Stagiaires et médias
Depuis quelques semaines les stagiaires ont réussi à attirer l’attention sur leurs conditions pas toujours faciles : travail lourd, indemnités symboliques... A l’origine de cela, une simple manifestation ayant réuni une centaine de stagiaires (le 1er novembre, la date la plus éloignée de la Fête du travail dans le calendrier) - comme quoi la « création d’événement » marche toujours pour attirer l’attention des médias.
Consécration hier soir, avec un reportage de Capital sur M6 (qui par ailleurs met à profit la méthode de l’inflitration discutée ici il y a peu, avec une caméra cachée suivant un stagiaire dans une mission de... trois jours, de l’entretien à sa démission).
Grand moment de non-journalisme : je ne saurais pas vous restituer les citations exactes, mais la conclusion en est, grosso modo : "Notre candidat démissionne au bout de trois jours, étant donné qu’il n’est payé que 300 euros par mois, et que ses conditions de travail, au sous-sol de l’entreprise, sont très dures".
Chacun se fera son avis sur la démission d’Arnaud (pour moi : quitte à démissionner, autant le faire vite). Mais le reportage n’a fait qu’effleurer le problème de l’industrialisation des stages. Pendant l’entretien, l’employeur d’Arnaud déclare : "Notre business model, ce sont les stagiaires". Bien dommage de ne pas avoir approfondi ce point, car le coeur du problème est là.
Il y a par ailleurs beaucoup d’évidences dans ce qui est actuellement dénoncé à ce sujet. Les conventions fictives en sont une. Il est bon d’en parler, mais peut-il y avoir débat là-dessus ? Quel citoyen pourrait les défendre ?
Pour ma part, il ne me choque pas qu’un stagiaire puisse, pendant 6 mois, détenir de vraies responsabilités dans une entreprise (les mêmes qu’un salarié) sans pour autant être payé comme un salarié. C’est une situation "donnant-donnant" : l’entreprise fait des économies, le stagiaire se forge une expérience qu’il pourra vendre.
Et il ne faut pas nier le besoin de souplesse qu’ont les entreprises. Difficile d’embaucher un étudiant sans référence professionnelle et sans expérience... De ce point de vue, le stage est une passerelle, ou plutôt un tremplin vers l’emploi salarié.
C’est sa vocation, et c’est cela qu’il faut garder à l’esprit. Les stages, oui, à condition qu’il y ait des perspectives après. Étudiant, on m’avait proposé un stage dans une entreprise de 8 personnes : 3 salariés et 5 stagiaires permanents. D’un point de vue individuel, cela aurait pu être intéressant, mais du point de vue de la collectivité, il y avait là quelque chose de choquant.
Pour autant, et aussi nombreux soient-ils, ces exemples ne justifient pas de condamner le principe des stages ni de refuser d’en faire. Condamnons l’industrialisation des stages, pas les stages. Et si limiter la part de l’effectif en stage dans les entreprises était une solution ?
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