• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de abelard

sur Front de gauche : un échec à méditer


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

abelard 29 avril 2012 17:12

C’est toujours très amusant de lire, sous la plume de nos agenouillés du front national, que les idées de la Gauche Radicale, seraient « archaïques », « périmées », « dépassées »...

Il est vrai que les leurs, comme chacun sait, sont d’une nouveauté stupéfiante. La France des cathédrales, dont ils font l’alpha et l’oméga de toute pensée politique, date d’hier soir...

Il paraitrait, à les entendre, que nombre de mises en chantiers ont été annoncées. On projetterait même de construire sur l’île de la cité, en plein coeur de Paris, une cathédrale qui pourrait s’appeler Notre-Dame...

Désolé pour vous mais la jeune idée socialiste n’est pas plus condamnée par le goulag et Pol Pot que le capitalisme ne l’a été par deux guerres mondiales et la destruction programmée de la planète.

Il reste maintenant à analyser les raisons profondes du vote FN.

Comme tout comportement humain, il ne s’agit sans doute pas d’un évènement limpide dont on pourrait extirper quelques causalités simples.
- La faute aux médias.
- L’immaturité politique, l’absence « d’éducation ».
- La peur de l’étranger, le racisme, la bêtise, etc...

Tous ces éléments participent certainement à l’évènement de cristallisation dans le vote Le Pen.
Mais ils ne pourraient paraître que marginaux si l’on tente de prendre l’analyse par un autre côté.

Je suis un dauphinois qui vit à Paris... Et j’ai regardé les résultats de mon département d’origine : l’Isère. J’ai été plus qu’amusé de constater que le vote FN était majoritaire dans quelques uns de mes chers villages de montagne où les habitants ne se comptent que par centaines... Communes garanties sans le moindre travailleur immigré !

Dans ces communautés du Vercors, fortement marquées par les massacres de l’armée allemande, il serait insultant d’imaginer qu’elles puissent se déterminer pour un vote aux remugles pétainiste en oubliant jusqu’aux propres histoires familiales.

Ici, l’étranger commence au village voisin et l’ennemi habite la ville là-bas dans la vallée.

Ici, l’agriculture et l’élevage de montagne ont été sacrifiés sur l’autel de la religion productiviste ; supprimés par Bruxelles : non rentable, non hygiénique, non moderne...

Ici pourtant le marché immobilier bat son plein. Entre rurbains, des gens de la ville, et retraités en quête d’une maison secondaire, c’est tout l’équilibre démographique de ces groupes qui a été bouleversé.
Le propre de l’existence d’un village n’est pas seulement de fournir de l’habitat, mais de permettre d’y travailler pour mener une existence digne.
Les communautés villageoises sont aujourd’hui menacées de disparition.

Dans cette optique le vote Front national pourrait s’exprimer ainsi : « C’était mieux avant ! »
... Et la question que devrait se poser, à mon sens, toutes femmes et hommes de gauche est : « Ont-ils vraiment tort ? »

En effet pourquoi serions nous prisonniers de cette idée néfaste qui lie le progrès humain au progrès économique ?
Pourquoi ne donner comme perspective aux citoyens de notre pays que la croissance éternelle comme remède à tous les maux engendrés par cette même croissance ?

Pourquoi devrions nous accepter, au nom de cette globalisation et de ses promesses, de voir détruits non seulement tous les modes de vies particuliers mais aussi l’idée même de culture ?
Si nous voulons combattre le capitalisme nous devons aussi refuser ses conditions d’avènement, et surtout le modelage d’un individu planétaire dont les mixités revendiquées n’en feraient qu’un « élément déraciné », un simple moment individuel sans passé ni avenir propre à se soumettre au règne de la finance mondiale.

La solidarité n’est pas née dans le mouvement ouvrier, il y a bien plus de coopératives agricoles que de coopératives ouvrières...

Si nous comprenons que les ressources de la planète ne sont pas infinies il est de notre devoir de tout faire pour préserver ces expériences de nos communautés villageoises et la vie traditionnelle qui y est attachée.
Car ces coutumes ne sont en rien des archaïsmes à dépasser, elles témoignent au contraire de l’adaptation millénaire des communautés humaines à un environnement spécifique.

A la fois une science, une sagesse et une morale...


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès