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Commentaire de Lord WTF !

sur De l'animal à l'homme par l'invention du religieux : retour sur le modèle sacrificiel de René Girard


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Lord WTF ! Lord WTF ! 4 août 2013 01:42

 smiley …le caractère succinct autant que la brièveté m’apprendra à m’épancher…donc je vais faire succinct/bref (bien entendu comparé à mes coms précédents)

 Sinon dans les deux cas que vous citez : nul besoin de passer par le modèle girardien : des alternatives crédibles, si ce n’est valides existent :

 Concernant le pouvoir « cathartique » du sacrifice : généralement conçu comme permettant de OU maintenir/restaurer l’ordre/équilibre, ou de réparer/guérir un désordre/déséquilibre en attribuant « arbitrairement »  à tel « objet » (que cet objet soit animal, humain, végétal, etc… ou relève d’un rituel particulier, etc..) : il existe un phénomène très commun qui opère de la même façon, connu autant des scientifiques que de n’importe quel medicine-man ou charlatan en quête d’easy&fast cash : l’effet placebo : à savoir l’attribution à un objet d’un pouvoir guérisseur
- toute pathologie pouvant se définir comme un désordre/déséquilibre comparativement à l’état sain (ordre/équilibre)

 or pour reprendre l’approche évolutionniste de LLS : il s’avère que cet effet placebo serait aussi une adaptation, à entendre en terme de coûts/bénéfices (i.e. : mobilisation des défenses immunitaires que si cela présente un avantage) : relevant de la façon don’t le cerveau va traiter/sélectionner diverses informations lui permettant d’évaluer la probabilité de guérison ou non, en fonction de ce qu’il CROIT et en termes de rapport coûts/bénéfices : et donc l’effet placebo s’apparente donc à tromper le cerveau sur la base de fausses informations : i.e. la l’attribution erronée d’un potentiel guérisseur à tel objet (substance, pratique, etc…) : le cerveau convaincu que la pathologie est traitée, ne mobilise pas les défenses biologiques : trop coûteuses. L’effet placebo serait donc, d’un point de vue évolutionnaire, une réponse évolutionnaire (auto-traitement) permettant de limiter la mobilisation du système immunitaire à chaque désordre pathologique (la fièvre, par exemple est une autre de ces réponses évolutionnaires ou auto-traitement puisqu’elle permet de neutraliser bactéries ou virus par simple élévation de la température : donc pas de mobilisation immédiate et coûteuse du système immunitaire) : ici je résume succinctement l’approche en médecine évolutionnaire.

 Donc pour faire court : on a entre effet placebo et pratique sacrificielle : plusieurs points communs, et notamment un d’importance : la CROYANCE et la capacité des croyances/convictions d’attribuer tel ou tel pouvoir guérisseur/réparateur à tel objet, pratique, etc…

 L’effet placebo ayant été observé chez les animaux : principalement les domestiques, notamment le chien : mais là parasitage du à relation maitre/animal, donc pas le meilleur exemple donc cherchons ailleurs chez moins domestiqués : le hamster de Sibérie qui lui aussi semble connaître cet effet placebo puisqu’une simple variation de la lumière dans sa cage, provoquera la mobilisation ou non de son système immunitaire : dans les deux cas il guérira : effet placebo donc agissant. Il semble aussi que l’effet placebo soit plus important chez les nourrissons et les enfants.

 Tous ces éléments permettant donc de supposer que chez le proto-humain ou humain « primitif » l’attribution « arbitraire » d’un pouvoir guérisseur à tel objet ait été connu : puisqu’existant autant chez l’animal que chez l’humain au développement incomplet : vu que le mécanisme impliqué et les ressorts de l’effet placebo sont plutôt similaires à ceux du sacrifice : nul besoin d’envisager de « meurtre originel » comme origine des pratiques sacrificielles : l’attribution arbitraire d’un pouvoir guérisseur/réparateur ou « cathartique » à tel objet (substance, pratique, acte…) étant antérieur : de plus si on imagine une proto-humanité ou humanité « primitive » comme opérant principalement par « pensée magique » (stade « infantile ») ou « intuition » : et donc envisageant des relations de cause à effet fictives : à nouveau l’origine des pratiques sacrificielles peut se passer du modèle girardien (désir/rivalité/conflit mimétique), enfin le conditionnement observé autant chez les animaux que les humains lui aussi offre une alternative quant à cette attribution « arbitraire » de tel ou tel pouvoir à tel ou tel objet : le conditionnement opérant autant à l’échelle individuelle que culturel (= échelle d’un groupe) : à la différence de l’effet placebo par exemple limité à l’individu malade (le médecin sachant que le placebo n’a aucun pouvoir de guérison « objectif »)

 Enfin, un point important ici est cette idée de rapport coûts/bénéfices : notamment dans l’étude du fait religieux et plus particulièrement des communautés religieuses : à savoir l’observation répétée que plus le coût (que ce soit au niveau des pratiques, rituels, ou socialement) sera élevé pour le croyant (membre de telle communauté) plus les bénéfices escomptés seront élevés (notamment au niveau solidarité entre membres, prise en charge des malades, invalides, veuves, orphelins, etc…) : une des explications étant que cela permet l’élimination des « free riders » (ou parasites si vous préférez) :

 Illustration de ce qui est entendu par coûts : pratiques contraignantes (notamment au niveau corporel ou pour ses implications sociales : ostracisation) : mutilations rituelles (circoncision), règles régentant chaque geste du quotidien, code vestimentaire, etc… pour les bénéfices ce sera principalement la constitution de réseaux de solidarités « exclusifs » que ce soit en terme d’assistance (argent, soins, accès à un emploi), prise en charge des membres les plus faibles, etc…

 Bref comme exemple : les communautés ultra-orthodoxes : vivant selon les 613 or so miztvots, se baladant en toques et fourrure alors qu’il fait 45° à l’ombre, circoncision, halakha, diète stricte, etc… sans parler du coût social (que ce soit aujourd’hui que bien entendu au cours du Passé) avec en contrepartie des réseaux d’assistance et solidarité aussi exclusifs qu’efficaces…

 L’observation de tel type de communautés conduisant à faire ce constat : a) que les communautés les plus exigeantes en termes de coûts pour le membre ont une durée d’existence supérieure à celles moins exigeantes – plus le coût sera élevé pour les membres, plus la communauté sera homogène et donc pérenne, et b) que plus une communauté sera exigeante, plus elle attirera – comparée à d’autres apparentées moins exigeantes : c’est ce qui est observé par exemple dans les communautés « évangélistes » yankee : les plus « hardcore » sont celles qui connaissent la progression la plus importante en nombre de membres.

 Or pour en revenir au sacrifice : que l’on parle d’un humain ou d’un animal ergo d’enlever la vie : en termes de coûts rien de plus élevé – que ce soit en termes strictement matériels (potentiel « économique ») ou en termes « moraux » : ici, on peut donc inscrire les pratiques sacrificielles dans cette logique de pérennisation/homogénéisation d’un groupe singulier, sans à nouveau invoquer mimétisme ou autre : les membres d’une communauté X sont prêts à tel sacrifice « arbitraire » –que ce soit sur leur personne (rituels, jeûnes, diète stricte,vêtements inadaptés, corvées, sexualité régulée, etc…) ou une autre, à la condition que le coût laisse escompter des bénéfices autant exclusifs aux membres –priorité par rapport aux étrangers au groupe ou aux « parasites », qu’assurant la protection de l’individu que la pérennité du groupe.

 Et historiquement, le cas du groupe juif valide largement cette perspective en termes de coûts/bénéfices notamment la relation entre coût « élevé » et pérennité du groupe en dépit d’un environnement « hostile » ou de l’ostracisation conséquente : de même que x autres groupes (Amish et autres sectes par exemple : ou même les salafistes suburbains post-modernes avec burka et tenue de berger pachtoune inclus).

 Quant à " l’impossibilité a peu prêt complète de comprendre comment on en arrive a se lancer des oreillers sur la gueule comme si sa vie en dépendait.. " : la même idée relative au pouvoir de suggestion, d’auto-induction ou d’état de conscience altérée peut être employée ici aussi : la fureur polochonique pouvant être comparée à celle des berserker nordiques, des soldats sur la ligne de front mais aussi des mémés addict au bridge ou au bingo, à n’importe quel pratiquant d’un sport collectif, un accroc au poker, aux videogames, etc…voir même à ceux qui ne sont que simples spectateurs (fans de foot par exemple qui vont balancer leur écran LDC XXL acheté à crédit parce que cet enc… de X a raté son penalty).

 Dans tous les cas : l’état « normal » de l’agent conscient/intelligent humain se voit altéré ou modifié : forme d’ « hypo-transe » si vous préférez –quoique dans des cas extrêmes transe hystérique soit approprié : donc un état auto-induit ou autosuggéré où par exemple capacités de raisonnement se voient court-circuitées/neutralisées : régression à un état « pré-rationnel » avec focus sur un et un seul but aussi dénué de valeur qu’il soit : pour rappel l’être rationnel régressant à ce type d’état descend de l’espèce prédatrice la plus efficace connue à ce jour : avec ce que cela implique lorsque ses instincts remontent à la surface. Sinon concernant les états de transe (hystérique ou non) d’états mofidiés de conscience, ils peuvent OU (parfois) être spontanés, ou ne pas nécessiter l’emploi de tambourins, de psychotropes, de répétition mantrique, etc... moi-même un simple voyage en train (bon les anciens qui font tchh-tchh...) me suffit pour entrer dans un état semi-conscient...où se mêlent allègrement rêveries, pensées et le background « réel »...

 Dans tous les cas aussi, évolution dans une réalité elle aussi altérée/modifiée et bornée (i.e. : règles, terrain, espace limité, etc…) : bref on est hors-normalité (quelque soit la définition de cette normalité selon tel paradigme donné) : on opère dans le domaine du JEU qui comme la Religion implique d’opérer temporairement dans un domaine où les ’règles" habituelles n’opèrent plus, ou pour donner dans le littéraire : un processus proche de la suspension consentie de l’incrédulité avec ici des conséquences plus « sérieuses » que la lecture d’un Harlequin où tel nabab multimilliardaire s’éprend d’une soubrette moche comme un pou et bien entendu sans le sou...néanmoins pendant le temps de la lecture, on y croit, on ressent, on chouine, etc...on espère que Jill épousera Marco, et que c’est là ce qu’il y a de plus important au monde hic et nunc...réactions tout aussi « anormales » ou « absurdes » et donc incompréhensibles que celles faisant d’une victoire polochonesque l’ultime absolu...mais again pendant un « temps »...

 Si un individu peut se mettre dans cet état de "fureur polochonique" même en étant seul (de plus en plus courant avec les addicts aux video-games et le développement d’internet : qui voit nos contemporains s’exciter tout seul devant leur écran), OU si je peux induire cet état chez un individu par simple suggestion (le berserker, le soldat ou le sportif) aucun besoin d’invoquer quelque contagion mimétique…

 Et again, je n’ai pu m’empêcher de m’épancher … smiley mais bon promis après ma réponse à LLS, je me calme...

 

 


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