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Commentaire de leezen

sur Le temps des cerises amères


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leezen 18 novembre 2008 23:08

@ Matozzy,

Je n’aime pas les "textes à messages", ça m’a toujours gonflé. Peut-être parce que quand un artiste commence à "s’engager", il finit tôt ou tard par perdre le sens commun et sombrer dans une sorte de mégalomanie qui consiste à penser à la place des autres. Il en va exactement de même des politiques et de tout ceux qui, derrière une tribune, derrière un micro, derrière une caméra ou derrière un journal, possèdent un peu de pouvoir et d’accès aux médias. Desprogien définitif, je préfère la dérision à toute forme d’engagement. C’est mon droit, non ?

Je n’aime pas les chanteurs "engagés". Est-ce que ça fait de moi un connard qui s’excite sur la starac ? Désolé, non, je ne crois pas. J’aime Brassens, j’aime Brel, j’aime Gainsbourg, j’aime Murat, Bashung, Higelin et Manset, autant d’artistes "dégagés" comme disait Desproges, dont je ne sache pas qu’ils se soient particulièrement investis publiquement pour une cause. Et s’ils l’ont fait, il l’ont fait discrètement, ce qui est encore plus valeureux. Et non, vraiment, je n’aime pas ces artistes dégoulinant de bons sentiments, qui, après avoir chanté pour l’Afrique ou les Restos du coeur en se faisant au passage un bon gros coup de pub, s’en retournent gentiment dépenser leurs millions...

Je ne les aime pas, mais je n’ai rien contre le fait qu’ils chantent, qu’ils tournent, qu’ils fassent du cinéma ou de la politique, qu’ils squattent les plateaux de télé. Ils m’indiffèrent, en fait. Je regarde peu la télé. Je n’ai pas besoin d’eux pour penser. Je me dis que les gens devraient penser plus souvent avec leur cerveau qu’avec celui d’un autre, mais bon, je m’en fous, après tout, ça les regarde, les gens...

Là où Cantat me choque, c’est qu’il y a un hiatus entre son statut de "leader d’opinion" et son casier judiciaire. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’à un certain moment, il faut un minimum de cohérence entre ses propos et ses actes. Il en va exactement de même pour ceux des politiques qui votent les lois, font de grands discours moralisateurs et dans le même temps, piquent dans la caisse ou tripatouillent les marchés d’appels d’offre. Idem pour les prêtres pédophiles.

Je lis sur ce site qu’on s’offense que l’Assemblée nationale ait rendu un hommage à ce député qui a tué sa maîtresse avant de se donner la mort. Je comprends que l’on s’offense, et je suis totalement d’accord. Ce type a tué une femme. Quelle différence avec Cantat ? Au prétexte que le premier est un vilain politique, et le second un gentil artiste, on devrait trouver moins de circonstances atténuantes à l’un qu’à l’autre ? Pas d’accord.

On me dit que Cantat a purgé sa peine et qu’il est redevenu un citoyen comme les autres. Très bien. Qu’à ce titre, il peut se remettre à chanter et à nous dire ce qui va et ce qui ne va pas dans ce bas monde. OK. Alors imaginons un peu ce député de Moselle. Imaginons qu’il ne se soit pas suicidé. Qu’il ait été condamné à une peine de prison relativement courte, car le tribunal l’aurait jugé pour un crime passionnel, forcément moins "grave" qu’un crime crapuleux. Imaginons qu’il ait passé quatre ou cinq ans en prison, et qu’il soit ressorti. Et qu’il ait repris la politique, soit remonté à des tribunes, ait fait des grands discours sur les maux de la nation, sur ce qui doit et ce qui ne doit pas...

L’aurions-nous accepté ?


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