"L’éradication de la grande pauvreté se reflète dans un objectif qui
dit « réduire de moitié la proportion des personnes vivant avec moins
d’un dollar par jour ». Néanmoins, la pauvreté dans la plupart des Etats membres de l’UE est en général une pauvreté relative.
La pauvreté relative
La pauvreté relative désigne une situation dans laquelle le mode de vie et le revenu de certaines personnes se situent tellement en-deçà du niveau général de vie
dans le pays ou la région où ces personnes vivent que celles-ci luttent
pour mener une vie normale et pour participer aux activités
économiques, sociales et culturelles courantes. La gravité du problème
varie d’un pays à l’autre en fonction du niveau de vie de la majorité
des citoyens. Bien qu’elle ne soit pas aussi extrême que la pauvreté
absolue, la pauvreté relative est toujours très grave et préjudiciable.
Le processus d’inclusion sociale de l’Union
Européenne se base sur une définition de la pauvreté en termes relatifs
(voir encadré ci-dessous).
Qu’est-ce que la pauvreté relative ?
une personne est reconnue comme vivant dans la
pauvreté si son revenu et ses ressources sont insuffisants au point de
l’empêcher d’avoir un niveau de vie considéré comme acceptable pour la
société dans laquelle il vit.
En raison de la pauvreté, cette personne peut se trouver défavorisée de multiples
manières : chômage, faible revenu, logement insalubre, soins de santé
inadéquats et obstacles à son accès à l’apprentissage tout au long de la
vie, à la culture, au sport et aux loisirs. Elle est souvent
marginalisée et exclue de la participation aux activités (économiques,
sociales et culturelles) qui sont la norme des autres personnes, et son
accès aux droits fondamentaux peut être restreint.
Commission Européenne, Rapport Conjoint sur l’Inclusion Sociale 2004
La réalité de la pauvreté
Néanmoins, ces définitions “officielles”
ne reflètent que rarement la réalité de la lutte quotidienne des
personnes en situation de pauvreté. Afin de mieux comprendre cette
dernière, il est essentiel d’interroger les personnes concernées sur le
sens de la pauvreté et de les impliquer directement dans la définition
et la réalisation de solutions. EAPN s’est engagé à faire entendre la voix des personnes en situation de pauvreté
lorsqu’elles décrivent et définissent la pauvreté (voir encadré
ci-dessous) et à promouvoir leur participation active dans la
conception, la réalisation et le suivi des politiques et des programmes
destinés à éradiquer la pauvreté.
Que pensent les personnes en situation de pauvreté
La pénurie de biens de première nécessité
“Je ne peux me permettre que la nourriture bon
marché ; les fruits et les légumes pour les repas des enfants sont trop
chers ; le poisson n’est pas abordable ; “les aliments sains » sont trop
chers pour moi.”
“Le problème, ce n’est pas que l’on manque
d’argent à l’occasion. Le vrai problème, c’est que ce manque d’argent
dure toute notre vie et que nos enfants grandissent également dans ce
schéma.”
“En Espagne, les appartements pour touristes sont
vides pendant la basse saison. D’un autre côté, il y a des tas de
sans-abri qui n’ont pas de toit au dessus de leur tête. Comment
expliquer ces injustices à nos enfants ?
L’isolement
“J’ai perdu des amis car je ne peux pas
participer à leurs activités ; même la participation à des groupes
d’entraide demande du temps et de l’argent ; je n’ai ni le temps ni
l’argent pour participer à des discussions”
“Je ne peux pas m’offrir de journaux quotidiens ; les livres, et surtout la littérature scientifique, coûtent trop cher”
La bureaucratie et le manque d’information
“ Le système est trop compliqué, je ne sais pas où trouver quoi”
“J’ai dormi dans des cartons. J’avais le choix
entre mourir dans la rue ou reprendre ma vie en main. Je me suis adressé
aux services sociaux pour qu’ils m’aident à trouver un logement. Je me
suis retrouvé face une très lourde bureaucratie. J’ai du raconter mon
histoire plusieurs fois, la répéter encore et encore et cela a pris des
années avant que je n’obtienne un logement.
“A chaque fois que je raconte ma vie à des
fonctionnaires, je reçois beaucoup de compassion mais les règles font
obstacle à une aide efficace”
Le manque de respect et le désespoir
“La façon dont les gens vous regardent est humiliante. On ne vous considère pas comme un être humain”
“Parfois, vous avez l’impression que les animaux
sont mieux protégés car si vous battez un chien, vous serez puni et irez
peut-être en prison alors que si vous battez une personne, je ne suis
pas convaincu que vous soyez toujours sanctionné…. Mon sentiment est que
les chiens sont mieux respectés et mieux traités que les Gitans.”
“Cela fait des années que je ne vois rien évoluer. Je n’ai pas d’avenir."
“Je me sens un peu comme Don Quichotte. Je me bats contre des
moulins à vent ici et là et il n’y a plus véritablement d’espoir”.
Pas d’emploi décent
“Je n’ai pas de travail ni de logement. Comment faire ma vie si je n’ai pas d’emploi ?”
“Je dois bien admettre que je travaille dans
l’illégalité et ce n’est pas parce que je ne suis pas une bonne
personne. Je suis totalement conscient des conséquences, mais c’est le
seul travail que j’ai trouvé.” "