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Commentaire de Laurent

sur Le communisme en avait rêvé, le libéralisme de marché l'a réalisée...


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Laurent (---.---.93.242) 28 février 2006 16:13

Bien que je ne pense pas beaucoup de bien du livre en question je ne crois pas que je partage entièrement votre analyse. Certes, ce livre n’est pas ce qu’on peut appeler de la littérature, son écriture est tout au plus quelconque. Certes l’intrigue est relativement prévisible et les énigmes qui nous sont proposées sont à peu près du niveau d’un enfant de 12 ans. Par contre je ne trouve pas que ce soit un « pensum illisible » (1). C’est même parfaitement lisible et par le plus grand nombre ce qui est une des raisons de son succès.

Pour ma part je l’ai lu intégralement (en anglais il est vrai, peut être que la traduction est encore moins bonne), sans passion et sans plus d’intérêt que cela, ce livre se lit en deux temps trois mouvements. C’est un livre de piètre qualité, ok.

Le découpage des chapitres est une technique narrative bien connue dans les romans anglo-saxons d’un niveau littéraire limité (comme chez Tom Clancy) mais pas seulement. Par exemple, Tolkien dans le Seigneur des anneaux (qui est quand même reconnu comme une oeuvre littéraire de qualité et ce bien avant que le film ne sorte) emploie une technique similaire. Donc ce n’est pas le découpage qui est en cause mais bien l’écriture elle-même. Quant à l’intrigue de base, bien qu’au final elle soit bien décevante, pourquoi serait-il mauvais de revisiter le mythe de Jésus Christ (oui je sais le personnage a existé, c’est sa filiation que je range au rayon des mythes). Donc l’un dans l’autre si je suis d’accord avec vous sur le côté navrant du succès du Da Vinci Code, je le suis moins avec vos arguments.

Je dirai que c’est justement la facilité de lecture et l’inculture du sujet joint à la pauvreté des énigmes qui sont des révélateurs de la raison pour laquelle ce livre a eu autant de succès. Au final cela signifie qu’il ne suffit pas d’une campagne médiatique pour que les gens lisent, il faut également que l’écriture soit du niveau d’un enfant. Par exemple pour revenir sur Tolkien je ne pense pas que vingt millions d’exemplaires du Seigneur des anneaux aient été vendus depuis la sortie du film.

Et c’est là justement que les choses deviennent effrayantes, car les gens ne sont plus capables aujourd’hui de consacrer des efforts à lire des livres intelligents. Or un raisonnement compliqué ne peut passer que par l’écrit, cela rend donc pessimiste quant à l’avenir de notre société. Et pour revenir sur votre titre, oui, le libéralisme a effectivement réussi à rendre tout discours un tant soit peu évolué inintelligible au plus grand nombre.

C’est finalement l’ultime censure, et pour rester dans les livres cela est très bien décrit par Jean-Christophe Rufin dans « Globalia » (qui n’est pourtant pas son meilleur livre à mon humble avis, je préfère largement « l’Abyssin » ou « Rouge Brésil »).

(1) En terme de pensum illisible je trouve qu’un livre comme « Lauve le pur » de Richard Millet ou des livres de Chrisine Angot (je ne sais plus lequel j’ai lu il y a déjà quelques années) par exemple, sont beaucoup plus illisibles, bien qu’encensés par la critique littéraire.

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