@Frederic Lyon "Nos malades trouvent un exutoire, en s’emparant de sujets que l’on
qualifiera de « politiques », des sujets qu’ils ont trouvé en regardant
le journal télévisé qu’ils accusent de mentir,...«
Pauvre tarte, les »malades" sont les plus nombreux à ne plus regarder les journaux télévisés depuis fort longtemps. Affligeant ton commentaire.
Moi je dirais simplement que de moins en moins d’êtres sont naïfs. Ce n’est pas voir des complots que de s’apercevoir qu’on nous ment (par omission, par bêtise, par intérêt, ou pour tout autre raison).
Nous revendiquons la lumière, dans un monde devenu opaque et sombre (imbécile).
Mais sa quête se vit justifiée par une réponse
inattendue. Sur un arrière plan lointain, vibrant d’Espace Mental, l’on
pouvait distinguer le halo d’une ouverture, l’entrée lumineuse d’une
galerie ; on aurait dit une porte dérobée d’où émanait un sentiment de
joie, une retraite discrète, une mystérieuse échappatoire. Loin de ce
monde de surface décevant, cela semblait s’enfuir dans le sein de
l’inconnu, comme un puits, un tunnel dans les profondeurs de Dieu. Cela
plongeait comme un sillon mystique d’espoir à travers maintes couches
informes et muettes du moi, pour atteindre les derniers tréfonds du
coeur du monde, et de ce coeur montait un appel silencieux qui plaidait
avec quelque Mental tranquille et impénétrable, exprimant un désir
passionné, insatisfait.
Du fond de quelque abîme caché mais intime, le désignant tel un doigt
de mystère qui lui ferait signe dans un air cristallin, comme un
message venu de l’âme profonde du monde, ou une invitation de la part
d’une joie timide qui déborderait d’une coupe de félicité volatile,
scintillait là tout en s’introduisant dans le Mental, une extase de
lumière muette et palpitante, la passion et la délicatesse d’un feu
rosé.
Comme quelqu’un qui se sent attiré vers un
refuge spirituel oublié et soudain perçoit la proximité d’un amour qui
attend, par un passage tamisé et vibrant qui l’isolait des tentations
du jour et de la nuit, il voyageait guidé par un chant mystérieux :
dans un singulier murmure aux nuances multiples, cela parcourait tour à
tour toutes les harmoniques, et demeurait cependant toujours pareil.
Appel discret vers des délices imprévisibles, voix suppliante de
quelqu’un connu de toujours, ardemment aimé, mais sur lequel le mental
oublieux est incapable de mettre un nom, cela remettait un coeur
indolent sur la voie juste de la béatitude. Ce chant immortel ravissait
l’oreille enchantée.
Et puis, abaissant la garde de son mystère
impérieux, cela s’estompait dans un murmure virevoltant autour de
l’âme. Cela ressemblait aux plaintes d’une flûte solitaire errante au
long des rivages de la mémoire, et inondait les yeux de larmes de joie
longtemps attendue. Comme la note unique, stridente et ardente d’une
cigale, cela imprimait sa mélodie aiguë sur le silence de la nuit sans
lune et frappait sur le nerf d’un sommeil mystique le rythme de la note
insistante, magique du réveil. Des rires argentés, cristallins comme
ces bracelets de grelots aux chevilles, égayaient les routes du coeur
solitaire ; leur danse apportait une consolation à la solitude
éternelle : une ancienne douceur oubliée venait, accompagnée de
sanglots. Ou bien, se laissant entendre d’un lointain territoire
d’harmonie, cela ressemblait tour à tour au cliquetis rythmé d’une
longue caravane, ou à l’hymne d’une vaste forêt, l’appel solennel d’un
gong de temple, le bourdonnement d’abeilles ivres de miel sur des îles
ensoleillées troublant la somnolence de midi, zélées dans leur extase,
ou encore à la litanie lointaine d’une marée de pèlerins. Des effluves
d’encens flottaient dans l’air vibrant, un bonheur mystique tremblait
dans la poitrine comme si le Bien-Aimé invisible s’était manifesté,
arborant soudain son visage charmant, et que des mains joyeuses
allaient pouvoir s’emparer de ses pieds fugitifs et que le monde allait
se trouver transformé par la beauté d’un sourire.
Il parvint en un royaume immatériel et
merveilleux, refuge d’une passion anonyme et muette ; ayant compris
qu’à chaque sommet répondait un gouffre, il avait trouvé une alcôve qui
pouvait capturer tous les mondes, un point qui était le noeud conscient
de l’Espace, une heure éternelle dans le coeur du Temps. L’Ame
silencieuse du monde entier se trouvait là : un Etre était vivant, une
Présence, un Pouvoir, une Personne unique qui était à la fois et
elle-même et le tout, et chérissait les pulsions suaves et dangereuses
de la Nature, les transfigurant en tempos divins et purs. Cela était
capable d’aimer sans besoin d’amour en retour, d’affronter et de
tourner le pire en le meilleur, cela guérissait les amères cruautés de
la Terre, transformant toute expérience en félicité ; intervenant sur
les pitoyables sentiers de la naissance cela balançait le berceau de
l’Enfant cosmique et calmait tous les pleurs avec sa caresse de joie ;
cela menait les choses maléfiques vers leur bien secret, cela tournait
le mensonge ignoble en vérité joyeuse ; son vrai pouvoir était de
révéler le divin.
(………)
Là, se trouvait la chambre où se façonnent les
mondes. Un intermède était permis entre un acte et le suivant, entre
une naissance et une autre, entre un rêve éveillé et le suivant, une
pause qui infusait une vigueur nouvelle pour exister et réaliser.
Au-delà se trouvaient des régions de joie et de paix, des lieux muets
de naissance pour la lumière et l’espoir et l’amour, et des berceaux de
félicité céleste et de relaxation.