• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Argent dette : Unissons nos indignations pour exiger l'abrogation de l'article 123


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 novembre 2011 07:11

Encore une fois, votre exemple a pour thème la contruction sociale d’une réalité (sociale).

Vous opposez avec raison le fait que l’avis des experts ne changera rien au fait que ce qui, en dernier ressort, fait la valeur d’une chose, sa « réalité », c’est ce que vous appelez le marché et que, pour ma part, j’appelle le consensus.

Marché ou consensus, c’est pareil, puisqu’il s’agit de dire que lorsque tous les acteurs s’accordent sur une chose, celle-ci est jugée réelle, c’est-à-dire, cause de l’effet qu’elle suscite.

Ainsi, un livre qui aurait le succès que vous décrivez, amènerait nécessairement à penser que c’est un livre de valeur et pas seulement le produit d’une campagne publicitaire. Par exemple, qu’on aime ou qu’on aime pas, on ne peut dénier une « réelle » valeur à la série des Harry Potter.

Pareillement, lorsqu’un comique sort une blague qui fait rire toute la salle, nous savons que la blague est comique, que le comique est bon (il est « réellement » comique) parce que, précisément, toute la salle a ri et cela, même si nous-même nous n’avons pas ri.

Ce que nous constatons c’est qu’il y a un consensus qui atteste de la réalité du comique en tant que comique. La salle a construit une « réalité sociale », celle du comique en tant que tel. Il est reconnu comme tel.

Ce succès bien sûr le met en joie. Mais qu’il soit comique ou écrivain, il sait qu’il n’est rien de plus éphémère que le succès. Parce que, précisément, la foule est changeante, capricieuse.

Elle pourra se détourner de lui aussi vite qu’elle s’en est entichée. L’exemple de l’œuvre d’art que vous avez donné colle ici très bien : il importe de comprendre que le consensus peut se défaire et souvent plus facilement qu’il ne s’est fait.

C’est là où il apparaît que la réalité incontestable du succès (au moment où le succès est « actuel »), la réalité incontestable de la « valeur » est susceptible, est susceptible de s’évanouir.

Et d’apparaître alors pour ce qu’elle était depuis le début : une réalité sociale, donc une fiction sociale qui ne nous apparaît réalité que tant que persiste le consensus à son égard.

Le consensus disparaît, la valeur, la réalité disparaît. C’est aussi simple que cela.

C’est ce qui s’est passé pour les emprunts russes, c’est ce qui se passe actuellement pour le foncier aux USA, c’est ce qui se passe chaque fois qu’une valeur est à la baisse.

Le consensus se défait.

Et bien actuellement, vous assistez à l’effondrement du consensus sur la « réalité » de la monnaie. Les gens, de plus en plus éduqués , surtout par internet comme je l’ai été, comprennent que la monnaie, ce n’est pas le métal, la chose palpable.

La monnaie, c’est simplement le sceau qui est imprimé sur le métal (ou le papier) par le pouvoir.

Et ce pouvoir, longtemps celui du roi, les gens se souviennent avoir fait une révolution pour le récupérer et ils ne comprennent pas que des politiciens criminels aient pu l’abandonner aux banques.

Et dès lors, par cette simple prise de conscience collective, par ce délitement du consensus pour faire confiance ou crédit au sceau infâme des banques , ce dernier perd toute valeur, il cesse d’être une réalité.

Nous le peuple (We the People comme disent les zuniens) avons ce pouvoir. C’est nous qui créons les réalités auxquelles nous croyons. Et il n’y a pas de limites à cela.

Pour finir ce commentaire (à qui il faut bien une limite  smiley) je ne vois rien de mieux que vous donner cet exemple du peuple US qui a été privé du droit à émission de billets lors de la création de la FED (qui a désormais seule ce droit) mais dont la chambre des représentants a toujours le droit d’émettre des pièces.

Comme je l’ai indiqué dans mon article AA+ et ensuite quoi ? Weimar 2.0 ? - AgoraVox le média citoyen, on discute très sérieusement là-bas de l’émission de pièces de 1 ou 5 trillards de dollars que le peuple US pourrait donner à la FED pour rembourser ses créances.

C’est tout à fait possible d’un point de vue légal, cela ne poserait aucune espèce de problème, sauf peut-être au cartel international de banques que constitue la FED et à tous les investisseurs à sa suite.

Mais ce sera peut-être l’occasion de découvrir que l’on peut faire sans eux…


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès