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Accueil du site > Actualités > Société > Le peuple d’Astérix

Le peuple d’Astérix

« Avant Astérix, les dessinateurs qui avaient la chance d’atteindre les 30 000 exemplaires se disaient : c’est le plafond, le public est saturé, Hergé dépasse le million, les autres ne peuvent pas suivre… Puis, Astérix s’amène et dépasse Hergé, qui a perdu pied, d’ailleurs. Là, nous avons découvert que le marché était plus vaste qu’on ne le croyait, et peu à peu, les adultes n’ayant plus honte de lire de la BD, tous les auteurs se sont mis à vendre davantage. René Goscinny a ouvert les yeux à une nouvelle clientèle. Ce que n’avait pas fait Hergé. » (Tibet, 1997).



Le personnage du guerrier gaulois Astérix est né il y a soixante ans, le 29 octobre 1959, apparu dans le magazine "Pilote". Cinq cents millions d’albums vendus dans le monde ! Pour l’occasion, toute l’année 2019 fut émaillée d’événements en rapport (édition de luxe des esquisses du premier album, timbres, monnaies, etc.) avec, le 24 octobre 2019, la sortie du 38e album, "La Fille de Vercingétorix" (éd. Albert René).

Créé par René Goscinny (scénateur) et Albert Uderzo (dessinariste), au contraire de Tintin mort avec son créateur Hergé, Astérix réussit à rester jeune grâce à la permanence d’auteurs. La mort de Goscinny en 1977 et le grand âge d’Uderzo (92 ans), qui avait repris seul la bande dessinée, ont conduit le dernier créateur à préparer la succession, avec, depuis 2013, un nouveau scénariste (Jean-Yves Ferri) et un nouveau dessinateur (Didier Conrad).

Soixante ans, c’est l’âge de la Cinquième République à un an près. Manifestement, ce petit village de Gaulois est bel et bien le peuple français lui-même (qui n’a d’ailleurs pas beaucoup d’ascendance gauloise, les invasions barbares étant passées entre-temps).

Mais qu’importe l’histoire antique : les deux compères Goscinny et Uderzo cherchaient surtout un cadre pour se marrer des mœurs contemporaines. Cela aurait pu être un Martien, un cow-boy du grand Ouest, un Tatar dans les steppes frisquettes, bref… l’idée était de trouver un cadre géographique et historique qui se prêtait bien à la chronique sociale. Et ce cadre gallo-romain, plus romain que gaulois d’ailleurs, était d’autant plus intéressant pour ne pas dire génial que deux républiques plus tard, Goscinny et Uderzo ont réinventé le mythe de Vercingétorix tout en utilisant celui du vainqueur, le (fameux) Jules César (pas encore empereur).

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Cadre idéal qui se prête bien à la diversité historique et géographique (Égyptiens, Phéniciens, Grecs, Babyloniens, Goths, Bretons, Ibères, Belges, etc.) et aux déclinaisons latines.

Ceux qui, en revanche, verraient ces Gaulois comme des résistants français et les Romains comme des collaborateurs, ou des occupants, ou encore des Allemands, malgré la page d’introduction récurrente (« Nous sommes en 50 ans avant Jésus-Christ… »), se trompent à mon avis. Les bagarres entre Gaulois et Romains sont des bagarres intestines. Le village gaulois, à mon avis, représenterait plutôt le peuple français, plus précisément, selon une maladroite expression, la "France d’en bas" (et selon une encore plus maladroite expression, ceux qui ne sont "rien").

Les Romains n’étaient pas une puissance d’occupation en tant que telle. Au contraire, les Romains, dans toutes leurs conquêtes, ont voulu préserver la culture d’origine, pour en faire une sorte de mélange culturel très enrichissant. En ce sens, ils n’ont rien des Américains qui échangent leur culture contre celle des autres.

L’intérêt du cadre gaulois, qu’on retrouve aussi dans la mascotte qui est un coq (jeu de mot entre coq et Gaule en latin), c’est qu’on peut identifier le peuple français avec les projections du peuple gaulois : divisé, mauvais joueur, râleur, susceptible, arrogant, bagarreur, mais aussi tendre, affectif, capable de s’unir pour des grandes causes, généreux, moral, messianique, prêt à porter la bonne nouvelle. L’histoire des colonisations montre d’ailleurs à quel point l’esprit français pouvait aller à l’encontre du propre intérêt français dans certaines missions, là où les Anglo-Saxons étaient plus pragmatiques et plus près de leurs propres intérêts (en particulier économiques et géostratégiques).

Je complète, car ma comparaison était incomplète. Le village gaulois représente le peuple français, tandis que les Romains, à mon avis (bis), représentent …le gouvernement, l’administration, ceux qui dirigent, l’élite, la technocratie, la bureaucratie, le "système". À cet égard, les aventures d’Astérix montrent de nombreuses occasions où cette technocratie s’invite chez les Français, que ce soit dans le domaine fiscal, culturel, économique, social, logement, restauration, transports, etc.

Un bel exemple : il faut souligner la présence d’un jeune énarque (aux traits ressemblant assurément à Jacques Chirac, à l’époque où il était jeune chef du gouvernement) dans "Obélix et Compagnie" avec cette idée que l’argent, l’appât du gain, et, en poussant, le consumérisme allaient étouffer les velléités de résistance et d’indépendance des Gaulois d’Astérix. En somme, la prospérité empêche la guerre, la décourage. Et c’est sur cette base-là, d’ailleurs, que la construction européenne s’est réalisée, et jusqu’à maintenant, avec succès. La croissance économique réduit les risques de guerre, et, réciproquement, l’effondrement économique l’encourage (on l’a vu pendant les années 1930).

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Cela n’empêche pas des intrigues politiques comme dans "Le Grand Fossé" en 1979 qui reprend l’histoire de Berlin avec son mur, ou encore les batailles aux élections présidentielles avec "Le Combat des chefs". C’est d’ailleurs dans cet album-ci que je n’ai trouvé (à ma connaissance) qu’une allusion à la science (la chimie et la pharmacologie), car c’est probablement ce qui manque le plus dans les histoires d’Astérix (je ne parle pas des albums après 2013 que je n’ai pas encore trop envie de lire), c’est le rapport avec la recherche scientifique. L’art, la culture, l’économie, l’économie, la stratégie militaire, le social, la diplomatie, la religion, le sport, la gastronomie, etc. sont assez bien abordés, mais pas du tout la science ni la technologie à une période qui a vu pourtant apparaître les centrales nucléaires, le Concorde, Airbus, Ariane Espace, le TGV, etc.

Les deux créateurs ont été très rigoureux pour éviter toute récupération politique de leurs personnages, ils ont eu bien sûr raison car en laissant certains personnages se politiser (par exemple, on pourrait imaginer Agecanonix ancien combattant xénophobe), ils auraient segmenté leur lectorat. L’apolitisme est toujours la recette du succès commercial. Cela n’empêche pas des prises de position, contre la corruption par exemple, ou contre le tout-béton dans "Le Domaine des dieux", ce qui pourrait laisser penser à une certaine attente du côté de l’écologie et de l’environnement, mais cela reste relativement consensuel.

Le climat actuel des territoires (après les terroirs) donne aussi un avantage à la bande d’Astérix dans ce qui est vrai et artisanal, sans produits chimiques, sans mettre en péril la faune et la flore (en revanche, ce n’est ni végan-compatible, ni islamocompatible, avec les sangliers en guise de repas copieux).

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Il y a aussi un paradoxe à promouvoir, jusque dans les écoles et les collèges, une bande dessinée qui est basée avant tout sur la force brutale, sur la violence aidée d’une potion magique (la triche sportive par excellence, comme on le voit dans "Astérix aux Jeux olympiques"). Peut-être que la dernière case, généralement un banquet convivial, permet d’aller au bout de la moralité. Après la bagarre, la réconciliation. Après la pluie, le beau temps !…

Et c’est peut-être cela, aussi, l’esprit français, l’esprit du peuple d’Astérix : toujours négatif, mais irréductiblement …optimiste !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 octobre 2019)
http://www.rakotoarison.eu


(Toutes les illustrations proviennent des aventures d’Astérix, personnage inventé par Goscinny et Uderzo, aux éditions Dargaud, puis Albert René).


Pour aller plus loin :
Le peuple d’Astérix.
Pluralité dissonante.
Peyo.
Jacques Rouxel.
Pétillon.
Jean Moulin, dessinateur de presse.
Les Shadoks.
F’murrr.
Christian Binet et monsieur Bidochon.
Goscinny, le seigneur des bulles.
René Goscinny, symbole de l'esprit français ?
Albert Uderzo.
Les 50 ans d’Astérix (29 octobre 2009).
Cabu.
"Pyongyang" de Guy Delisle (éd. L’Association).
Sempé.
Petite anthologie des gags de Lagaffe.
Jidéhem.
Gaston Lagaffe.
Inconsolable.
Les mondes de Gotlib.
Tabary.
Hergé.
"Quai d’Orsay".
Comment sauver une jeune femme de façon très particulière ?
Pour ou contre la peine de mort ?

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12 réactions à cet article    


  • Étirév 29 octobre 2019 12:20

    Nous avons dit, dans un article précédent, que ceux qui enseignent l’histoire nous montrent la Celtide antérieure à l’occupation romaine comme un pays barbare, n’ayant ni industrie, ni art, ni littérature, ni religion.

    Nous venons de voir que c’est tout le contraire de la vérité, et que chez nos ancêtres celtiques régnait la grande civilisation qui partout a été le résultat du régime gynécocratique. Mais les masculinistes ont toujours voulu faire naître la civilisation au moment où commence leur règne, pour faire croire qu’ils en sont les auteurs.

    Comme c’est l’invasion romaine dans les Gaules qui apporta définitivement le règne de l’homme, c’est de cette époque qu’on date le commencement de la civilisation gauloise. Et nous allons voir que ce fut au contraire le commencement d’une ère de barbarie qu’importa le grand perturbateur romain, César, le destructeur de l’indépendance nationale de la Gaule.

    Non seulement les Gaulois n’étaient pas des sauvages incultes, mais ils possédaient un art, une industrie, une science, remarquables.

    On sait aujourd’hui que les produits des Gaules faisaient le plus bel ornement des riches demeures de Rome et des splendides villas de la campagne romaine.

    Mais les auteurs latins étaient vantards et hâbleurs comme tous les peuples dégénérés, et c’est dans leur littérature qui dénigrait les Gaulois (leurs anciens vainqueurs) que nos modernes Français vont chercher leurs documents.

    Le temps est venu de rétablir la vérité historique, de rendre justice à la nation celtique, et de démasquer les grands dénigreurs qui n’étaient que des inférieurs et des envieux. Le cycle du mal ouvert par eux doit se fermer maintenant, et, en ouvrant un nouveau cycle, celui du Bien, notre devoir est de porter sur ceux qui ont avili les races un jugement sévère : Les milices romaines ont été des hordes dévastatrices, Le droit romain, un code infâme, Les mœurs romaines, de la boue et du sang, La littérature latine, l’expression de l’erreur et du mensonge.

    C’est à nous à apporter les éléments de la revanche du Celte-Gaulois à la longue chevelure sur le César chauve, qu’on a fait aimer à la jeunesse française, alors qu’il ne fut qu’un affreux despote. Donnons à nos enfants d’autres types à admirer, montrons-leur ceux qui ont lutté et souffert pour la défense de la nation gauloise et des anciens principes qui survivaient encore dans les républiques celtiques.

    Chez Astérix c’est l’espritqui domine : il est tombé dedans quand il était tout petit.


    • phan 29 octobre 2019 12:59

      René Goscinny (scénateur) : l’auteur, futur scénariste, veut il couper les nouilles au sécateur ? 


      • Pere Plexe Pere Plexe 29 octobre 2019 20:15

        @phan
        loin des dessinateurs de chine ou nippon !


      • titi titi 29 octobre 2019 15:04

        Le mythe du « gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur » devait, à peine 20 ans après la branlée mémorable de 1939, faire du bien aux âmes meurtries.


        • Paul Leleu 29 octobre 2019 23:35

          @titi

          clair... on se console comme on peut ! ... cette image du français « beauf sympathique » développé par les divertissements populaires des années 60, ne correspond en rien avec l’image virile, conquérente et cultivée qu’on donnait au peuple français sous la 3ème république... l’apprentissage de notre propre dévalorisation... pas étonnant que Tintin et Astérix soient considérés aujourd’hui bien plus haut que Corneille et Hugo... on a la littérature qu’on peut...

          élites de traitres defroqués... peuple de beaufs déculturés et fiers de l’être... voilà la France.


        • Samson Samson 29 octobre 2019 16:13

          "Au contraire, les Romains, dans toutes leurs conquêtes, ont voulu préserver la culture d’origine, pour en faire une sorte de mélange culturel très enrichissant."

          En commençant par systématiquement éliminer toute la caste sacerdotale (les Druides), et par là éradiquer les maîtres d’un Savoir transmis oralement ???


          • Samson Samson 29 octobre 2019 16:20

            @Samson
            PS : Un peu comme ces €urocrates qui « omettent » Noël et Pâques dans leurs calendriers et autres agendas, ...


          • Samson Samson 29 octobre 2019 16:27

            "Et c’est peut-être cela, aussi, l’esprit français, l’esprit du peuple d’Astérix : toujours négatif, mais irréductiblement …optimiste « 

            A oui, le fameux »gaulois réfractaire" !

            ... Suffit de quelques mutilations par LBD, et il n’y paraît plus ! ...


            • Paul Leleu 29 octobre 2019 23:29

              @Samson

              « A oui, le fameux »gaulois réfractaire » ! ... Suffit de quelques mutilations par LBD, et il n’y paraît plus ! ... "

              je n’ajouterai pas un mot... tout ça c’est du ventre mou... « on fait pas d’un âne un cheval de course », comme dit le proverbe...

              et on fait pas de masses décérébrées, incultes et dévitalisées par 70 ans de rock n’ roll, de BD et de cinéma, des troupes révolutionnaires qui se font respecter par le Pouvoir... faut pas rêver... on se fout de la gueule de nos ancêtres qui croyaient à la Sainte-Vierge, mais ils en avait plus dans le slip pour aller couper la tête au roi ou dégager les sarrasins...

              j’imagine le Commandant Bigeard sautant sur Dien-Bien-Phu au milieu des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc !!!


            • Paul Leleu 29 octobre 2019 23:23

              « l’esprit français » tel que présenté dans les oeuvres populaires des années 1960 (Astérix, la 7ème compagnie, etc.) n’a rien à voir avec « l’esprit français », viril, cultivé et conquérent, tel qu’on l’enseignait au peuple sous la 3ème république... ce peuple sympathique mais ringard, coincé dans sa beaufitude, braillard et vaincu, c’est le peuple d’après 1945... le peuple d’une France vassalisée irrémédiablement

              Le fait qu’on traite aujourd’hui Tintin et Astérix aussi sérieusement, montre le degré d’abaissement du peuple français... la « crétinisation » évoquée par Todd ne concerne pas que les élites, mais le peuple tout entier. Condamné à faire le gogol sur les ronds-points et se faire défoncer la gueule par des CRS...

              Pour info, Astérix, Tintin et cie, c’était de la littérature pour enfants à l’époque... et aujourd’hui c’est passé dans la catégorie adulte... eh oui... ça dit tout ! ... en outre, ça me fait marrer, car c’était de la littérature soumise à la censure otanesque et bienséante... Alors finalement, ça a parfaitement marché : former des générations de cons français, bien de chez nous...

              Alors, c’est très distrayant ces BD, mais faudrait pas non plus les porter au pinacle


              • velosolex velosolex 29 octobre 2019 23:55

                @Paul Leleu
                Sur ce coup, je suis d’accord avec vous. Amateur de BD dans ma jeunesse, je mesure la perte, et l’évolution, en tombant parfois sur ces romans, qu’on appelle « graphiques », qui sont souvent l’occasion de sortir une histoire médiocre, tenant debout avec les béquilles d’un dessin bâclé, évoluant à peine de case en case, comme les marches d’un escalier qui ne mène ulle part. Mais le public suit. Celui qui semble t’il a besoin d’images, pour qu’un livre ne lui tombe pas des mains. On voit par là le ravage de cette culture où l’iconographie a pris le pas sur l’imaginaire. 
                La qualité d’une BD qu’on ne saurait tout de même mettre d’office au niveau mineur et dans la synergie du texte et de l’image, et de réussir dans cette communion, une œuvre que le roman classique ne pourrait imiter. C’est un peu le même paris qu’un film : L’image tient lieu de discours, et le décalage savant entre les deux parfois formule une autre vérité, teintée d’humour où la vitesse du gag, échappe aux possibilités du romancier classique. 


              • velosolex velosolex 29 octobre 2019 23:43

                Assez nul de faire un tel article sur un sujet très riche. Pas mal d’âneries, telle cette affirmation qu’Astérix aurait dépassé Tintin...Uderzo et Goscinny en serait gênés..Tout créateur de BD a une immense admiration envers Hergé. Les deux œuvres sont indémodables. Hergé eut sans aucun doute le bon sens d’interdire toute création posthume. C’en est pas de même pour Astérix, qui comme Johnny continue à chanter après sa mort, et sort des albums assez débilitants, pâles répliquesde l’Astérix d’appellation contrôlée, dont le meilleur de la production date des années 60. A l’époque je dévorais les aventures dans « Pilote », un hebdo pour les jeunes où dessinaient en vrac Reiser, Bretécher, Druillet, Cabu, Fred, Mandryka et aussi Gotlib. Pour citer ceux qui me viennent en tête. La BD avait encore mauvaise presse,. Les albums reflétaient la consécration d’un auteur. Mais peu de gosses avaient assez d’argent pour les acquérir, dans une époque où les adultes s’en désintéressaient, trouvant souvent que les jeunes perdaient leur temps à lire de telles aneries...On est tombé d’un excès dans l’autre. La production est démentielle, mais souvent maintenant indigeste. Mais ça rapporte un max. On empéche les morts pour cette raison de dormir, et on réveille une fois de plus ce pauvre Astérix, un mort vivant. 

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