent de dire que l’un ou l’autre genre serait plus ou moins intelligent que l’autre.
On a aussi constaté que dans leur ensemble femmes et hommes ne fonctionnent pas sur la même latéralisation. Par exemple les femmes utilisent davantage leur deux hémisphères cérébraux alors que les hommes utilisent surtout le gauche. Avant d’esquisser ce que cela peut signifier au niveau du comportement mental, et comme on marche sur des oeufs tant ce genre de thème est miné par des peurs en tous genres, il faut préciser que la généralité perçue par les chercheurs n’exclut pas que, sous l’influence des hormones et du mimétisme social, certains hommes utilisent également leurs deux hémisphères et certaines femmes surtout le gauche. La généralité ne signifie par que l’on est devant des blocs homogènes mais plutôt devant une tendance nettement majoritaire.
Les deux hémisphères cérébraux
Des expériences ont démontré par exemple que la mémoire d’événements riches en émotions n’active pas la même zone chez la femme (amygdale cérébrale gauche) ou chez l’homme (amygdale cérébrale droite).
Venons en aux latéralisations du cerveau. L’hémisphère gauche est davantage le siège de la perception des détails d’une situation, ainsi que de la logique. L’hémisphère droit est plutôt voué à percevoir la globalité. Son mode de fonctionnement serait plus proche de ce que l’on appelle l’intuition : une image, une note de musique, rappelle tout un ensemble, comme l’image d’un puzzle rappelle le puzzle. C’est le « pars pro toto » suggéré par Paul Watzlawick lors de ses recherches au Mental Research Institute à Palo Alto : la partie représente et rappelle le tout. Cet aspect du fonctionnement est également utilisé en Gestalt. On pourrait comparer ce mode aux touches qu’un peintre impressionniste pose sur sa toile, révélant progressivement l’image. L’hémisphère gauche produira lui une démarche plus linéaire, plus logique et analytique, dont le langage. Le cerveau répartit donc les tâches et l’on parle « d’asymétrie cérébrale fonctionnelle ».
Les hommes utilisent majoritairement l’hémisphère cérébral gauche. Il semble que les femmes soient dotées de la capacité à utiliser les deux hémisphères, soit les deux types de fonctionnements, de manière symétrique. Si les deux modes servent ensemble à gérer une partie de notre comportement, en réalité il n’est pas facile d’utiliser simultanément ces deux modes, mais sous l’influence de la progestérone, sécrétée dans la deuxième partie du cycle féminin, les femmes disposent d’un fonctionnement plus symétrique du cerveau.
En l’état deux points sont à relever : l’un est que l’on ignore les raisons de cette différence. Est-ce une forme de spécialisation ? Si oui, à quoi sert-elle tant chez l’homme que chez la femmes ? L’autre est que la latéralisation des fonctions par hémisphère n’est pas aussi tranchée qu’on le pensait il y a une trentaine d’année. Ce qui atténue le risque de schématisation des différences hommes-femmes et d’analyse comportementale réductrice.
La sensibilité à la dépression
Hommes et femmes ne sont pas égaux devant la dépression. Les femmes y sont plus sujettes que les hommes. Ils n’y sont pas sensibles au même âge. Les genres ne réagissent pas de la même manière aux antidépresseurs.
Les recherchent montrent que les hommes ont une réponse en sérotonine plus rapide et plus importante quantitativement que les femmes. Or la sérotonine est une substance qui participe à la transmission des informations nerveuses et améliore l’humeur. Ce qui montre que les hommes sont moins vite atteints par certaines dépressions que les femmes. Cela montre également l’importance de notre chimie et de notre physiologie sur nos humeurs, soulignant la part du prédéterminé et chimico-dépendant dans notre manière de réagir. Dans le domaine de la dépression les différences hommes-femmes suggèrent même d’adapter les traitements selon le sexe.
On est en pleine discrimination !
A suivre. Précédent billet ici.
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