njama
C’est le judaïsme lui-même, et l’islam lui-même qui ont une très
forte composante politique, pas seulement le sionisme et l’islamisme. Et c’est
dans leur théologie et leurs textes sacrés que cette composante s’exprime
clairement.
Le christianisme s’est, lui aussi, rapidement constitué en se
donnant des buts politiques, mais c’est en
trahissant son prophète Jésus de Nazareth et les Évangiles exprimant son
message qu’il s’est ainsi constitué. Par rapport à « l’idéologie politique » on peut dire que Jésus a tenté, au
contraire, d’en éloigner ses coreligionnaires hébraïques et ses apôtres
(« mon royaume n’est pas de ce monde », "rendez à César ce qui
appartient à César"...). Ce qui me met très en colère, dans l’attitude de
l’église catholique actuelle, c’est précisément qu’elle re-divinise, re-sacralise et re-dogmatise (jusque dans son Nouveau
catéchisme ! ) sa vieille dérive de plus de 15 siècles alors qu’il est plus que
jamais nécessaire qu’elle s’en débarrasse une fois pour toutes. (1)
J’ai souvent dit que le bahaïsme, fondé au 19e siècle, est pour moi
le quatrième grand monothéisme, qu’il est à l’islam ce que le christianisme est
au judaïsme, et qu’il est actuellement le monothéisme le plus pacifique. Mais
j’ai dit bien souvent aussi qu’il renouvelle l’erreur du christianisme en
présentant la théologie criminogène comme simplement dépassée (« la guerre sainte est effacée du livre » dit son prophète)
au lieu de la dire erronée, (ne venant
pas de Dieu) et inacceptable dès ses
origines. Cette auto-destruction d’un grand espoir pour les croyants de
tempérament pacifique me paraît aussi déplorable que l’entêtement des chrétiens
dans ce que leur dogmatisme a de pire.
Il y a du vrai dans votre assertion selon laquelle l’islamisme est à l’islam ce que le sionisme
est au judaïsme mais, si l’on s’en tient à la définition originelle du
sionisme, il ne peut être essentiellement
comparé à l’islamisme. Il était d’abord une aspiration (principalement de juifs
non-religieux d’ailleurs) à un État pour les juifs à cause
de la persécution subie par ceux-ci depuis des siècles - et la volonté
hitlérienne de les exterminer a évidemment renforcé la justification de cette
aspiration - alors que l’islamisme se veut la mise en application des
conceptions islamiques incluant la haine
(notamment des juifs), l’intolérance
et la violence, pour conduire à la soumission de tous les peuples au Dieu Allah.
Cependant - encore un constat désolant - des juifs croyants sont de
plus en plus nombreux à donner partiellement au sionisme, dans les faits, la
même définition que lui donnent les antisémites qui le combattent : une
idéologie religieuse incluant
l’affirmation que c’est Dieu lui-même qui a donné la nouvelle terre
d’Israël au peuple juif "puisque c’est écrit dans l’Ancien
Testament« . Celui-ci ayant affirmé que c’est en ordonnant à »son
peuple« de pratiquer un génocide que »Dieu« faisait ce
»don" (commandement explicite dans le Livre de Josué) on voit comment
des juifs d’aujourd’hui ajoutent à
la réanimation de la vieille théologie criminogène dont l’humanité croyante aurait dû se débarrasser depuis longtemps.
(1) http://www.blog.sami-aldeeb.com/2011/09/18/benoit-xvi-premier-responsable-de-la-violence-religieuse/