Démystifier l’intelligent design et les transferts de gènes intentionnels en sciences de la vie
La recherche en biologie appliquée est actuellement gouvernée par des idéologies fausses et dangereuses pour l’esprit scientifique et la science elle-même. Alors que les chaires de biologie des sols ont disparu des universités au profit de la promotion d’une agriculture basée sur les intrants synthétiques toxiques pour la faune, la flore et l’environnement, c’est toute une conception du vivant cohérente et rationnelle, basée sur l’évolution, qui est aujourd’hui mise en danger par l’industrialisation de méthodes de modifications génétiques par l’industrie semencière.
En prônant de manière fausse la réduction de l’utilisation de pesticides, alors que les ventes d’herbicides totaux ont explosées en Amérique suite à l’introduction des variétés génétiquement modifiées résistantes au glyphosate, le développement de l’industrie semencière agrogénétique non seulement s’avère participer à une tromperie généralisée sur les impacts environnementaux de leur marchandise, mais de plus est accompagnée par un dévoiement de l’esprit scientifique dans les institutions politiques officielles en charge de la sécurité alimentaire et environnementale, comme en témoigne la compromission des instances politiques américaines et européennes en la matière, notamment en ce qui concerne les organismes en charge de la sécurité alimentaire, comme l’EFSA ou la FDA.
Ce dévoiement est en large partie construit sur l’acceptation de fait et non questionné des Organismes Génétiquement Modifiés dans la chaîne alimentaire, environnementale et agricole, et imposée aux populations par les rouages de l’économie de marché, et des protocoles et procédures techniques tout autant pseudo-sécuritaires que communicatifs, voire propagandistes. Néanmoins, les Organismes Génétiquement Modifiés sont de fait, des organismes intentionnellement manipulés dans leurs caractéristiques fondamentales, par-delà les mécanismes biologiques connus de formation des espèces, et qui établissent des distinctions claires entre elles notamment par des barrières biologiques issues des mécanismes de reproduction.
Les transferts de gènes intentionnels, par le biais principalement du détournement de processus bactériens phytopathologiques, sont biologiquement insensés, dans le sens qu’ils ne résultent pas d’une forme de modification endo-darwinienne intrinsèque à l’évolution, mais s’apparentent au contraire à une forme de piratage ou d’assemblage issu d’un processus biosynthétique fragmenté et prédéfini, inscrit dans le cadre d’une amélioration conceptuelle spécifique des organismes à des fins agro-anthropocentriques. Aussi, cette position court-circuite par la même occasion toute réflexion scientifique sur les processus impliqués par ces transformations intentionnelles, dans un cadre évolutionnaire. Ce design industriel des plantes et organismes vivants est fondamentalement non scientifique, mais technico-idéologique. Aussi, lorsque les entreprises semencières argumentent au nom de la science et du progrès la promotion de leurs produits notamment par l’absence de preuves scientifiques contre eux, il faut clairement et immédiatement voir la supercherie : non seulement les tests nécessaires et suffisants ne sont pas menés, mais d’autre part, les modifications intentionnelles du génome des plantes ne sont absolument pas un processus biologique darwinien ou évolutionnaire, mais une intrusion intracellulaire intentionnelle par des voies artificielles mécaniques, chimiques, ou biologiques, selon des fins toutes idéologiques associées à un certain contexte éco-agronomique.
Alors que le simple accompagnement forcé des processus biologiques d’hybridations ou de sélection des variétés agissait comme une transformation artificielle du milieu dans lequel les plantes se développent et se reproduisent, les transferts de gènes intentionnels sont quant à eux des modifications d’origine totalement anthropocentriques, ne pouvant se produire à l’état naturel dans un milieu donné, et ce quel qu’en soit le degré de transformation artificielle par les méthodes agronomiques traditionnelles. En cela, le design industriel défini par l’action intentionnelle des généticiens sur le génome des organismes, à fins agroalimentaires, environnementales ou artistiques, s’apparente de manière très claire à l’action intentionnelle promue par l’intelligent design sur l’ensemble des organismes vivants, la première à l’échelle de l’individu, la deuxième à l’échelle de l’ensemble des individus, et différant seulement en nature quant à leurs origines propres.
Ces deux positions idéologiques sont bien entendues erronées, et ni l’intention de l’intelligent design, ni l’intention des technogénéticiens n’ont de réelle signification biologique, aboutissant nécessairement toutes deux à des applications conceptuelles ou matérielles problématiques ou erronées. Les transferts de gènes intentionnels modifiant le génome d’organismes introduits dans les milieux agricoles, et plus largement dans l’environnement, s’inscrivent en effet dans une déconstruction idéologique et réductionniste du rapport de l’humanité au vivant, pouvant éventuellement aboutir en cas de généralisation massive et sur la durée, à un déréglement sérieux des processus et relations biologiques au coeur de la chaîne alimentaire et agronomique, et plus largement à des interférences potentiellement dangereuses et imprédictibles au niveau de l’environnement naturel et de l’ensemble de la biosphère avec laquelle l’espèce humaine est en interaction constante.
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