Les plans antisociaux sortent du placard
On s’en doutait, on le savait, on le redoutait et on espérait fabuler. Mais la réalité est toujours cynique lorsqu’elle est l’émanation d’une droite dure, menteuse, extrême et adepte de l’escroquerie. Sarkozy, Fillon, Bertrand et toute la bande ont bien dealé avec le Medef et les grands patrons du CAC 40 pour différer l’annonce de dizaines de plans sociaux. Drôle d’appellation quand on y pense. Car un plan social, que l’on dénomme juridiquement “Plan de Sauvegarde de l’Emploi” et d’abord antisocial.
Ensuite, la seule chose qui n’est pas sauvegardé c’est l’emploi. Au mieux le chômage est différé de 4 à 9 mois derrière l’écran de fumée d’un hypothétique congé de reclassement.
Le pari de la bande à Sarko était simple : on ment, on cache, on dissimule jusqu’au 6 mai. Et le 7 au matin on renoue avec la préférence viscérale et génétique de la droite qui va toujours aux patronat et lèse toujours le salarié.
Si bien qu’à ce jour on dénombre 46 plans sociaux qui étaient bien cachés dans les placards de Xavier Bertrand. Si bien qu’à ce jour 45 000 emplois sont se sur le point d’être supprimés de la carte de la France du travail, celle qui était sensée se lever tôt pour faire plaisir à l’ancien président et qui risque fort bien de ne plus se coucher du tout à force d’angoisse et d’insomnie associées à la perte de son boulot !
La raison invoquée est la même quelle que soit l’entreprise, quel que soit le secteur d’activité, quel que soit le niveau de productivité : la crise, encore la crise, la sacro-sainte crise. Celle qui permet de baisser les salaires, celle qui permet d’augmenter le temps de travail, celle qui permet de mettre à mal le repos du dimanche. Bref, avec la crise, l’entreprise qui veut “alléger” ses charges comme on allège l’obèse de sa graisse trouve nécessairement une justification économique. Il suffit d’une bonne rhétorique libérale et l’inspection du travail ne peut qu’acquiescer. Et si cela ne suffit pas, si les syndicats se rebiffent et revendiquent le droit des salariés, la justice n’osera jamais s’interposer. C’est le pari constant que font les directions générales des grandes entreprises. Et la liste des parieurs, en ce moment elle est longue comme 46 bras :
- Fralib,
- Technicolor,
- SeaFrance,
- Meryl Fieber,
- ArcelorMittal
- SFR
- Peugeot
- …
Mais le pire dans le cynisme réside dans la mise en place de “départs volontaires”. Juridiquement on ne licencie pas. Mais on incite financièrement au départ de l’entreprise des salariés par milliers, via des ruptures conventionnelles inventées par Sarkozy Fillon (vous savez, pour assouplir le marché du travail histoire de stopper le chômage, la bonne blague). La méthode est d’une simplicité déconcertante. On vous propose deux ou trois fois les indemnités légales de licenciement en échange d’une rupture à l’amiable, comme on remplit un constat d’accident. Sauf que le dommage subit est toujours infiniment plus lourd pour le salarié qui résiste mal au mirage de quelques milliers d’Euros “gagnés en un clin d’oeil”. Hier c’était la société générale qui abusait du subterfuge, demain Air France…Drôle de pratique pour des entreprises en difficulté économique que de distribuer l’argent qu’elles sont supposées ne plus avoir.
Et ce ne sont pas des négociations “d’égal à égal” qui y pourront quoi que ce soit. Car il faut vraiment être naïf comme Candide pour croire un instant que le rapport de force entre une représentation syndicale et une direction d’une grande entreprise est équilibré. Pire, que peut faire un syndicat, que peuvent faire des salariés lorsqu’une direction leur répond qu’elle ne peut rien simplement parce que les décisions se prennent désormais à New Delhi, Hong Kong, Los Angeles ou Tokyo !? La sociale démocratie est aujourd’hui impuissantecar dépassée par un système qu’elle a laissé prospérer. Au mieux, elle gère le montant des indemnités “octroyées” par le nouveau patronat financier, dématérialisé, déshumanisé. Elle n’empêche plus rien. N’a plus de prise sur rien.
Alors il reste la loi. Alors elle doit être renforcée. Alors elle doit empêcher tout licenciement qui prétend être économique et qui n’est que financier ou spéculatif. Alors il faut des juges prêts à appliquer les lois. Alors il faut des décisions qui invalident les tentatives d’escroqueries. Alors demandez aux salariés de Leader Price ce qu’ils en pensent et ils vous confirmeront qu’en matière de plan social, le seul rapport de force efficace est celui imposé par la loi.
Encore faut-il pour cela des législateurs prêts à en découdre avec l’économie financière et les patrons voyous ! Encore faut-il pour cela une majorité de gauche pour de vrai ! au soir du 17 juin 2012 ! Encore faut-il pour cela une majorité du Front de Gauche !
Sydne93
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON