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Commentaire de SciFi

sur Evolutionnisme : la bestiole qui défie Darwin


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SciFi SciFi 15 janvier 2008 15:12

 

J’aime bien tes articles de Marsupilami, car leur style est agréable et ils permettent de poser un débat. Cependant, je ne suis pas toujours d’accord sur le fond.
 
Le darwinisme et le créationnisme ne sont pas des « théories » opposables : la première est une démarche scientifique tentant d’expliquer un ensemble de phénomènes constatés dans la nature. La seconde n’est pas une théorie, mais un dogme. Les tenants du créationnisme réfuteront donc le darwinisme par la nature de leur dogme. Le darwinisme étant une tentative d’explication, il n’a aucune « position » vis-à-vis d’un dogme.
 
On en déduit que même si la théorie de Darwin se trouvait invalidée, cela ne signifierait pas pour autant que le créationnisme devrait devenir la nouvelle explication : le créationnisme est une croyance, pas une démarche scientifique.
 
On oublie trop souvent que les théories scientifiques sont des tentatives d’explication de certains phénomènes ou bien des modèles imparfaits pour expliquer ces phénomènes. En physique, par exemple, certains constats inexpliqués ont conduit à revoir les théories existantes, mais pas toujours pour les invalider : parfois, cela a permis de trouver une théorie englobante qui n’invalidait pas la ou les précédente(s) (électromagnétisme par exemple) ; parfois cela a permis de créer un nouveau cadre conceptuel. Parfois, on accepte la contradiction et selon ce qu’on étudie, on prend un cadre ou un autre (dualité onde-particule par exemple).
 
Il convient donc de ne pas avoir d’attitude trop tranchées vis-à-vis d’une théorie : elle n’est pas nécessairement la vraie représentation de la réalité (peut-être même jamais), mais plutôt une modélisation de celle-ci permettant de progresser ou d’expliquer de façon simple certains phénomènes.
 
Lorsqu’un scientifique parle de la théorie qui constitue son cadre de travail, il est très affirmatif et son discours pourrait faire croire que c’est la seule explication valable : il est normal qu’il ne prenne pas de précautions oratoires lorsqu’il parle de ses travaux. Par exemple, la théorie du Big Bang qui a fait consensus à une certaine époque, présentée par Hubert Reeves dans de nombreux articles pourrait laisser supposer que celle-ci est la seule explication valable de la genèse de l’univers. Mais quand, après une série d’affirmations sur son travail on lui pose directement la question de la validité de cette explication, il reconnaît lui-même qu’elle est basée sur des suppositions, elles-mêmes adossées à d’autres suppositions, etc. et qu’elle contient intrinsèquement beaucoup de faits non expliqués.
 
Il est possible que le tardigrade conduise non pas à invalider le darwinisme, mais à la compléter, si tant est que la conservation de certains caractères extraordinaires soit vraiment une cause d’invalidation de la théorie. Les adaptations peuvent s’avérer nécessaires si la survie est en jeu, mais sont-elles obligées de disparaître s’il n’y a pas de nécessité vitale ?
 
Prenons comme exemple la transmission de caractères selon les règles de la génétique. Pendant longtemps, on a cru que les lois de Mendel étaient suffisantes pour expliquer comment les gènes s’exprimaient dans le vivant. On a fini par trouver entre autres, que des caractères conjoncturels pouvaient s’exprimer dans une descendance à plusieurs générations de distance, alors que les gènes n’avaient pas pu être modifiés. Cela a conduit à une nouvelle explication, l’épigénétique, qui, sans invalider la génétique, prouve que la présence de gènes dans un génome ne conduiront pas nécessairement à leur expression.
 
Une dernière remarque concernant l’article sur l’évolution de nos caractéristiques humaines (les hamburgers mous qui aboutissent à la réduction de notre dentition, etc.) : je suppose que tu t’es servi de ces arguments comme image et non comme vérité, car l’homme n’est plus vraiment soumis à la sélection naturelle : nos choix de partenaires ne se font pas sur des caractéristiques fondés sur la survie de l’espèce ; quand la nature n’a pas favorisé certains, ils peuvent recourir à des techniques permettant d’enfanter malgré tout, quitte à propager certains défauts.
 
Beaucoup de réactions intéressantes à l’article. Il est dommage que certains fassent de la politique sur un sujet qui pour une fois n’en est pas un. Bravo pour l’article.

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