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Commentaire de easy

sur Nations subalternes et hypothèque impérialiste


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easy easy 19 décembre 2011 13:10

Les expressions ont leur phase de lancement, leur plateau de réussite puis leur descente.

Critiquer une expression à son lancement, pourquoi pas.
La critiquer quand elle est au top, pourquoi pas.
Mais la critiquer quand elle devient dépassée, c’est ridicule.


En l’occurrence l’expression « pays en développement » ou en « voie de développement » était à peu près valable à l’époque où ceux qui la promouvaient se considéraient d’une part plus développés, donc en avance et surtout sur la bonne voie. L’ensemble étant soutenu par le concept de progrès.

Déjà deux siècles plus tôt, des individus critiquaient ce bouquet de concepts.
Dans les années 60, au moment où ce bouquet faisait florès, ils étaient encore plus nombreux ceux qui le critiquaient.

Mais de nos jours, ce bouquet fondé sur le concept de progrès entame sa phase descendante. On va en entendre encore souvent parler mais de moins en moins. Ce n’est plus le moment de le critiquer à moins de ne savoir enfoncer que des portes ouvertes, de ne savoir abattre que des concepts moribonds.

Oui, il y a encore des gens pour utiliser et appuyer leur discours sur le concept de progrès tel qu’il avait été élaboré il y a deux siècles. Mais il faut être aveugle pour ne pas voir qu’il se fissure. S’équiper en électro manager ? Libérer la femme des tâches ménagères pour qu’elle s’épanouisse au travail ? Faire des études ? Vivre un siècle ? Elever les enfants dans du coton ? Ne sont-ce pas là des certitudes de 1960 qui battent de l’aile ? 


A mon sens, vous avez tort d’articuler votre papier sur ce concept de développement qui part en lambeaux tout seul. 

Vous auriez pu faire ressortir les mêmes choses en les articulant sur le bouquet de concepts qui monte, celui du sur-endettement, de la nécessaire décroissance et de la nécessité de proposer comme supports de fantasmes plus d’objets de désir immatériels, de trouver de l’infini dans la finitude et de la musicalité dans le silence.

 

Autre composant de ce bouquet qui se fâne et qui n’est donc plus à critiquer : « L’ascenseur social »



Sinon concernant les pays arabes pétroliers que vous mentionnez. On peut les critiquer. Aisément. Mais ils font quelque chose de différent qui ne saute pas aux yeux. Ces milliardaires ne pratiquent pas le prêt avec intérêt. Ils ne prêtent pas et n’endettent donc personne. Sauf à leur propre état dans le cas de l’Arabie Saoudite.

Ce qu’ils font de leur fric ?
Ils achètent des parts d’entreprises, des actions, des immeubles. Ils se retrouvent donc très concrètement impliqués dans les vraies structures (Disney, Klépierre, Facebook..). Et une fois qu’ils ont acheté un bloc d’actions, ils ne peuvent pas s’en séparer à la minute comme font les traders qui achètent à 11 h pour revendre à 12h.

Quand un milliardaire arabe mise sur un cheval ou un dromadaire, il s’y tient et fait tout pour qu’il gagne. Il ne joue pas la Vente A Découvert, la déconfiture. Il ne spécule pas à la baisse et sait être patient (en manière de Warren Buffett)

D’autres, avec cette montagne de fric mais sans le tabou du prêt avec intérêt, préfèreraient spéculer à la minute et prêter à des personnes surendettées à des taux donc élevés et même revendre leurs créances à d’autres en les diluant d’abord avec quelque solvant.

Leur défaut tient directement du fait même de leur manne qui les rend paresseux et comme ils le savent, ils investissent surtout à l’étranger et ne créent donc pas d’emplois chez eux. Leurs rares emplois vont aux étrangers traités en valetaille et les 35% d’emplois qui leur sont réservés sont symboliques. Ils misent très volontiers sur des innovations étrangères mais ne sont pas eux-mêmes créatifs et ne font pas de recherche.




Enfin, plus généralement, ce n’est pas au moment où notre modèle dit de « progrès » qui ne peut tenir que grâce à une fuite en avant exponentielle, ce qui est, on le découvre, impossible à tenir, qu’on est le mieux placé pour critiquer l’immobilisme millénaire des autres.

Le principe de tradition, d’immobilité ou plutôt de « continuité en l’état » (à des détails près) avait par exemple prévalu en Chine, au Japon, au Vietnam, en Indonésie, jusqu’à l’arrivée des Occidentaux.
Est-ce que notre bougisme et notre changisme leur ont absolument profité ?

Est-ce que l’éradication des gigantesques épidémies et famines qui décimaient régulièrement les populations denses du Monde a été un bienfait absolu ?


Pour ma part, je n’installe pas de valeur sur le seul décompte numérique.
Je ne verrais de progrès absolu que dans l’éradication du bon droit aussi bien individuel que collectif de désespérer autrui.


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