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Commentaire de Dudule

sur D'où viennent les Bretons ?


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Dudule 21 mars 2014 20:54

Tedj et Cedrycx :

Ma mère est savoyarde et m’a raconté une version très différente du refus d’apprendre le patois, en l’occurrence le savoyard, par mon arrière-arrière grand père à mon arrière grand père. C’était simple : un mot de patois prononcé, une journée au pain sec et à l’eau.

Parler le patois, c’était être l’idiot du village. Les gens qui parlaient français pouvais faire du commerce, des études ou simplement vouloir aller vivre ailleurs si le cœur leur en disait. Les gens qui ne parlaient que le patois restaient au cul des vaches. C’est une réalité de la fin du XIXième, début XXième siècle.

C’était être l’idiot du village de parler patois, d’autant plus qu’il n’y avait pas un patois Savoyard (comme il n’y avait pas un patois Breton), mais que les gens de la région d’Evian (d’où ma mère est originaire, le Chablet en fait), avait beaucoup de mal à se faire comprendre à Annecy.

Je n’aime pas du tout ce discourt qui consiste à dire que la République a tout fait pour éradiquer les langues régionales. La République n’en avait strictement rien à faire (à tord ou à raison). Elle voulait simplement que tout le monde parle français, et la monarchie qui l’avait précédé avait déjà fait l’essentiel du boulot (je fait ici référence à la monarchie de Juillet et à la troisième République), puisque c’est Guizot (ministre de Louis Philippe) lui même qui a imposé le français à l’école. L’école gratuite, laïque et obligatoire existait avant la 3ième république, sauf qu’elle n’était pas laïque et quasiment obligatoire, mais déjà en français. La 3ième république n’a fait essentiellement que remplacer le curée par l’instit, et c’est bien ce que beaucoup lui reproche (voir le discourt de Latran de Sarko...). La mini-guerre de religion qui s’en est suivi, à coup de baffes dans la tronche (ça n’a jamais été plus loin...) entre les partisans du curée et les partisans de l’instit, on en rigole encore dans nos montagnes...

Maintenant, si vous avez vraiment raison, vous allez m’expliquer comment des Suisses, par exemple, qui n’ont jamais (ou très très brièvement sous le 1er Empire pour certain d’entre eux) été français, qui parlaient grosso modo le même patois que les Savoyards, se retrouvent à parler Français... Il s’est passé ce qu’il devait se passer, c’est tout, en Suisse comme dans les deux Savoies : le français à fini par supplanter des langues beaucoup trop locales, beaucoup trop minoritaires, et la République n’y est pour rien.

On pourrait peut-être lui reprocher de ne pas avoir défendu ces langues minoritaires si elle ne l’avait pas fait : l’enseignement des langues régionales est devenu optionnel au collège et au lycée dés que l’on s’est aperçu que leurs disparition était un appauvrissement culturel, c’est à dire dés le milieu des années 70... Les élus régionaux auraient pu s’en préoccuper avant, ça aurait sûrement été pris en compte. En fait, la IIIième République (tant vilipendé sur ce point) n’a jamais refusé que des gens parlent patois savoyard, occitan, breton, basque... Elle s’est simplement préoccupé d’apprendre le français à tout le monde, tout comme la monarchie et le IIIième Empire qui l’ont précédé.

C’est tout, il n’y a pas eu de complot des immondes républicains sans Dieu pour l’éradication de minorités opprimées.


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