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Commentaire de Dobb

sur Les doigts dans la crise : des Etats en faillite et le FMI qui s'assèche...


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Dobb 8 novembre 2008 00:48

Une différence fondamentale entre la crise de 1929 et la crise actuelle est que la liaison du dollar à l’or ayant été abolie au début des années 70, les banques centrales peuvent aujourd’hui émettre autant d’argent qu’elles veulent.

Pour renflouer les banques privées, les Etats peuvent émettre des bons du trésor et se faire prêter des fonds par ces mêmes banques... en manque de fonds : les bons du trésor émis servant de "garantie" (fantôme) à ces emprunts, ils peuvent être gagés auprès de la banque centrale qui va créer l’argent nécessaire, le remettre aux banques, qui vont le remettre à l’Etat. Cet argent est ensuite réinjecté par l’Etat dans la banque, mais au titre de capital, cette fois-ci. En bref, il s’agit d’un simple jeu d’écritures (aucune richesse n’est produite dans ce tour de passe-passe destiné à rassurer les marchés), dont il ne ressort qu’une chose : que c’est la planche à billets qui renfloue le système. Comme au Zimbabwé, en somme...

Voici un graphique que j’ai trouvé sur un site de la Fed, et qui résume bien les choses :
http://research.stlouisfed.org/fred2/fredgraph?chart_type=line&s[1][id]=BASE&s[1][range]=5yrs

Vous pouvez obtenir des graphiques plus fins en modifiant la plage des dates (date range).

L’hyper-inflation a au moins un gros avantage sur la déflation : c’est qu’elle permet à la grande lessive d’hiver de Kondratiev - la désintégration de la valeur des dettes (et des créances) exprimées en unités monétaires - de s’opérer : une fois lessivées de ses dettes et de l’insolvabilité systémique, l’économie peut repartir (c’est le "printemps" décrit par Kondratiev, qui comparait les cycles du capitalisme aux saisons). Alors qu’un scénario déflationiste à la japonaise serait un long mouroir à l’échelle mondiale.

Je crois qu’il n’y a aucune autre issue que celle de laisser les monnaies actuelles s’effondrer (afin que la valeur des dettes s’effondre). Et d’en créer d’autres, n’engendrant pas d’insolvabilité systémique. Si, au lieu de couver leurs oeufs, de réduire leur activité, et de se résoudre au chômage et à la débâcle, salariés et patrons s’entendaient pour payer et se faire payer en bons d’achat - mutuellisés entre entreprises - (ce type de monnaie n’est pas émise moyennant intérêts, puisqu’elle est émise par les producteurs de richesses eux-mêmes, ce qui ne peut dès lors engendrer en soi une quelconque insolvabilité, contrairement à la monnaie de crédit), plutôt que d’encore respecter ce monopole d’émission absolutiste imposé par l’Etat, ils pourraient passer la crise en douceur.

Quand une banque vous prête 100 euros à du 5% l’an, elle n’émet pas les 5 euros des intérêts que vous devrez rembourser avec le principal (les 100 euros initiaux). Pour trouver ces 5 euros des intérêts, vous devrez forcément aller piocher dans le principal d’un nouveau crédit accordé à quelqu’un d’autre. Celui-ci devra donc non seulement trouver lui aussi l’argent des intérêts, mais aussi boucher le trou que vous aurez causé dans son principal, en piquant l’argent à un tiers. Après plus de 60 ans à un tel rythme, tout le monde est surendetté, l’argent correspondant à ces dettes n’existe absolument nulle part (inutile de "taxer les riches" : ils n’ont pas cet argent non plus !), puisqu’il n’a jamais été émis, et le système ne peut qu’exploser. La monnaie de crédit est un véritable poison. Lorsque jadis, on prêtait de l’or, l’emprunteur pouvait toujours creuser le sol et avoir une chance d’y trouver l’or des intérêts. Mais la seule mine d’euros autorisée par l’Etat, c’est la banque centrale. Et celle-ci ne prête les intérêts que moyennant de nouveaux intérêts. C’est ainsi que l’Etat rend obligatoire la dette boule-de-neige, le surendettement.


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