La tirade de « Pomponnette »
je ne peux pas résister au plaisir
Le boulanger : Ah ! Te voilà, toi ? Regarde, la voilà la pomponnette... Garce, salope, ordure, c’est maintenant, que tu reviens ? Et le pauvre pompon, dis, qui s’est fait un mauvais sang d’encre ! Il tournait, il virait, il cherchait dans tous les coins... Plus malheureux qu’une pierre, il était... Et elle, pendant ce temps-là avec ses chats de gouttières... Des inconnus, des bons à rien... Des passants du clair de lune. Qu’est-ce qu’ils avaient, dis, de plus que lui ?
Sa femme : Rien.
Le boulanger : Toi tu dis « rien. » Mais elle, si elle savait parler, ou si elle n’avait pas honte - ou pas pitié du vieux Pompon - elle me dirait : « ils étaient plus beaux. » Et qu’est-ce que ça veut dire, beau ? Et la tendresse alors, qu’est-ce que tu en fais ? Dis, tes ministres de gouttières, est-ce qu’ils se réveillaient, la nuit, pour te regarder dormir ? (La chatte, tout à coup, s’en va tout droit vers une assiette de lait qui était sur le rebord du four, et lape tranquillement.) Voilà. Elle a vu l’assiette de lait, l’assiette du pauvre Pompon. Dis, c’est pour ça que tu reviens ? Tu as eu faim et tu as eu froid ?... Va, bois-lui son lait, ça lui fait plaisir... Dis, est-ce que tu repartiras encore ?
Sa femme : Elle ne repartira plus...
Le boulanger : Parce que, si tu as envie de repartir, il vaudrait mieux repartir tout de suite, ça serait sûrement moins cruel...
Sa femme : Non, elle ne repartira plus... Plus jamais...