’’L’augmentation considérable des richesses vient justement du fait que le
privé génère une plus value qui lui permet non seulement de payer le
coût de sa propre activité, mais aussi de payer le coût de l’activité
collective.’’ (TDK1)
Ridicule de chez Ridicule !
Les vertus oubliées de l’activité non marchande :
’’ Faisant un détour par John Maynard Keynes et par Karl Marx,
Jean-Marie Harribey s’attache à déconstruire les idées banalisées du
libéralisme, telles que « c’est l’activité marchande qui paie le
non-marchand », ou encore « c’est le consommateur qui crée la valeur ».
En renversant complètement les données (autrement dit, en remettant ces
idées sur leurs pieds), il montre, par exemple, que « les travailleurs
des services non marchands produisent le revenu qui les rémunère ».
L’économie n’est pas un jeu à somme nulle où ce que produit l’un est
pris sur l’autre. Et la richesse socialisée n’est pas moins richesse que
la richesse privée, au contraire.« »Pour évacuer l’idée que le
financement d’une activité non marchande proviendrait d’un prélèvement
sur le fruit de l’activité marchande, plaçons-nous dans une hypothèse
irréaliste aujourd’hui, mais qui vaut pour la logique d’un raisonnement
« à la limite », dans une perspective dynamique. Supposons que la sphère
non marchande s’élargisse progressivement et que le paiement des biens
et services qui y sont produits soit socialisé par l’impôt. Si la part
de cette sphère dans la production totale tendait vers le maximum de
100 %, il serait impossible de considérer que son financement est assuré
par un prélèvement sur une sphère marchande en voie de
disparition.« … »Ainsi, dans toutes les sociétés capitalistes
contemporaines, se combinent principalement trois formes de mise en
œuvre des capacités productives. La première, dominante, concerne le
travail salarié qui aboutit à une production de valeur marchande
destinée à grossir le capital. La deuxième concerne le travail salarié
dans les administrations produisant des valeurs d’usage monétaires bien
que non marchandes (éducation et santé publiques). Enfin, il existe un
troisième pan de l’activité humaine, dans la sphère domestique ou dans
le domaine associatif, dont le produit est non monétaire. L’idée
soutenue ici est que les deux dernières ne sont pas nées d’une
soustraction au produit de la première, ni à celui du travail
indépendant’’
’’Pour renvoyer le discours libéral au musée des idéologies (id
précédent) : L’expression « les impôts financent les dépenses
publiques » est trompeuse. L’ambiguïté provient de la confusion entre
financement et paiement. La production capitaliste est financée par les
avances de capital en investissements et salaires, avances dont la
croissance sur le plan macroéconomique est permise par la création
monétaire ; et les consommateurs paient. Quel rôle joue l’impôt
vis-à-vis de la production non marchande ? Il en est le paiement
socialisé. Le contribuable ne « finance » pas plus l’école ou l’hôpital
que l’acheteur d’automobile ne « finance » les chaînes de montage
d’automobiles. Car le financement est préalable à la production, que
celle-ci soit marchande ou non marchande. Et le paiement, privé ou
socialisé, lui est postérieur. Enfin, l’activité productive
supplémentaire engendre un revenu et donc une épargne supplémentaire qui
vient s’ajuster à l’investissement déclencheur, tant privé que public.
Il convient donc d’apporter une réponse logique à un problème d’ordre
également logique : l’économie capitaliste étant une économie monétaire,
pourrait-on effectuer des prélèvements sur une base qui n’aurait pas
encore été produite et, pis, qui devrait résulter de ces prélèvements ?
Puisque c’est logiquement impossible, le retournement s’impose : la
production non marchande et les revenus monétaires qui y correspondent
précèdent les prélèvements. Autrement dit, et c’est là le point crucial
pour renvoyer au musée des idéologies le discours libéral : les
travailleurs des services non marchands produisent le revenu qui les
rémunère.’’
’’Il y a deux impensés dans l’idéologie libérale. (non pensée) :
Premièrement, ce sont les travailleurs du secteur capitaliste — et non
pas les consommateurs — qui créent la valeur monétaire dont une partie
sera accaparée par les capitalistes, et ce sont les travailleurs du
secteur non marchand — et non pas les contribuables — qui créent la
valeur monétaire des services non marchands….l’économie capitaliste est
un circuit dont les deux actes fondateurs sont la décision privée
d’investir pour produire des biens et des services marchands et la
décision publique d’investir pour offrir des services non marchands.
Autrement dit, les « prélèvements obligatoires » sont effectués sur un
produit intérieur brut (PIB) déjà augmenté du fruit de l’activité non
marchande.’’