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Commentaire de Forest Ent

sur 2008 année noire, saison 2, épisode 4 : le prix du pain


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Forest Ent Forest Ent 4 juillet 2008 17:45

L’inflation favorise les salaires ... à condition qu’ils suivent. Depuis 26 ans, ils ne suivent plus. C’est il me semble Mitterrand qui a interdit d’indexer les salaires sur les prix. Ca a tué net l’inflation à l’époque. Mais ce qui s’est passé depuis est assez curieux.

Les prix à la consommation n’ont pas beaucoup augmenté, et les indices de prix non plus. Pourtant, les ménages se sont sentis de moins en moins à l’aise à cause de la hausse beaucoup plus rapide des prix du logement. C’est une des raisons pour laquelle les indices de prix ont été si contestés : ils ne peuvent pas rendre compte d’une situation atypique où le logement augmente pendant 15 ans trois fois plus vite que le pain. L’impact sur les ménages est variable : s’ils sont rentiers et possèdent des logements qu’ils louent à d’autres, leur situation s’améliore, et sinon elle empire. Pour résumer cela, disons que les revenus du capital ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus du travail.

Mais cette augmentation ne pouvait pas durer indéfiniment. Arrive un jour où la bulle explose. Une bonne partie du capital perd effectivement de sa valeur, mais le reste se reporte tant qu’il le peut sur des produits réels, à grande vitesse. Pour les ménages salariés, si leurs salaires suivent l’augmentation des prix, tout va bien. Mais il peut aussi arriver que leurs loyers augmentent alors que leurs salaires n’augmentent pas : tout va alors aller très mal. En période de récession et chômage croissant, la motivation des entreprises pour augmenter les salaires ne sera pas très forte. Et même s’il y a un petit coup de frein à l’augmentation des loyers, ils ne baisseront pas, parce que le logement est une nécessité.

Par ailleurs, pour ce qui est du capital qui disparait, il y en a effectivement une bonne partie qui appartenait directement à des personnes physiques. Mais les plus avisés l’ont reconverti en hâte depuis un an. Le reste appartenait à des établissements financiers qui l’avaient fabriqué de toutes pièces. Sa perte de valeur les menace de faillite. S’ils font faillite, ce sont les dépôts qui perdront leur valeur, y compris ceux des ménages salariés. Et pour éviter la faillite, il faut solliciter le contribuable, comme l’a fait la fed jusque ici. Ce qui alourdira aussi la charge des ménages.

En résumé, depuis 20 ans, les revenus se déséquilibrent en faveur du capital, mais cela a été masqué par le crédit facile, et le problème pour les ménages maintenant ne va pas être l’inflation future, mais l’inflation passée cachée dont ils n’ont pas bénéficié.


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