Il n’y a pas de « retour » du Religieux, il a toujours été là. Qu’en
Occident, d’une certaine manière, ses manifestations aient en quelque sorte
muté par une influence plus « diffuse » du monothéisme chrétien (donc l’influence
de l’Eglise et des églises) est certes un fait, mais le
« surnaturalisme » lui s’est maintenu. Illustration : si la
fréquentation des églises a connu une nette diminution, courants New Age,
sectes diverses et variées, médiums, astrologues, etc… ont très rapidement comblé
le vide créé (les psychotropes pharmaceutiques aussi) : seul le Religieux en
tant qu’ « institution » a connu un déclin, mais à l’échelle
individuelle cela n’a pas forcément été le cas. C’est une erreur que de
confondre Religion avec les « grandes » religions historiques qui ont
« façonné » en partie nos civilisations.
Et j’ajouterai que plus l’Incertitude (qu’elle soit d’ordre politique,
économique, existentielle, voir « civilisationelle ») s’accroitra, plus
le « surnaturalisme » se renforcera et se développera : puisque sa
fonction première est bien de réduire l’Incertitude : et cela même, en dépit des
avancées scientifiques, qui au final n’ont toujours pas résolu des questions
fondamentales telles qu’est-ce que l’univers au final ? Qu’est-ce que notre
esprit ?
(et vraisemblablement la Science « humaine » n’y parviendra pas : en
tout cas pas au stade « humain » : peut-être que notre descendance
post-humaine (au cas où ce stade serait atteint : la condition étant que notre
espèce ne s’autodétruise et ne s’autogénocide pas avant) y parviendra.)
A chaque question résolue, une multitude de nouvelles apparaissent :
certaines « supportant » indirectement les hypothèses
« surnaturalistes » (cf. « similarités » entre physique
quantique et religions orientales ; la non-résolution de l’épineuse question de
la question et les hypothèses dualistes, etc…) et si ce n’est le cas, offrant
au Religieux la capacité de se développer et muter : ce qui est une constante
historique : à chaque « bond » fait par notre espèce correspond un bond
(mutation) du Religieux dans ses manifestations et son discours.
En reprenant l’hypothèse évolutionniste, on pourrait dire que c’est là
notre « lot » : l’évolution nous ayant doté d’un cerveau hypertrophié et
d’une conscience qui certes nous rend à même d’étudier notre univers et d’en
faire une expérience « plus » subjective que pour d’autres formes de
vie, mais d’un autre côté cette hypertrophie de nos capacités étant limitée,
nous sommes condamnés à ne jamais comprendre le « pourquoi » : le
paradigme matérialiste actuel faisant que la Science a avant tout une approche
fonctionnaliste, mécaniste et bien entendu matérialiste : seul le
« comment » est envisageable : le « pourquoi » risque de
demeurer pour longtemps (ou à jamais) le domaine du Religieux.
Enfin, rappelons qu’au vu de l’évolution démographique « boomique »
des dernières décennies : en proportion, le nombre d’athées n’a fait que se
réduire : ce qui risque de continuer pour encore quelques décennies.
Bref il faut repenser le rapport au Religieux, et repenser les rapports
entre athées/areligieux/non-religieux et religieux/« surnaturalistes » :
la seule confrontation violente (physique ou non) et/ou permanente mènera à une
impasse si ce n’est pire.