@ jeanclaude
« Attendre encore quelques générations »
? C’est en effet comme ça que ça se présente mais, dans quelques générations,
je ne serai plus là, et mon devoir est d’agir pendant que je le peux pour
rapprocher la destruction de la folle (criminogène) croyance religieuse actuelle
sur la « bonne » violence « voulue par Dieu » mais qu’il
faudrait « bien situer bien interpréter ».
Sur le problème du mal : bien d’accord que la
violence dans l’AT n’est qu’une de ses manifestations. Elle est ancienne,
passée, finie, c’est de l’histoire… Le présent, scandaleux (et c’est seulement
cela qui me scandalise) c’est qu’au vingt-et-unième siècle, alors que la violence
religieuse est toujours effective et que le monde cherche les moyens de s’en
débarrasser, l’église catholique réaffirme à son plus haut niveau que ce
« mal » était voulu par Dieu, adapté aux peuples de l’époque et que,
par conséquent, c’était en réalité un bien.
Ne trichons pas sur cette réalité écoeurante actuelle (nullement fatale,
selon moi, je ne le répèterai jamais trop). Si elle n’existait pas je n’aurais
aucune raison de m’indigner. J’insiste sur un point : le dernier catéchisme a
précisé de manière très ambiguë qu’il faut « bien interpréter » la
violence de l’AT qu’il affirme, même si c’est indirectement, "conforme au
désir de Dieu". Mais la très officielle (très recommandée par l’église)
Bible annotée de Jérusalem, postérieure, a levé cette ambiguïté, et aggravé par ses explications /
justifications la conception qu’en avait à l’époque - qu’en a toujours
aujourd’hui - l’église de Ratzinger et Jean-Paul II. J’ai développé ma
réflexion là-dessus ici :
http://www.centpapiers.com/benoit-xvi-premier-responsable-de-la-violence-religieuse-1/38279
Vous écrivez "Je ne connais pas
d’institution religieuse qui soit revenue à ce point sur ses textes fondateurs.
Cela nous mettrait en porte à faux avec le judaïsme".
C’est le fond du problème : Faut-il réfléchir
sur la réalité pour la modifier et rendre possible un monde pacifique ? Faut-il
plutôt masquer les problèmes créés par la construction passée d’un système (et
d’une communauté de pensée) afin de "ne pas se mettre en porte à
faux" ? L’église a fait le second choix (et l’a solennellement réaffirmé
avec Ratzinger et Jean-Paul II), et j’ai fait le premier.
Je répète que, s’il est si grave aujourd’hui, ce
choix de l’église, ce n’est pas parce que les chrétiens auraient une mentalité
criminogène (c’est devenu extrêmement rare dans le christianisme) c’est parce
que ce choix empêche d’affronter la mentalité criminogène bien réelle de
nombreux adeptes de l’islam qui, eux, passent à l’action criminelle (en
conformité, quoi qu’on en dise, avec les consignes de leur prophète et du
Coran).
Je répète inlassablement que ce mauvais choix de
l’église n’est nullement fatal, ni forcément éternel. Et je répète que le
nécessaire rejet de la conception criminogène ne serait nullement un rejet du
tout de
la religion qui le rejetterait. C’est au contraire l’entêtement à enseigner la
prétendue validité de cette conception qui conduira fatalement les croyants
honnêtes à rejeter le tout si c’est « tout ou rien ». Tout le dogme ou
rien.
Il faut au contraire désacraliser et « dé-dogmatiser » le volet
maléfique du religieux. Cela seulement permettra de sauver le volet bénéfique.
Concernant le judaïsme j’évite en général de m’y
attarder, parce que ce n’est pas nécessaire et qu’il faudrait de longues pages
pour le faire bien. Et aussi parce que je le connais mal. Mais je crois que la
logique judaïque (et déjà hébraïque à l’origine) est moins que le catholicisme
constructrice de dogmes paralysants. Tout simplement parce que la frontière
entre philosophie et théologie y est moins rigide que dans le christianisme (ce
qui permet de très importants philosophes comme Lévinas).
Et même si c’est bien « l’hébraïsme »
qui a créé la conception criminogène de Dieu il y a 2500 ans, il me semble que
c’est le judaïsme actuel qui est le plus apte à le remettre en question. Après
avoir étudié Maïmonide pendant 2 ans dans une synagogue j’ai constaté que
c’était dans le judaïsme libéral de France actuel que je trouvais les
réfléxions les plus proches des miennes. Ainsi le rabbin Daniel Farhi évoque
après moi, même s’il ne lui donne pas tout à fait le même sens, la
schizophrénie engendrée chez les croyants du monothéisme :
"La part de violence imputable aux
religions ne diminuera que lorsque celles-ci renonceront à cette terrible
schizophrénie qui leur fait enseigner un message si vertigineusement différent
de l’exemple dissuasif qu’elles donnent en spectacle depuis toujours" (La
Violence, ce qu’en disent les religions, éditions de l’atelier 2002).
Continuez de réfléchir avec une conscience et un
esprit libres, avec la certitude que « l’église c’est aussi vous ».
C’est ainsi que vous la servirez le mieux. En l’amenant un jour, je n’en doute
pas, à rejeter publiquement, avec d’autres, sa culture de la conception
criminogène de Dieu.