L’homme obsolète

Je suis un créateur d’univers particulier. Auparavant, sur ma pelouse, il n’y avait rien. Je veux dire rien de plus que de l’herbe. Une interprétation personnelle bien sûr de ce que j’ai estimé être rien, rien d’autre que de l’herbe. Il faut dire que dans notre univers, je ne vois rien d’autre que des galaxies, des planètes, des soleils, des trous noir, des comètes, etc. Rien quoi, le vide ! Comment puis-je, dans ce cas, laisser le vide s’installer sur ma pelouse, il me fallait donc agir.
Alors j’ai creusé un trou. Pas n’importe quel trou, un trou suffisamment profond et suffisamment étendu en surface afin d’en faire un plan d’eau capable de se régénérer de façon naturelle, sans avoir à intervenir artificiellement avec des produits et matériels d’oxygénation.
Ensuite, j’ai ajouté des plantes aquatiques et quatre poissons rouges pour animer la surface, quelques aménagements en périphérie et un nain de jardin. Ma création fut réussie, agréable, reposante, paisible.
L’année suivante, je devais dénombrer une trentaine de poissons tachetés de rouge et des espèces aquatiques qui n’avaient pas été invitées, escargots d’eau, araignées d’eau (Gerris), libellules, têtards (de crapaud). Je contemplais avec interrogation tout ce petit monde. Y avait-il des conflits entre les plus rouge que noir et les plus noir que rouge, des drames dans les profondeurs du bassin ? Comment pouvais-je le savoir ? Je ne maîtrisais plus rien, je ne servais plus à rien, à mon tour j’étais RIEN.
Devais-je accepter d’être ainsi évincé de ce que j’avais créé. Vider le bassin et leur apprendre qui j’étais ??? Mais !... Dans ma grande clémence, j’ai finalement opté pour déléguer mon univers au nain de jardin. Qu’il se démerde, moi je déplie ma chaise longue et je reste pénard.
Après tout, n’est-ce pas ce que nous cherchons tous à faire ? Nous débarrasser de ces contraintes que peuvent être les responsabilités et le travail en les refilant aux autres (mes chers collaborateurs). Un jour, un type a inventé la roue probablement parce qu’il en avait assez de porter ses fagots sur son dos, ensuite lorsqu’il a vu son benêt de voisin, il s’est dit qu’il pourrait peut-être bien lui faire tirer sa chariote. Plus tard le benêt à bout de force et en voyant son cheval paître paisiblement dans son enclos a pris conscience de sa misérable existence. Il inventa la traction cheval équipé d’un Hue, d’un Ho, d’un do ho, a Dia et a hue…
Pour ne plus avoir à travailler comme des forçats, aujourd’hui, nous avons jeté nos pelles et nos pioches. Les puissantes machines mécaniques font en une heure ce qu’il aurait fallu à cent hommes en une journée.
Le travail accompli par ces machines est considérable. Notre quotidien est à présent sous le contrôle de ces entités stupides, mais utiles.
De la simple mécanique de précision à la mécanique complexe, de l’usinage assisté par ordinateur à la technologie moléculaire, il me semble en regardant au loin, que nous nous approchons inexorablement d’un point de transition, de la singularité technologique. Dans l’ouvrage de Jean-Claude Heudin, nous pouvons lire ceci « A moyen terme, les machines seront plus intelligentes que l’être humain et évolueront plus vite que nous pourrions les faire évoluer nous-même. »
La dernière invention que l’homme ne devrait jamais faire est bien « La machine supra-intelligente ». Mais pensez donc ! Il a bien fallu que je fasse mon trou en prétextant qu’il n’y avait rien pour ensuite me retrouver pas moins que rien.
Certains visionnaires apocalyptiques sont déjà entrés en résistance, ils ont revêtu la tenue mécanique de camouflage (photo ci-jointe). Pionner dans la recherche fondamentale de la survie en milieu mécanique hostile et de l’espionnage robotomique, n’oublions pas leurs abnégations pour un lointain futur, ils méritent l’élévation au grade de supra-combattant virtuel. Les robots sont parmi nous. Mais ne soyons pas alarmiste, nous avons des liens communs avec ces nouvelles technologies.
Nous fricotons déjà avec les implants et les prothèses. En 1999, robert Langer avait fabriqué une pilule intelligente sous-cutanée comportant des microréservoirs remplis de médicaments activables à distance, nous avons aujourd’hui l’implant contraceptif. La firme Applied Digital a réalisé une nano-puce qui s’implante sous la peau et qui peut transmettre des informations sur la personne. En 2000, une équipe américaine a implanté, à l’arrière de la rétine de trois patients aveugle une micro-puce qui permet de traduire une perception visuelle lumineuse. Alors demain, si vous deviez perdre un œil, votre mutuel prendra-t-elle en charge la neuroprothèse NB ou Couleur. Au niveau auditif, infra ou ultrason ? Dans les régions sismiques, nous vous conseillerons notre neuroprothèse infra.
La robotique frappe à votre porte. Les applications vont bouleverser les prochaines décennies. Selon plusieurs chercheurs et notamment Fréderic Levy, les premières applications majeures capables de révolutionner notre quotidien devraient voir le jour dans dix à vingt ans.
Aujourd’hui, tout ce que nous fabriquons relève de la préhistoire. Les techniques de fabrications commencent par l’extraction de la matière première, ensuite séparation et pureté de cette matière première pour enfin aboutir à l’assemblage du produit que l’on désire. Que d’énergie consommée et de déchets pour en arriver à l’élaboration d’un simple vélocipède de 11,500 kg. Que de CO2.
Par exemple, la fonte est un alliage de fer et de carbone d’environ 2,1 à 6,67 %. L’acier entre 0,008 et 2,1 % avec différente classification, « extra-doux, doux, demi-doux, demi-dur, dur, extra-dur ». Un acier extra-dur est à 0,9 % de carbone. Avec cet acier, on fabrique de l’acier trempé (voir ici) pour la réalisation de pièces mécaniques. Différents alliages sont possibles, comme le nickel, le chrome. Une affaire de mélange, une cuillérée par-ci une cuillérée par-là, une petite fusion et un traitement d’atelier.
Avec la nanotechnologie, c’est le contrôle de la matière. Que ce soit un écran d’ordinateur, un gobelet à café, l’air, nous-mêmes, nous sommes constitués d’atomes. Un être vivant est constitué principalement d’atome de carbone, d’hydrogène et d’oxygène, l’eau d’hydrogène et d’oxygène, l’air d’oxygène d’azote et de carbone. Le but est d’arriver au contrôle individuel de l’atome et de l’assemblage de masse dans un lointain futur. Les atomes étant placés de façon précise et débarrassés de toutes impuretés nous donneraient un vélocipède de 400 g aux qualités supra-remarquables sans avoir à passer par l’extraction, le nettoyage, d’énergie consommée, de CO2 rejeté et sans aucun déchet.
Pour le moment, la seule chose qui nous soit accessible pour les prochaines décennies, c’est la miniaturisation. Le jour où nous parviendrons à manipuler avec dextérité les atomes, nous pourrons écrire l’histoire de l’humanité sur un grain de sable. Ce n’est pas une fiction, mais une prochaine réalité. Ce type de gravure moléculaire a déjà été testé.
Plusieurs projets sont en cours afin de satisfaire l’apprentissage des robots. Il s’agit de mettre en œuvre des programmes informatiques capables de décrire ce qu’est une interaction neuronale capable de modifier son activité en cas d’événements inattendus, c’est-à-dire apprendre à un robot à modifier ses paramètres.
L’intelligence artificielle et les produits robotiques de hautes technologies se développent donc très vite, ils envahissent notre quotidien, nous sommes condamnés à évoluer en parallèle avec les robots. Notre point commun, la nanotechnologie. Probablement que nous finirons par nous opposer par la suite sur des idées existentielles, voire tenter d’instaurer une suprématie biologique. Plus tard, le droit de vote des robots sera finalement adopté, nous aurons à droite, l’UPR (Union pour la progression des robots). A gauche, le PSR (Programme pour la suppression des robots), au centre le ModeRn (Mouvement de robocratie). Sans oublier le Front nanonal et la Lutte contre Robocop.
Avant de basculer dans ce fantastique futur, il nous faut encore franchir la frontière ténue entre l’humain et l’objet, le naturel et l’artificiel. Lorsque l’humanité aura réussi le couplage de la nanotechnologie avec l’organisme biologique, qu’adviendra-t-il ? Brrrr… ! Cette transition annonce-t-elle la disparition de notre civilisation ?
Celle-ci se présentera vraisemblablement sous de bons présages, l’homme réparé et l’homme augmenté de Joël de Rosnay. Mais après ? Que restera-t-il de l’être humain ?
An 3624 :
La Cour suprême décide l’abandon de la fabrication biologique de la série humaine. Les coûts de fabrications, de maintien et d’entretien ; les défaillances chroniques dues à la couche biologique de cette série l’on rendu définitivement obsolète. Par ailleurs nous nous félicitons de la remise en état des océans qui nous permet la réintroduction de la faune biologique sauvage. Le haut conseil affirme avoir réussi le programme d’autorégulation des espèces entre elles. Nous avons par ailleurs réaménagé les continents en zone de climat tempéré et d’extrême climat par une réorientation de l’axe oscillatoire terrestre de 23,51 degré. La cohabitation des espèces devrait donc se dérouler sans soucis majeurs puisque ce sont nos paramètres robotiques que nous avons appliqués au domaine neuronal.
La blague du jour.
1111010100001110100000001100000001111001001101011111110000010100 …….. Bug bug bug bug (rire d’un robot RS n° 5689744hE)
Gasty
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