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Accueil du site > Actualités > Technologies > Non internautes et auto-exclusion

Non internautes et auto-exclusion

De nombreuses études s’intéressent aux internautes, à leur comportement, aux services qu’ils utilisent. Mais rares sont les études qui portent sur le public des non internautes.

Une première enquête qualitative a été réalisée auprès de 70 non internautes de la région Aquitaine. Une seconde enquête portant sur un échantillon plus important a été mis plus récemment en ligne.

Dans cette deuxième étude, 55 % des non utilisateurs ont 60 ans et plus et sont retraités. 77 % appartiennent à un foyer sans enfant, 76 % ont un niveau inférieur au baccalauréat. 40 % des foyers concernés ont un revenu net mensuel inférieur à 1 500 euros.

Je regrette que dans les documents mis en ligne, on n’ait pas géré séparément les plus de 60 ans et les moins de 60 ans. Certains chiffres, pris globalement, sont à l’évidence faussés. Les personnes nées avant 1948 sont évidemment beaucoup moins diplômées que la moyenne des Français. Les revenus des retraités sont plus faibles, etc. Malgré cela, plusieurs chiffres sont particulièrement intéressants.

Si 69 % des non-utilisateurs ont des internautes dans leur environnement direct, plus de la moitié d’entre eux n’ont jamais vu leurs proches utiliser Internet.

95 % des non internautes n’ont jamais reçu une formation à l’usage d’Internet et 71 % ne l’ont jamais utilisé. 42 % perçoivent Internet comme plutôt ou tout à fait compliqué.

Les non internautes ne sont pas hostiles au développement d’Internet, bien au contraire. 87 % se déclarent plutôt ou tout à fait favorables au développement d’Internet dans la société. 80 % trouvent que les internautes sont avantagés par rapport aux non internautes.

Internet oui, mais pas pour eux

60 % déclarent Internet pas du tout ou plutôt pas compatible avec leur vie quotidienne. 63 % déclarent qu’ils ne l’utiliseront probablement jamais à l’avenir.

65 % des non internautes sont réellement exclus d’Internet, les autres sont majoritairement utilisateurs indirects. 10 % des non internautes sont qualifiés de quasi-utilisateurs.

Les principales raisons invoquées par les non internautes pour ne pas utiliser Internet sont les suivantes :

  • manque d’intérêt (30 %) ;
  • trop âgé (20 %) ;
  • pas utile (13 %) ;
  • trop cher (11 %) ;
  • trop complexe (7 %) ;
  • pas le temps (5 %).

L’étude s’est également attachée à proposer des solutions afin de développer l’intérêt pour Internet. Des leviers sont identifiés mais l’étude rappelle que les méthodes sont différentes selon les publics visés :
  • une aide financière peut être utile mais ne sera pas déterminante ;
  • des formations seraient particulièrement utiles mais c’est surtout la formation par un proche qui est plébiscitée par 40 % des non internautes ;
  • informer sur les contenus et services proposés en ligne est une attente importante.

Ce qui est le plus inquiétant dans cette étude, c’est que les points d’accès publics sont peu cités et très peu connus des non internautes qui ne les fréquentent pas, les perçoivent plutôt mal et n’expriment pas l’intention de les fréquenter. Certains internautes regrettent pourtant de ne pas pouvoir expérimenter Internet avant de l’adopter. Mais l’image que leur renvoie les points d’accès, sans doute trop axée sur la technologie, les rebute et génère de l’angoisse quant à leur capacité personnelle, les fait douter sur l’utilité de l’adoption d’Internet.

Il semblerait judicieux de favoriser une formation par l’entourage puisqu’elle est fortement souhaitée, peut-être en développant des sites spécifiques facilitant la démarche des « accompagnants ». Il paraît également essentiel de redéfinir la communication en faveur des points d’accès et peut-être même de redéfinir leur mission.

D’autres lieux peuvent sans doute contribuer à lutter contre la fracture numérique. Dans les structures de service public, il est plus que jamais nécessaire de passer d’une culture du face à face – moi professionnel, j’utilise la technologie qui me permet de vous répondre – à une culture du côte à côte – je vais vous répondre en utilisant Internet et je vais vous aider à l’utiliser.

Il faut mettre moins de technologie et plus d’humain dans Internet si nous voulons lutter efficacement contre la fracture numérique !

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7 réactions à cet article    


  • finael finael 25 novembre 2008 17:36

    Professionnel de l’informatique, et d’internet, je prendrais vos chiffres avec quelques pincettes :

     Le nombre réel d’internautes est mal connu : on l’estime à 55% de la population, mais les chiffres sont donnés par les FAI et il peut arriver qu’un internaute ait plusieurs FAI comme d’autres ne se connectent que sur leur lieu de travail ou, comme ma soeur, aient un compte mais ne l’utilisent pas.

     Actuellement au chômage je suis un stage où j’ai été envoyé par l’ANPE, sur les 21 élèves (moyenne d’âge 25 ans), 6 n’ont jamais manipulé d’ordinateur et 8 n’ont jamais été sur internet. Parmi les 3 "vieux", un seul est vraiment néophyte voire réfractaire.

     Ces chiffres correspondent en gros à ce que j’ai pu constater dans mon travail : Beaucoup de jeunes ou de personnes d’âge moyen sont non-internautes, alors qu’une proportion plus élevée de ce que j’avais imaginé de "seniors" utilisent internet, qui les aide à rencontrer d’autres personnes ou simplement à conserver une vie sociale. Le phénomène est particulièrement marqué dans le monde agricole (plus âgé que la moyenne) où Internet remplace les relations de proximité en cours de dispariton : presque tous se connectent régulièrement).


     J’attends toujours une étude totalement indépendante (en particulier des chiffres donnés par les FAI).

     En tout cas il y a bel et bien une fracture numérique, même si elle n’est peut-être pas là où on l’attend !


    • ninou ninou 25 novembre 2008 20:08

      Je suis la première a trouver que "l’internet" est un outil utile. Cependant, FAUT-il absolument avoir internet pour ne pas être un citoyen de seconde zone (comme il FAUT avoir une voiture, la télévision, un téléphone, un compte bancaire...) ?
      En bref, si le progrès c’est l’erradication inconditionnelle de tout autre mode de vie, je m’y oppose !!!


      • K K 26 novembre 2008 11:38

        On peut se passer très facilement de téléphone et de télévision, de voitura aussi si on habite un endroit bien désservi (car malheureusement, les distances à parcourir pour un sevice donné ont parfois augmenter dans certains secteurs). On peut aussi se passer d’Internet et de compte banquaire. Tous ces modes de vies sont possibles, mais il existe des contraintes. Pour un travail salarié, un compte en banque est indispensable etc...


      • docdory docdory 26 novembre 2008 10:15

         @ Christian Bensi

        Si je prend mon cas personnel , j’ai acheté mon premier ordinateur en 2006 , à l’âge de 49 ans , pour une seule et unique raison : les pressions importantes qu’exerçait sur moi la sécurité sociale pour que je télétransmette électroniquement les feuilles de maladie de mes patients qu’auparavant je faisais à la main . 
        J’étais furieux d’avoir à dépenser une pareille somme pour quelque chose qui ne me servait à rien d’autre qu’à faire le travail de saisie informatique des employés de la sécurité sociale à la place de ceux-ci , sans être payé pour le faire , et en étant obligé de payer un très coûteux matériel pour le faire !
        Une fois cet ordinateur ( un i book G4 ) sur mon bureau , j’ai fait contre mauvaise fortune bon coeur et me suis demandé ce qu’il pourrait éventuellement y avoir à en tirer . 
        C’est ainsi que j’ai découvert fortuitement Agoravox et que je me suis mis à écrire des articles , selon le principe " puisque d’autres le font , pourquoi pas moi ?"
        A noter que , professionnellement , l’ordinateur ne m’est que d’une utilité très faible : je ne met pas mes dossiers sous informatique car je préfère les dossiers papiers , qui ne risquent pas la panne et sont plus rapides d’accès . Trop de mes collègues ont perdu plusieurs années de dossiers suite à une fausse manoeuvre informatique pour que je m’inflige le risque , si infinitésimal soit-il, d’une pareille mésaventure ! De temps en temps , je vais voir sur internet pour des maladies exceptionnelles dont je n’ai jamais entendu parler .
        Il est absolument certain que , sans cette obligation réglementaire de la sécurité sociale , je n’aurais jamais de ma vie acheté un ordinateur , n’en imaginant pas l’utilité . Cela aurait privé ( ? ) les lecteurs d’agoravox et de " riposte laïque " de mes élucubrations , et je n’aurais jamais, de ma vie, écrit autre chose que des ordonnances , quelques carte postales et des courriers à des confrères .
        Il est amusant de constater qu’avant que je n’utilise internet , les raisons que j’avais de ne pas l’utiliser étaient exactement les mêmes que celles mentionnées dans votre article comme arguments des non-internautes !


        • foufouille foufouille 26 novembre 2008 14:35

          @ docdory
          rien n’est jamais perdu en informatique
          easyrecovery permet de recuperer n’importe quel fichier efface. (sauf si tu t"amuse a reecrire dessus) (cd de marrage ou disquette)
          hdd regenerator permet de recuperer un disque dur qui a trop chauffe
          le mieux est quand meme deux disque dur. un interne et un externe sur USB mais alimenter par transfo
          tu fais tes sauvegardes sur le deuxieme et tu debranche apres
          les disque dur actuel chauffe. pour 10€, tu achete un ventilateur pour HD, et tu le visse dessus
          sinon tu doit absolument branche ton ordi sur un onduleur, qui lui doit etre branche sur une prise parafoudre


        • Christian Bensi Christian Bensi 27 novembre 2008 00:00

          @ finael, il est en effet impossible d’extrapoler à partir de ces chiffres mais cela donne des pistes de réflexions.

          @ ninou, il faut avoir le téléphone, un compte bancaire et peut-être demain sera-t-il obligatoire d’avoir accès à Internet. Demandez à ceux qui n’ont pas de compte bancaire comment ils font pour vivre !

          @ K, il y a des contraintes oui. Il y a surtout de l’exclusion pour ceux qui refusent ou "ne peuvent" disposer de ces outils.

          @ docdory. Quelle superbe illustration !

          @ foufouille. Bien des concours de circonstances, d’oublis, de changement de matériel, de changement d’outil de sauvegarde, d’insuffisance de précautions peuvent faire que l’on perde ses données. Cela s’appelle la malchance mais sur le fond je suis d’accord avec vous.



          • foufouille foufouille 27 novembre 2008 11:55

            a part le disque dur qui tombe en panne.........

            la encore, une solution, le raid 0 est devenu accessible grace au sata. les deux disques sont utilses comme un seul
             si on sait pas le faire, il suffit soit de demander a un geek qui tunne son pc, soit d’aller voir le petit integrateur dans la zone industiel

            ja plus rien perdu depuis la tempete de 99. et pourtant mon mats est du bas de gamme voire de la recup
            en plus complique, on fait deux partions de boot. donc double install de l’OS. puis une partition pour la memoire virtuelle, une pour les applications et enfin une pour tous les dcuments
            en cas de plantages total, on recupere tout

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