Bonjour, Antennerelais.
Vous avez raison, il existait peu d’annotations sur les partitions baroques, et une grande liberté était laissée aux interprètes. La formation qui exécutait l’oeuvre pouvait d’ailleurs être constituée en fonction des moyens du commanditaire ou des capacités des musiciens. D’où, parmi les rares annotations, celle (ad libitum) qui prévoyait explicitement que tel instrument ou groupe d’instrruments pouvait être absent de l’interprétation.
Que plusieurs notes identiques aient pu donner lieu très tôt à un crescendo (ou un decrescendo), c’est effectivement très plausible, voire probable. Les interprètes modernes sur instruments anciens comme Nikolaus Harnoncourt sont à cet égard très pointus, surtout lorsqu’ils sont par ailleurs d’éminents musicologues, et il convient de s’en remettre à leur jugement.
A noter, à propos de « decrescendo », que le plus bel exemple est donné par Joseph Haydn avec sa symphonie « Les Adieux ». Voulant signifier à son employeur, le Prince Esterhazy, installé pour la belle saison dans son château d’Esterhaza, que les musiciens, absents de chez eux et séparés de leurs proches depuis le début de l’été, souhaitaient regagner Vienne, Haydn écrivit cette symphonie singulière par la fin de son dernier mouvement : un à un, les musiciens cessent de jouer, éteignent le bougeoir qui les éclaire et partent avec leur instrument. L’avant-dernier est Haydn qui cesse de jouer et part à son tour, laissant un violoncelle dont les dernières notes résonnent dans une quasi obscurité. Une supplique pleine d’esprit en forme de decrescendo qui toucha le coeur du Prince : dès le surlendemain, la Cour repartait à Vienne !
Autre magnifique (et récent) exemple de decrescendo (à un seul instrument celui là) : la superbe dégringolade à la contrebasse de la chanson de Nancy Sinatra : « These Boots Are Made For Walkin’ ».