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Commentaire de Reflex

sur Le système bancaire américain n'a aucune chance de survivre


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Reflex Reflex 24 mars 2008 17:28

Bravo ! Obtenir plus de 100 réactions sur un sujet aussi aride devraient inciter Charles Dereeper à délaisser le trading au bénéfice d’une plume qu’il a enjouée et remarquablement vulgarisatrice. Face au déchaînement des lecteurs, on ne peut que s’incliner devant le talent de l’auteur.

Avec un bémol, inhérent à sa démarche. Vulgarisation rime avec simplification comme l’illustrent trop de réactions à chaud et manifestement réduites à un duel US-France chez les plus obtus, US-UE chez les plus délurés.

Les premiers découvrent la lune et le déficit commercial américain doublé d’un déficit budgétaire endémique. Car, dans un système bipolaire, on constate inévitablement que la gauche prend en charge les mesures impopulaires, arrivant à la suite d’une droite laissant exsangues les Etats qu’elle a gérés au bénéfice des nantis. Le dernier président socialiste français n’avait pas peu déchanté lorsqu’il lui avait fallu épouser "la rigueur". Qui succédera à un Sarkozy constatant que les caisses sont vides et s’empresse d’encore les épuiser davantage, se trouvera en butte à la même désillusion, ramenant encore la droite au pouvoir…

Ce cercle si peu vertueux n’est pas l’apanage de la France. Les Etats-Unis, hérauts du libéralisme, crient aujourd’hui de partout à la rescousse. En Afganistan d’abord, en Irak ensuite, ils tentent d’attirer l’OTAN dans leurs déboires militaires. La planète financière subit un sort comparable, Wall Street s’asphyxiant et appelant les marges des riches bailleurs que sont les fonds souverains.

Toutefois, en 2000 aux yeux de tous, la donne a changé avec la diffusion publique de l’euro et, surtout, l’émergence du conseil des finances. Si — il est vrai — ces politiques se heurtent aux prétendues indépendance et neutralité des banquiers centraux régentant la Banque Centrale Européenne corsetée dans sa mission anti-inflationniste, la monnaie européenne constitue aujourd’hui une alternative ô combien crédible au billet vert. Cabriolant en tête du système monétaire mondial, l’euro contraint à droite un dollar érodé sur sa gauche par le yen et le yuan. Cet étau, s’il daignait s’articuler, pourrait forcer la Federal Reserve à porter le fer dans un système bancaire américain obsolète, responsable des pires crises financières qui sporadiquement démontrent que le libéralisme ne survit que grâce à la nationalisation récurrente des pertes.

Cette nationalisation fait cependant l’impasse sur ses premières victimes, les "salariés pauvres" américains avec lesquels les banques ont cruellement joué. Aujourd’hui privés de logement, demain de moyen de locomotion, ils ne tarderont pas à perdre leur qualité de salarié pour rester simplement pauvres. On peut comprendre l’urticaire du patron de Fortis contraint d’acter plus de trois milliards d’euros de dépréciation de ses créances américaines quand il vient, avec deux compères, d’acquérir un fleuron historique de la banque hollandaise. On voudrait qu’au vecteur US du risque systémique mondial qui menace les moins malsaines des économies, celles-ci imposent une mise sous tutelle de longue durée. Ce pourrait être le rôle de la Banque mondiale si celle-ci n’avait montré si souvent le mauvais exemple.

Il faudra donc se résoudre à trouver de nouvelles ficelles pour rafistoler le système financier américain et rendre espoir à ses victimes. Aujourd’hui proie du dollar faible, la vieille Europe détient néanmoins un pouvoir dont elle n’a plus joui depuis l’orée du XXe siècle. Osera-t-elle en faire usage pour contraindre son partenaire américain à un véritable assainissement de sa situation de faillite virtuelle ? L’heure n’est-elle pas venue, une fois ratifié le traité de Lisbonne, d’imaginer une Banque européenne pour la reconstruction et de développement des USA ?


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