@Antenor :
Je rejoins Spartakus FreeMann
sur les points qu’il a évoqué dans son commentaire en réponse au vôtre. Il
serait somme toute intéressant que vous me lisiez correctement, il me semble
que je fais l’effort d’exposer d’une manière construite et argumentée ma
pensée ; j’aimerai donc que vous en teniez compte dans vos réponses et que
vous ne poussiez pas à la manière de M. Mourey à me répéter encore et encore.
Sur ce, je vais
donc vous répondre, pas dans l’ordre de vos questions, mais d’une façon qui me
permettra d’intégrer tous les éléments essentiels à votre compréhension du
schéma que je vous propose.
Sur ce point
précis, rapide réaction à votre remarque : « Vous refusez les récits concernant Hérakles et les Etrusques mais vous
acceptez ceux évoquant les Thraces et les Cimmériens ? » à quel
moment ai-je donc dit que je me référais en aucune manière que ce soit aux
récits grecs lorsque j’évoque les groupes Thraco-cimmériens ? A aucun
moment, je n’use de ce terme en référence à l’usage qu’en avaient les anciens
Grecs : ce terme qu’il me semble avoir défini clairement renvoie à un
groupe (ensemble) ethnolinguistique localisé dans les espaces danubiens et
pontiques (mais aussi aux marges de l’espace scythique (qui à cette époque est
pré-scythique) et de l’espace caucasien ; espace caucasien bien évidemment
relié à l’espace anatolien par le biais des cultures transcaucasiennes des âges
du Bronze et du Fer.
Donc j’use du
terme « thraco-cimmériens » pour évoquer un ensemble apparenté aux groupes
indoeuropéens : tracho-illyrien, cimmérien ou bien encore pré-scythique…tous
ces groupes étant liés entre eux : culturellement, ethniquement ou
linguistiquement : et qui de par leur nature de cavaliers/guerriers me
permettent d’établir l’axe Est-Ouest déjà défini…bien des fois et de bien des
manières !
Cela étant
précisé, je reviendrai donc à eux plus tard.
Première mise au
point sur votre fin de commentaire : « En ce qui concerne l’hypothèse phénicienne d’Emile Mourey, n’oublions
pas qu’Hérakles est né à Thèbes. Ville fondée par Cadmos, prince de Tyr. Dans
quelle mesure cette ville était-elle encore de culture cananéenne à l’époque
d’Hérakles ? Hérakles ne pourrait-il être considéré du point de vue
tyrien comme un descendant, une émanation de Melquart ? Considéraient-ils
que Melquart agissait à travers Hérakles de la même façon que
les Hébreux pensaient que YHWH agissait à travers Israel ? »
Antenor, le lieu
de naissance d’Héraklès me semble autant difficile à déterminer que son hypothétique
existence : vous ainsi que M. Mourey adoptez une posture-lecture évhémériste qui me fait me commencer à
me poser de sérieuses questions.
Petite
explication :
D’un j’ai
parcouru les articles&commentaires de M. Mourey ainsi que vos
commentaires : je constate que la linguistique ou l’étymologie sont pour
vous deux source à nombre de fantaisies toutes plus délirantes les unes que les
autres : les rapprochement Eduens/Edomites ou bien encore entre la tribu
de Dan et les Tuatha Dé Dânann, ou
l’idée d’un messianisme druidique
pour exemple, témoignent d’un de sérieuses lacunes en linguistique et de deux
d’une capacité créative/imaginative fascinante et enfin une méconnaissance des
systèmes mythologiques, cosmogoniques,etc… .
Bref revenons donc à Héraklès et
Melkart : premier point ces deux noms ne sont en aucun cas reliables,
linguistiquement parlant et second point les notions auxquelles ils renvoient
appartiennent à des registres différents et à des systèmes
culturels/mythologiques complètement différent.
Décomposons Héraklès : Ἥρα + κλέος soit approximativement « Héra-gloire » :
-‘kleos n’est pas relevant pour déterminer où et
ce qui a fait naître le mythe herculéen
-Héra par contre est beaucoup plus
intéressant : les diverses racines probables PIE du nom de cette déesse
nous renvoient toutes à des notions/mots relevant du
du registre agricole : soit saison et donc les repères temporels
(moisson, semailles, ou cycle des saisons…) de toute société de cultivateurs,
soit la terre dans le sens de terre
cultivable, fertile, arable, et enfin finalement l’idée de travail/transformation des produits agricoles (céréales-farine,
lait-fromage,…)
-si j’évoque
l’épithète accompagnant habituellement le nom de cette déesse, soit βοώπις (boôpis) à nouveau je tombe dans le
registre agricole puisque j’imagine que vous aurez facilement fait le lien
entre cette épithète et le terme bovin.
-j’ai donc des éléments suffisamment concrets pour lier Héra et sa
progéniture herculéenne à une société de cultivateurs et à un culte agricole et/ou
bovin primitif : ce qui fait donc du Héraklès originel non pas une figure
héroïque guerrière (celle que vous et M. Mourey choississez) mais bien une
figure agricole.
Passons à MelKart : aisé à
décomposer en m’l’k’ +q’r’t’ les
racines triconsonnatiques étant somme toute évidentes, soit donc Melk+Qart (choix arbitraire pour la
voyellisation de m’l’k)
-donc qu’avons-nous Melkart=
roi/seigneur de la cité/ville : donc référence à une figure divine bien localisée
(cité) et relation à une société urbaine.
-simplement donc un dieu
protecteur/tutélaire citadin pour un peuple de commerçants/marchands et
citadin : un baal (à noter que
la racine b’l’ peut tout autant dire
seigneur que propriétaire ou époux) donc un dieu de l’espace sémitique
protecteur-propriètaire de la ville
Il n’y a donc dans la formation des mythes de Héraklès et de Melkart, appartenant à deux systèmes cosmogoniques
différents et deux espaces ethnoculturels différents aucun rapport :
l’un renvoie à l’agriculture et à une société de cultivateurs, l’autre renvoie
à une société urbanisée.
L’assimilation-confusion entre Héraklès
(grec) et Melkart (phénicien) relève
d’une mécanique d’assimilation/syncrètisme/récupération somme toute assez habituelle
dans les sociétés antiques du pourtour méditerranéen : le transfert soit
conserve le mythe original soit l’adapte au panthéon récepteur. (les exemples
ne manquent pas : le dernier en date : l’adoption du Christianisme né
dans l’aire sémite (paradigme monothéiste,
temps : linéaire) par des
sociétés indo-européennes (paradigme monoholiste,
temps cyclique) :
l’adaptation/récupération a bien lieu (les parallèles entre Trinité et Trimurti témoignent de ce substrat indo-européen).
Bref, à nouveau votre lecture ainsi que celle de M. Mourey sont hautement
spéculatives et relèvent d’interprétations hasardeuses voir rapides.