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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Être de gauche, est-ce manquer de lucidité ?


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 20 septembre 2011 12:09

@ Samuel


Beau texte, agréable à lire, intéressant, sensible, humain. L’évocation proustienne est bien vue.
Le reste est à l’avenant. Puis-je me permettre de vous poser une question, à la lecture des deux derniers paragraphes que je cite ici :

 « ...Un homme peut se rendre sublime par un geste de bonté, de justice, de pardon ou de paix. Mais dans l’adversité, il peut aussi se rendre sublime en criant sa volonté de préserver sa vie ou son bien-être, aussi primaire que soit alors son cri. Les belles statues et les beaux temples grecs nous paraissent sublimes par leur perfection. Mais il y a peut-être aussi quelque chose de sublime dans l’homme qui essaie de vivre avec ses imperfections, qui essaie de s’en accommoder en inventant mille trucs et astuces pour en souffrir le moins possible et faire autant qu’il le peut ce qu’elles l’empêchent de faire, le bossu qui vit avec sa bosse, l’unijambiste qui vit avec sa jambe de bois.

Ainsi un projet de gauche pourrait contenir des intentions altruistes, mais pourrait aussi contenir la gnaque d’une société qui veut continuer à vivre. Et sans forcément se priver de beaux rêves, et sans ériger en vertus les imperfections des hommes, il pourrait admettre ces imperfections ainsi que leurs besoins qu’ils ont honte d’avouer, et proposer des aménagement qui nous permettent de vivre avec et de nous adapter à eux, en évitant le plus possible d’en faire des sources de souffrances, et en nous permettant autant que possible de faire quand même ce qu’ils nous empêchent de faire quand c’est souhaitable. »

Ma question est la suivante : pourquoi un projet de gauche ? Faut-il nécessairement voir le monde par cette catégorisation politique désormais obsolète ? L’argument serait identique si vous aviez écrit :« Ainsi un projet de droite etc... ». Il me semble que les idées que vous développez, les sentiments qui vous animent procèdent de tout autre chose, bien au dessus des ces qualifications de droite, gauche, centre etc...qui ne sont plus que les étiquettes de vedettes politiques éreintées, hors d’âge, qu’il faut définitivement mettre dans la poubelle de l’Histoire. En réalité, vous me faites penser au personnage de l’empereur Hadrien dans les Mémoires éponymes de M. Yourcenar, personnage travaillé par un sentiment profond d’humanité, d’ouverture aux autres, qu’il n’arrive pas à cerner. Hadrien - ce qu’il ne sait pas - est tout simplement en train de devenir chrétien. S’agissant de vous - mais je puis me tromper - vous êtes tout simplement en train de réaliser que les valeurs auxquelles vous êtes sensible ne peuvent plus être rangées dans les pauvres grilles de lecture que l’on vous présente. 

« Peut-être qu’il est utile de préciser que tolérer la sensibilité d’autrui ne veut par forcément dire acquiescer à tout ce qu’il dit, mais peut aussi vouloir dire qu’on cherche à comprendre quelles aspirations respectables malgré leur différences il exprime, même s’il les exprime mal, quels problèmes importants et complexes il soulève, même s’il les soulève mal, afin ensuite de lui proposer un compromis sain dans lequel il se retrouve lui aussi. »

Mes compliments pour votre analyse. Bien à vous, Renaud Bouchard



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