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Que les gros salaires lèvent le doigt

Un programme alternatif est-il en train de naître à l’horizon des présidentielles 2012 ?
 
En tout cas, même s’il ne fait pas l’unanimité dans son camp, Pierre Moscovici vient de poser la première pierre.
 
On le sait, les écarts de salaires sont aujourd’hui indécents.
 
L’un des plus gros salaires français est celui du directeur général de l’Oréal. Jean Paul Agon : 416 666 euros mensuels. lien
Les autres patrons le suivent de près. lien
Le SMIC, « généreusement » augmenté au 1 janvier 2010 est de 1056 euros net mensuels. lien
 
Il est cohérent de s’interroger sur cette augmentation risible, ou provocante ou les deux à la fois.
 
Comment gérer un budget familial avec une si ridicule augmentation, sachant que le cout de la vie a largement dépassé celle-ci.
 
Si l’on fait une simple règle de trois, on constate que les français vivent une situation inextricable.
 
Même sans dettes, ou emprunts, on voit difficilement comment ils pourraient s’en sortir ?
 
Avec un peu plus de 1000 € par mois, comment pourraient-ils acheter de quoi se nourrir, en payant les charges courantes ?
 
Le travail au noir connait ses limites.
 
L’écart des salaires est donc de 1 à 395.
Pour la petite histoire, le défunt programme commun de la gauche prévoyait un écart maximum de 1 à 6.
 
Claude Beland, président du MEDAC (mouvement d’éducation et de défense des actionnaires) affirme : « pour être juste et décents les salaires des dirigeants d’entreprises publiques devraient se situer entre 20 et 30 fois le salaire moyen de leurs employés ».
 
JF Khan rappelle dans un article récent l’inégalité obscène entre les hauts et les bas salaires. Il constate, avec d’autres, que ce système se tire une balle dans le pied, car un privant le citoyen de ressources suffisantes, il l’empêche de rester consommateur, et lui fait couler involontairement le système qui le nourrit. Lien.
Ford, le célèbre créateur des voitures du même nom admettait un rapport maximum de 1 à 10.
 
Alors que la gauche se mobilise plutôt pour un salaire minimum européen qui serait de 60% du salaire moyen, (lien) Pierre Moscovici vient de lancer un pavé dans la mare en proposant l’instauration d’un écart maximum de 1 à 5 entre le plus bas et le plus haut salaire dans chaque entreprise. (Voir « Le Point » n° 1961 15 avril 2010 page 16)
 
Ce qui signifierait pour le patron le plus payé une chute vertigineuse : il passerait de 416 666 euros à 5280 €.
 
Hélas pour Moscovici, dès cette annonce, un responsable socialiste s’est empressé de signaler que « cette proposition est susceptible d’être discutée  ».
Revenons à la proposition du parti de gauche.
 
Même si elle a l’avantage de mettre en évidence les inégalités de salaires dans l’espace européen, on le voit, cette proposition est très modeste par rapport au vrai problème que pose la scandaleuse disproportion entre hauts et bas salaires.
Elle ne sera pas non plus facile à mettre en place lorsque l’on observe l’énorme disparité entre les différents pays européens qui vont de 114 euros brut mensuels pour la Roumanie, à 1570 euros pour le Luxembourg, en passant par les 522 euros de la Slovénie. lien
 
Certains, comme les MJS (mouvement des jeunes socialistes) pensent qu’il faut imposer un salaire maximum. lien
 
Le « Parti pour la décroissance » préconise lui aussi de définir un RMA (revenu maximum autorisé).
 
Il propose aussi une DIA (dotation inconditionnelle d’autonomie). Elle serait versée à tous et de manière égale de la naissance à la mort, afin de garantir un niveau de vie décent déconnecté de l’occupation d’un emploi. Cette dotation serait individuelle, inaliénable et cumulable à tout autre revenu. lien
 
Pour ceux qui émettraient des doutes sur la possibilité d’une telle mesure, il faut consulter les travaux du professeur Yoland Bresson, entre autres.
 
Il est à remarquer l’importante hausse des salaires due aux évènements de mai 68, à la suite des accords de Grenelle.
 
Voila un Grenelle, qui contrairement à celui récent sur l’environnement a eu un réel impact. lien mais Il faut relativiser l’importante augmentation des salaires suite au Grenelle, car parallèlement, il y eut une forte augmentation des prix, annulant en grande partie celle des salaires. lien
 
Alors, comme disait un vieil ami africain :
« C’est pas parce que le lion a maigri qu’on peut l’appeler chat ».
 

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15 réactions à cet article    


  • jako jako 19 avril 2010 11:16

    Bonjour Olivier
    Gageons que cela fera partie de l’enveloppe des promesses 2011/2012 smiley


    • olivier cabanel olivier cabanel 19 avril 2010 11:17

      Jako,
      exactement,
      en prenant morceau par morceau tous les sujets qui pourraient être traités, çà devrait donner des idées à quelques uns !
       smiley


    • foufouille foufouille 19 avril 2010 11:22

      [1] Cette dernière condition peut être discutée et l’octroi de la DIA conditionné à la participation ponctuelle à des actions civiques ou à la mise en place d’un service civique.

      ca sent le STO le PDecroissance
      un sous marin liberal


      • Manu Manu 19 avril 2010 12:12

        Article intéressant, mais qui s’intéresse à l’arbre qui cache la forêt. Car s’il n’y avait que les salaires ! Instaurer un salaire maximum me parait une bonne chose, mais je pense qu’un autre point très important est l’instauration d’un véritable impôt progressif sur tous les revenus, qui pourrait s’inspirer des mêmes echelles (pourcentage marginal de la plus haute tranche à 90 %, comme il le fut aux USA jusque dans les années 70)


        • olivier cabanel olivier cabanel 19 avril 2010 13:11

          Manu,
          bien sur, il n’y a pas que les salaires,
          et on ne peut pas tout aborder en même temps,
          je pense qu’il est plus facile de fragmenter les problèmes,
          comme vous, je crois que déterminer un salaire maximum est plus efficace que de relever les salaires minimum,
          on a vu après 68 les effets de l’augmentation des salaires : celui du cout de la vie, qui fait qu’au fond pas grand chose n’ait changé.
          par contre en décidant d’un revenu maximum d’existence, et d’y ajouter une échelle de salaire acceptable par tous devrait « déblayer » le terrain.
          pour l’impôt progressif, il est possible que ce soit aussi une solution complémentaire, mais je compte sur les économistes qui liraient ce post pour nous éclairer.
          pour moi, les deux premières mesures sont de nature à rendre plus juste le niveau des salaires, et de fait, permettrait de relancer la consommation.
          mais que pensez vous de la proposition des « décroissants » ? (exprimée en fin d’article, et que j’aurais du développer un peu mieux).


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 19 avril 2010 12:29

          Salut Olivier,

          je suis prêt à proposer autre chose : je veux bien payer 100 % d’impôts, à condition que tout soit gratuit mais comptabilisé.

          Seule une bonne gestion de sa santé et de ses dépenses quotidienne peut garantir d’être encore vivant à l’heure de la retraite, avec des espoirs de voyages et de vieux jours paisibles au jardin. Inconvénient, celui qui déciderait de tout claquer son capital avant trente ans n’aurait que deux issues, travailler assidument tout le reste de sa vie, ou se suicider...


          • olivier cabanel olivier cabanel 19 avril 2010 13:14

            Lisa,
            tu devrais développer un peu ? non ?
            tout soit gratuit, mais comptabilisé...
            ne faut-il pas s’intéresser d’abord à ceux qui dans la vie active ne peuvent plus s’en sortir du fait des inégalités de salaires,
            non pas que je mésestime les difficultés rencontrées par les retraités, dont on connait la modestie de la plupart des reversements.
             smiley


          • Philou017 Philou017 19 avril 2010 14:23

            Les journalistes découvrant l’inégalitarisme forcené du libéralisme dont ils n’ont cessé de vanter les bénéfices et de louer la force régulatrice du Marché.
            Parfaitement risible.
            Ces ploucs aux ordres (dont JF Kahn n’est pas le pire) vont ressortir force indignations de leur « petite cervelle », vu la tournure des évènements. Pourtant, c’est bien eux qui ont le plus contribué à légitimer un système dont ils découvrent béatement les énormes failles, système dont ils matraquent les avantages dans leurs colonnes/médias depuis 30 ans en se gardant bien d’inviter des contradicteurs avisés.
            Après cela, ils montreront leur incompréhension devant les attaques contre le journalisme, « garant de la démocratie ».


          • Philou017 Philou017 19 avril 2010 14:29

            Bjr Olivier.
            Ils peuvent bien proposer ceci ou cela, la « force » du marché pousse à la baisse des salaires et des protections sociales. Le libéralisme est un système implacable qui impose sa loi, et sa loi, c’est celle des nantis, sans guère de compromis possible sur la durée.
            La concurrence effrénée impose un nivellement impitoyable des salaires vers le bas mondial, c’est incontournable.
            Parler de la revalorisation des salaires dans le contexte actuel est une douce plaisanterie.
            C’est le système qui a été installé depuis 30 ans qu’il faut réformer en profondeur. Le reste n’est qu’agitation irresponsable, voire démagogique.
            Soyins raisonnables, soyons révolutionnaires....


            • darius 19 avril 2010 18:40

              Proverbe chinois
              Quand les gros maigrissent, les maigres meurent.

              Les pays ou les pauvres sont les plus riches sont ceux ou les riches sont aussi les plus riches.
              L’inegalité des revenus est un probleme de jalousie, l’important ce n’est pas ce qu’il y a dans l’assiette des riches mais ce qu’il y a dans mon assiette.
              Si on double mon salaire je veux bien qu ’on quintuple celui du pdg de l’oreal, il est pas payé par moi mais par ses actionnaires.
              Par contre je ne veux pas qu’on fasse plus que doubler celui des politiques ou des fonctionnaires, parce que leurs salaires c’est moi qui le paye avec mes impots.


              • olivier cabanel olivier cabanel 20 avril 2010 00:31

                Darius,
                j’aime bien votre proverbe chinois,
                je suis d’accord aussi avec votre conclusion :
                il faut sérieusement revoir à la baisse les salaires et avantages des politiques et des fonctionnaires, çà ne fait aucun doutes,
                mais je suis surpris que vous n’attachiez pas trop d’importance aux criardes inégalités de salaires entre les plus gros, et les plus petits...


              • Céphale Céphale 19 avril 2010 18:50

                Olivier,

                Vous avez fait l’année dernière un très bon article sur le fret ferroviaire. Le sujet revient d’actualité. Un nouvel article sur le sujet serait le bienvenu. Je me souviens aussi d’un article sur un concept de ferroutage original mis au point par un ingénieur lyonnais, mais je ne me souviens plus de l’auteur. C’est vous ?

                • olivier cabanel olivier cabanel 20 avril 2010 00:34

                  Céphale,
                  bonne idée, je vais en proposer un nouveau bientôt,
                  d’autant qu’avec la crise du fret ferroviaire, et la forte contestation des tgv partout, au dépens des dessertes régionales, il y a de quoi dire,
                  le concept de ferroutage original s’appelle r-shift-r, et c’est un ingénieurs grenoblois, alain Margery qui en est le concepteur, avec son collègue Desmoulin.
                  le projet avance bien, et c’est une très bonne nouvelle.
                  à+
                   smiley


                • patdu49 patdu49 20 avril 2010 05:12

                  perso je prefère que les revenus soient plafonnés par l’impot, et que l’équité se fasse par ce biais.

                  et pas uniquement sur les salaires, car tout un tas de combines pour certains, pour faire passer leurs revenus dans autre chose qu’un salaire pur.

                  par exemple les députés, salaire net 5300€
                  mais indémnités non-imposables 5800€ net ..

                  il faut donc que tout les revenus soient imposables, sinon trop facile ..
                  sans parler de l’hypocrisie, car en + de ça leur frais sont déjà payés ... ils ont transports gratos etc .. téléphone gratos, avion etc et j’en passe .. même les fringues, ils arrivent à les faire passer en « frais de campagne » à chaque elections ..

                  et ils ont 9000€ encore en + par mois, pour emplois de collaborateurs, avec liberté totale, ils peuvent faire trimer des stagiaires sous-payés l’année, et embaucher en emploi fictif, leurs propres momes, nièces, maitresses etc, pendant les vacances scolaires en leur filant des salaires énormes ... sous pretexte de demande d’un rapport sur ceci cela bidon .. ou autres magouilles d’emplois + ou - fictifs

                  et interdire aussi par exemple à un patron de rouler en mercedes en faisant passer ça en frais professionnels, ou interdir de faire passer des repas à 50€ ou + etc en frais professionnels etc ...

                  sinon trop de dérives, trop d’abus


                  • olivier cabanel olivier cabanel 20 avril 2010 07:25

                    patdu49,
                    merci de rentrer dans le détail,
                    les exemples donnés sont bons,
                    en fait, vous évoquez en même temps que la disproportionnalité des salaires, les avantages, et surtout les passe droits.
                    les exemples fourmillent d’élus utilisant l’outil républicain pour ses besoins personnels,
                    pour en revenir aux salaires des députés, et autres ministres, sénateurs, président, j’aime bien rappeler ce qui s’est passé en Afrique, plus exactement en Côte d’Ivoire.
                    çà s’est passé il y a 20 ans, le président ivoirien voyant son pays sombrer a fait appel à Alassane Ouattara, directeur du FMI à ce moment, pour l’aider à redresser le pays,
                    Alassanne a accepté, en demandant plein pouvoirs,
                    il a baissé le salaire des ministres de 50%, baissé les salaires du service public, supprimé les trop nombreuses voitures de fonction, etc...
                    en quelques mois il a redressé le pays.
                    malheureusement la belle histoire c’est arretée la, puisque les présidentielles arrivant, beaucoup d’ivoiriens le voulaient candidat,
                    il a été menacé par d’autres, et a laissé tomber, retournant au FMI.
                    voici le lien pour lire l’article complet :
                    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/quand-les-ivoiriens-voient-clair-51277
                    çà devrait donner des idées en France, non ?
                     smiley

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