Google off-shore
Des super-serveurs de Big White embarqueront dans des tankers en eaux internationales reliés aux câbles transocéaniques de télécommunications et alimentés par l’énergie des vagues.
La firme de Mountain View aurait décidé de porter sa conquête virtuelle sur les fronts marins en déposant un brevet pour le moins percutant auprès de l’US Patent Office and Trademark Office (USPTO).
Des tankers mouilleront à bonne distance des eaux territoriales américaines (8 miles nautiques, soit environ 11 km), affranchissant la compagnie des taxes nationales usuelles sur ses activités computationnelles. A bord, une grosse dizaine de « containers datacenterisés » hautement automatisés, aisément reconfigurables, commandés à distance et ne nécessitant que quelques employés - « hébergeront et projetteront » les applications virtuellement distribuées actuelles et futures (Gmail, Youtube, Apps, Desktop, Earth, Maps, Street View, etc.) de Big White à des milliards d’ordinateurs par-delà les océans, connectés qu’ils seront à des câbles sous-marins de télécommunications. Au premier trimestre 2008, la firme avait engagé un partenariat avec cinq compagnies de câblage sous-marin afin de relier ses datacenters dans la zone Asie-Pacifique.
Les embarcations intégreront 30 à 40 unités Pelamis Wave Energy Converter convertissant l’énergie des vagues en électricité à hauteur d’un mégawatt par unité. Enfin, des pompes hydrauliques transformeront l’eau de mer en liquide de refroidissement pour les super-serveurs embarqués. L’exploitation de ces Google off-shore sera flexibilisée en fonction de la réglementation maritime, de l’activité internet/télécoms, des conditions météorologiques et des évolutions technologiques.
Big White ne fut guère la pionnière en la matière, elle a simplement amélioré un concept d’abord forgé par International Data Security (IDS) : 50 pétroliers et cargos reconvertis en datacenters flottants – dont 22 ancrant au large de la Californie – et alimentés au biodiesel.
The rebirth of cool
Supports physiques primaires de l’informatique nuageuse (cloud computing), des grilles computationnelles (grid computing) et de l’informatique-service (software-as-a-service), les datacenters deviennent de véritables ogres énergétiques du fait d’une demande exponentielle d’applications en ligne. Le seul refroidissement des super-serveurs googléens consomme autant d’électricité qu’une ville de 300 000 habitants. Constituant 1 % de la consommation électrique mondiale, grandes comme plusieurs terrains de football, les fermes terrestres de super-serveurs sont la hantise de leurs exploitants (Google, IBM, HP, Microsoft, Sun, etc.) et des environnementalistes. Selon le cabinet de consulting McKinsey et le think tank Uptime Institute, l’empreinte carbonique de notre activité réseautique égalera celle actuelle de la navigation aérienne à l’horizon 2020, flambée des coûts énergétiques en sus. Surfer sur internet n’est donc pas très écologique...
Dans la même veine, Microsoft envisage de construire des fermes techno en Sibérie, Sun Microsystems lorgne vers une mine désaffectée du Japon où les eaux souterraines seront transformées en liquide de refroidissement pour ces super-serveurs. Ainsi, ces deux géants diminueraient leurs consommations énergétiques de plus de 50 %.
Google off-shore relèverait-il d’un quelconque « infocapitalisme écologique » ? Last but not least, Big White planche déjà sur une question incontournable : que faire de ses datacenters flottants en cas de cyclone ou de tsunami ? Pourquoi ne pas développer Google Earthquake, alerte en ligne avancée reposant sur un réseau de capteurs sismiques en profondeur ?
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