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Commentaire de Pierre R. - Montréal

sur Intégration ou multiculturalisme, l'islam en Occident


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Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 25 septembre 2007 17:51

@ Léon Ouaknine

S’agissant du multiculturalisme canadien, permettez-moi d’apporter un point de vue parfois divergent mais complémentaire. Le lecteur me pardonnera la longueur du commentaire.

Je suis surpris de constater l’interprétation que fait l’auteur du multiculturalisme canadien. Les auteurs de cette politique - et plus tard de sa loi - souhaitaient doter le Canada d’une politique d’intégration visant à aider les gens à surmonter les obstacles raciaux, ethniques, culturels ou religieux. Adoptée en 1988, la Loi sur le multiculturalisme canadien stipule notamment que les institutions fédérales doivent respecter les valeurs durables de respect, d’équité et d’égalité à l’égard des membres des divers groupes. Elle aide à protéger les droits de chaque Canadienne et de chaque Canadien, favorise la pleine participation de tous les membres de la société, souligne le patrimoine diversifié du Canada et reconnaît les vastes contributions de tous les Canadiens sans égard au contexte ethnique, culturel, racial, religieux et linguistique. La Loi exige que les organismes fédéraux intègrent la sensibilisation aux réalités culturelles et répondent aux besoins des Canadiens et des Canadiennes de toutes les origines dans leurs programmes, leurs politiques et leurs services.

En 1971, le Canada devenait le premier pays du monde à adopter une politique officielle en matière de multiculturalisme, laquelle est devenue loi en 1988 lorsque le Parlement a adopté la Loi sur le multiculturalisme canadien, réaffirmant clairement que le multiculturalisme constitue une valeur fondamentale de la société canadienne et du gouvernement du Canada. Les premiers immigrants venaient principalement d’Europe, les immigrants dernièrement entrés au pays viennent principalement d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient. On prévoit que d’ici 2017, un Canadien sur cinq sera membre d’une minorité visible.

Le Programme du multiculturalisme est exécuté à l’échelle nationale et régionale par l’entremise de l’administration centrale, de 5 bureaux régionaux et de 23 points de service d’un bout à l’autre du Canada. Le programme tente de promouvoir, auprès des collectivités ethnoculturelles et ethnoraciales, une citoyenneté active et la participation à la vie communautaire.

Il convient de rappeler que, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les lois et les pratiques d’immigration fondées sur la race empêchaient certains groupes d’immigrants d’entrer au Canada ou limitaient leur entrée au pays. Au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, certains membres des communautés ethnoculturelles et ethnoraciales ont été internés, et on a même saisi la propriété et d’autres biens appartenant à bon nombre d’entre eux. Le 22 juin 2006, le Premier ministre Harper, au nom du gouvernement du Canada, a présenté des excuses officielles aux immigrants chinois pour la taxe d’entrée qui leur a été imposée. Comme mesure de reconnaissance, le gouvernement a offert des paiements symboliques à titre gracieux aux immigrants chinois vivants qui ont payé la taxe d’entrée, ainsi qu’aux conjoints des personnes aujourd’hui décédées qui ont dû payer la taxe d’entrée.

L’auteur aurait dû mentionner que la Loi sur le multiculturalisme, de juridiction fédérale, permet à différentes communautés ethnoculturelles et ethnoraciales de fêter selon les dates suivantes :

1er janvier 2007

Le premier jour de l’année du calendrier grégorien, un calendrier solaire utilisé depuis 1582 par les Églises chrétiennes occidentales, à la suite d’une réforme apportée au calendrier julien. Le calendrier grégorien est utilisé partout dans le monde.

14 janvier 2007

Le premier jour de l’année pour les personnes qui utilisent le calendrier julien, un calendrier solaire qui a d’abord été utilisé à Rome, en 44 avant l’ère chrétienne. Le calendrier julien révisé est utilisé par les Églises orthodoxes orientales.

20 janvier 2007

Le premier jour du mois de Mouharram correspond au Nouvel an du calendrier musulman. Il change chaque année parce qu’il est déterminé en fonction du calendrier lunaire qui compte approximativement 354 jours.

18 février 2007

Nouvel an chinois, vietnamien et coréen. La date du Nouvel an correspond le plus souvent à la deuxième nouvelle lune, après la première journée de l’hiver. L’année 2007 est celle du Cochon.

14 mars 2007

Jour de l’An du calendrier Nanakshahi, un calendrier solaire. Pour les sikhs, ce calendrier a remplacé officiellement le calendrier Bikarami en 2003.

19 mars 2007

Le jour du Bikarami Samvat marque le Jour de l’An pour les personnes qui utilisent le calendrier Bikarami. Par tradition, les hindouistes utilisent ce calendrier qui respecte le cycle lunaire. Des ajustements récurrents sont apportés aux fins d’harmonisation aux années solaires.

21 mars 2007

Le Naw Ruz (ou Norouz) est le premier jour de l’année du calendrier Fasli. On célèbre cette fête le premier jour du printemps. Dans certains cas, la fête est célébrée au moment de l’équinoxe de printemps, soit le 20e, le 21e ou encore le 22e jour du mois de mars.

14 avril 2007

Le Jour de l’An du calendrier national indien (ère Saka), qui comprend les fêtes religieuses et culturelles des Cinghalais, des Indiens, des Birmans, des Cambodgiens, des Laotiens et des Thaïlandais.

13 et 14 septembre 2007

Le Roch Hachanah, Nouvel an juif, commence au coucher du soleil, le premier jour. Le calendrier juif est un calendrier lunaire comprenant 12 ou 13 mois, et auquel des ajustements récurrents sont apportés aux fins d’harmonisation avec l’année solaire.

Selon la tradition judéo-chrétienne, le dimanche est le premier jour d’une semaine de sept jours, et correspond également au jour auquel la plupart des chrétiens assistent à la messe.

Le vendredi est jour de prière dans les mosquées pour les musulmans.

Le jour de repos hebdomadaire dans la religion juive est le Shabbat (ou sabbat), il commence le vendredi, peu avant le coucher du soleil et se poursuit jusqu’à samedi, après la tombée de la nuit.

Dans la doctrine bouddhiste, il n’y a pas de jour précis où les fidèles doivent se rendre au temple pour prier.

Les hindouistes sont nombreux à faire des prières quotidiennes et ils ne se rendent pas au temple au cours d’une journée particulière de la semaine.

Les hindouistes, tout comme les bouddhistes, se rendent au temple à l’occasion de diverses fêtes religieuses.

Jacques Godbout est un écrivain et cinéaste très connu au Québec, au Canada et en France. Il s’est prononcé dans une lettre ouverte au Devoir sur le multiculturalisme. Il définit d’abord en ces termes les accommodements raisonnables : « ces « accommodements raisonnables » se présentent comme des solutions légales aux difficultés vécues par des individus dans leur intégration sociale, que ce soit celles des handicapés ou des minorités ». Il donne en exemple la vie de son quartier : « J’habite un quartier de Montréal qu’un caricaturiste, à l’époque du code de vie de Hérouxville, a baptisé « Érouv’ille ». C’est un lieu où l’on rencontre de nombreux juifs religieux qui obéissent à des règles cultuelles très strictes. Ainsi les hassidim, qui sont condamnés à ne pouvoir effectuer certains gestes que dans leurs demeures le jour du sabbat, ont en effet pensé à installer un « érouv » dans le quartier. Il s’agit d’une construction de l’esprit : en tendant un fil sur le faîte des arbres et en l’accrochant aux poteaux de téléphone, les hassidim croient ou imaginent qu’ils agrandissent leur espace domestique. Ce fil traverse les ruelles et les rues sans égard à ceux qui habitent les lieux, créant pour ainsi dire un espace virtuel. Les citoyens qui ne sont pas juifs hassidim, mais chrétiens ou incroyants, sont symboliquement « enfermés » dans cet espace et réagissent avec violence. Pourquoi ? Le fil de l’« érouv » ne les blesse pas, le symbole les enrage ».

Jacques Godbout poursuit sa réflexion sur la présence de l’Islam au Québec. « Dans le domaine symbolique, l’islam radical fait souvent problème parce que les musulmans intégristes pratiquent un prosélytisme qui, refusant de distinguer la sphère publique de la sphère privée, prétend tout régir ; d’où par exemple leur tentative d’imposer la charia en Ontario. Il est intéressant de rappeler que c’est une députée musulmane québécoise, Mme Houda-Pepin, qui a proposé à l’Assemblée nationale de refuser pareille proposition, ce qui persuada les autorités de l’Ontario à leur tour de rejeter les tribunaux islamiques. Les islamistes insistent pour se présenter armés de leurs symboles religieux dans toutes les sphères de la cité, les écoles, les cégeps, l’université, les cliniques, les hôpitaux ou les prisons en exigeant, au nom de leur pratique religieuse, des « accommodements » qui leur soient favorables ».

Jacques Godbout pose la bonne question : « Le Québec catholique s’est déconfessionnalisé, ou est en bonne voie de le faire. Il n’y a plus de censure religieuse, pourquoi en accepter de nouvelles au nom du multiculturalisme ? » Et, à titre d’exemple, il écrit : « L’égalité entre la femme et l’homme est une proposition laïque à laquelle une majorité de musulmans et de juifs modérés adhèrent, c’est aux organisations religieuses de s’accommoder  ».

En conclusion, l’auteur écrit : « Le multiculturalisme canadien, ou québécois, est une politique naïve et généreuse qui est devenue, par un effet pervers, discriminatoire. En voulant assurer des relations harmonieuses entre les différentes cultures issues de l’immigration, en encourageant chacune d’entre elles à s’épanouir, le multiculturalisme a favorisé la ghettoïsation et l’apparition de barons ethniques qui se sont empressés d’exercer le pouvoir sur leurs communautés. C’est le théâtre des « porte-parole », un imam ici, une jeune musulmane là, un délégué des juifs ici, un évêque à Québec, un conseiller municipal à Chicoutimi et chacun de venir se présenter en victime d’une laïcité intolérante ! »

Ce qu’il faut retenir, selon Jacques Godbout, c’est que : « Nous sommes les jouets de provocations systématiques auxquelles les médias donnent des échos bruyants. Des religieux prosélytes veulent se présenter en victimes ou en martyrs, nous serions de faibles démocrates si nous acceptions d’entrer dans ce jeu  ».

Pierre R.


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