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Commentaire de robocup555

sur Somalie : Piraterie ou Tribunaux Islamiques ?


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robocup555 24 novembre 2008 20:02

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Les idéologues et les pirates

dimanche 23 novembre 2008 - 09h:06

K. Selim - Le Quotidien d’Oran

C’est le branle-bas de combat à cause des actes de piraterie commis par des Somaliens. L’attaque contre le superpétrolier saoudien Sirius Star s’est déroulée très loin des côtes somaliennes (plus de 800 km), alors que la zone était censée être sous haute surveillance.

Si l’on peut comprendre l’émoi des armateurs, des assureurs et même des Etats, il ne faut pas croire que cette piraterie soit le fruit d’une génération spontanée. La Somalie est un pays sans Etat depuis la chute du régime de Ziad Barré en 1991. Les seigneurs de la guerre se sont imposés à la population. La Somalie, hormis sa position géographique dans la région de la mer Rouge où passe une partie substantielle du pétrole mondial, ne dispose pas de richesses qui auraient intéressé les puissances. Elle est restée livrée à elle-même.

En 2006, face à l’anarchie générale et à l’insécurité qui pesait sur les populations, le mouvement des Tribunaux islamiques a réussi à imposer un peu d’ordre. Il s’est imposé aux chefs de guerre. Partout ailleurs, on aurait trouvé normal que dans des situations critiques, où la vie normale devient impossible, des religieux jouent un rôle de rétablissement d’un ordre minimal. Le problème des Somaliens est qu’ils ont l’Islam pour religion et que les Tribunaux islamiques sont apparus en pleine guerre « globale » contre le terrorisme des Américains. Les idéologues de cette guerre n’ont pas apprécié.

Pourtant, si des Somaliens ont pu se plaindre du rigorisme de ces Tribunaux, la plupart ont salué leur avènement comme salutaire au plan de la sécurité. Il fallait sortir de l’anarchie avant tout. Aujourd’hui encore, les Somaliens considèrent que les quelques mois de règne des Tribunaux islamiques ont été les plus calmes et les plus sûrs depuis 1991. Cette période était donc une opportunité unique de se remettre à construire l’Etat somalien disparu. Une pression internationale ou arabe aurait pu convaincre les Tribunaux islamiques de composer avec d’autres courants pour cet objectif. C’était la démarche réaliste.

Mais à Washington, où, selon la formule d’un journaliste britannique, on voit derrière chaque pierre un terroriste arabe ou musulman, on a décrété que les Tribunaux islamiques étaient liés à la nébuleuse d’Al-Qaïda. Sans preuve, la parole de l’Empire étant considérée comme suffisante. Les Etats-Unis ont incité l’Ethiopie à intervenir en Somalie, ce qui fut fait brutalement et les Tribunaux islamiques sont tombés en décembre 2006. La présence militaire éthiopienne aura favorisé l’émergence d’un nationalisme religieux plus radical que celui des Tribunaux islamiques. Le mouvement des Chabab gagne du terrain et il contrôle déjà deux grands ports et la quasi-totalité du sud du pays. L’intervention militaire éthiopienne était bien la pire des choses à faire. Les idéologues américains de la guerre globale, ne s’embarrassant ni de la vérité ni des réalités concrètes, ont créé les conditions pour l’émergence d’un radicalisme islamiste militant, qui était faible, voire inexistant en Somalie. Par simplisme - c’est un tic des idéologues -, ils ont classé les Tribunaux islamiques comme terroristes, après avoir soutenu contre eux les seigneurs de la guerre qui sont la plus grande des calamités pour les Somaliens.

Ce simplisme a donné les résultats prévisibles. Une radicalisation de la rébellion et un accroissement de l’anarchie. La piraterie n’en est qu’une des conséquences.


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