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Commentaire de Senatus populusque (Courouve)

sur Mariage et adoption pour les couples homosexuels : pour ou contre ?


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Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 1er août 2012 11:18

JUVÉNAL (vers 55/vers 140), auteur satirique latin, Satires, II Les hypocrites, 134-136 : « un ami se marie [nubit] avec son fiancé dans l’intimité. Qu’il nous soit donné de vivre un peu, ces choses se feront au grand jour, publiées à l’état-civil. » [Il aura fallu attendre le tournant du XXIe siècle]


« Le premier qui ait introduit le mot « Urning » dans la langue fut [Karl Heinrich] Ulrichs, qui, en 1864, se posa, sous le pseudonyme de Numa Numantius, en défenseur du bon droit des hommes qui se sentent plus fortement attirés vers l’homme que vers la femme. Dans son zèle à défendre cette cause, qui était un peu la sienne (car lui-même avait une nature uraniste) il alla jusqu’à désirer la sanction légale et ecclésiastique du mariage et du commerce sexuel entre hommes ! »

Dr A. Alétrino, « La Situation sociale de l’Uraniste », 1901. [Cf DFHM]


Vers le 20 avril 1866 : le Journal ... des frères Edmond et Jules de Goncourt rapporte « Un joli mot entendu : « On se marie beaucoup, cette année … surtout les hommes ! » »


Heinrich Marx, Urnings Liebe, 1875 : demande l’institution du mariage légal de l’uraniste avec l’homme de son choix ; affirme que ce genre de mariage existe déjà en Albanie.


Toute inégalité, toute différence de traitement, n’est pas une discrimination, ni une injustice, contrairement à ce que nous assène quotidiennement la démagogie égalitariste, comme si le principe de l’égalité des droits devait effacer toute différence concrète. L’égalité des droits des citoyens, libres individus, les uns par rapport aux autres, n’entraîne pas plus l’égalité juridique des couples homo et des couples hétéro, qu’elle n’entraîne l’égalité juridique entre les associations loi de 1901, les S.A.R.L. et les S.C.I., ou encore l’égalité juridique des associations cultuelles et des syndicats. En d’autres termes, l’égalité des droits des citoyens français (article 1er de la Constitution) n’est pas l’égalité des droits conférés par des situations différentes (situations créées par des engagements personnels) ; cette distinction est devenue un principe constant de la jurisprudence du Conseil constitutionnel. L’égalité formelle des droits de l’individu (l’homme, le citoyen) n’implique donc ni l’identité des situations concrètes, ni celle des diverses institutions contractuelles. Gommer les termes « père et mère » dans le Code civil, les remplacer par « parents », (proposition de loi des Verts, Ppl n° 1650), nous rapprocherait davantage du cauchemar d’Orwell (1984) que de la société idéale. 


 La dénaturation proposée de l’institution matrimoniale semble analogue à la démocratisation à la Meirieu de l’institution éducatrice, qui exige, sous couvert d’égalité absolue, que l’acte d’enseignement soit remplacé par la libre expression des uns et des autres, que les sciences dures disparaissent au profit d’une « culture commune », inconsistante mais (parce qu’inconsistante) apparemment accessible à tous ; que la démocratie, oublieuse de ses origines aristocratiques, prétende définir par des procédures démocratiques la culture de haut niveau dont elle est issue. Ni la culture, ni l’anthropologie ne sont cependant solubles dans la démocratie. L’acceptation du mariage pour les esclaves ou les infidèles, les unions mixtes ou interconfessionnelles, en faisant progresser l’égalité des droits, n’ont jamais dénaturé la notion de mariage ; ces réformes se firent au contraire dans le respect intellectuel du sens du mot mariage, sans vider l’institution de sa substance pour la soumettre à un a priori universaliste.


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