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Commentaire de Bernard Trémeau

sur Banque centrale européenne : quelles pistes de réformes ?


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Bernard Trémeau 16 octobre 2007 16:11

INFLATION ET CHOMAGE

De 1949 à 1968, le Marché Français était un Marché fermé et protégé. Les droits de douane et le contrôle des changes s’opposaient à la libre circulation des marchandises et des capitaux. Une création monétaire trop importante était responsable d’une inflation « raisonnable », inférieure à 5% (sauf en 1958, pendant la guerre d’Algérie). Le contrôle des prix était utilisé pour s’opposer à l’inflation. Ce contrôle imposait en pratique un prix légèrement inférieur au prix qu’aurait imposé l’inflation pour rééquilibrer totalement offre et demande. Une petite partie de la création monétaire excessive conservait ainsi sa valeur. La demande est restée en permanence supérieure à l’offre et les entreprises avaient besoin d’un certain délai pour satisfaire les consommateurs. Il fallait attendre pour obtenir un logement, une voitures ou une machine à laver. Le PIB français a progressé en moyenne de 5,6 % par an, bien plus rapidement que les PIB allemand ou anglais. Non seulement il n’y avait pas de chômage, mais une certaine surchauffe était observée : il fallait importer de la main d’œuvre étrangère.

En 1968 le Marché commun européen décidé en 1957 est mis en place. Il exige une politique monétaire commune et la libre circulation des capitaux et des marchandises. Pour s’opposer à l’inflation les pays européens décident d’utiliser le contrôle de la masse monétaire. Le contrôle des prix et la petite surchauffe qu’il permettait d’obtenir est abandonné. La surchauffe disparaît. Mais la lutte contre l’inflation par le contrôle de la masse monétaire a un inconvénient majeur. En effet, l’inflation a schématiquement deux grandes causes majeures : l’inflation issue d’une création monétaire excessive et l’inflation secondaire à un alourdissement des prix de revient des entreprises. Une augmentation des salaires plus rapide que l’augmentation de la productivité ou une contrainte fiscale ou économique imposée aux entreprises ont un coût. Ce coût alourdit le prix de revient des entreprises,créant l’inflation par les coûts. La banque centrale s’oppose à l’inflation par les coûts en réduisant la quantité de monnaie mise sur le Marché. Elle arrive ainsi à accomplir parfaitement la mission qu’on lui a confié : maintenir l’inflation aux environ de 2%. Mais plus l’inflation par les coûts est importante dans un pays, plus la banque centrale doit réduire la quantité de monnaie non inflationniste mise en circulation. Le pouvoir d’achat est réduit d’autant. Comme l’inflation par les coûts est particulièrement forte en France, la Banque de France a été contrainte de mettre moins de monnaie sur le Marché. Le pouvoir d’achat des Français a été réduit d’autant. La progression du PIB est tombée de 5,6 % en 1968 à 2,8 en 1971, pour stagner ensuite bien souvent en dessous de 2%. Le chômage est donc apparu dès 1970. Le passage à l’euro en 1999 avec la Banque Centrale Européenne n’a pas modifié ce principe.

Enfin, avec l’ouverture du Marché français aux produits étrangers, l’inflation par les coûts a un second inconvénient majeur. Quand les charges salariales, sociales, fiscales ou réglementaires pesant sur les entreprises françaises progressent plus rapidement que les charges pesant sur les entreprises étrangères, les entreprises françaises deviennent de moins en moins compétitives. Or quand l’Allemagne diminue les charges pesant sur ses entreprises, la France continue à les augmenter. Les Européens préfèrent les produits allemands moins cher aux produits français. Le chômage envahit notre pays et le trou de notre balance commerciale se creuse. De 1945 à 1987, une parité fixe liait le franc au mark. 16 dévaluations ont été nécessaires pour redonner de la compétitivité à nos entreprises, soit plus d’une dévaluation tous les 3 ans. (De 1990 à 1998, du fait de la réunification monétaire des 2 Allemagne, l’inflation allemande a été supérieure à l’inflation française). Mais depuis 1999 et l’euro, on est revenu aux habitudes antérieures. Bientôt 8 années sans dévaluation se sont écoulées. La situation de la France devient explosive, car le chômage des jeunes y atteint 24 %. Heureusement des solutions sont possible, mais il y a urgence. Bernard Trémeau, le 19 octobre 2007


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