• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Ostramus

sur Le confusionnisme, ou la nouvelle inquisition moderne


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Ostramus 23 mars 2015 22:10

@logan

Ce que je conteste c’est l’ensemble de l’analyse d’Etienne Chouard, ce ne sont pas seulement ses prémisses qui sont fausses, c’est toute l’analyse.

« Il invente un lien entre la stabilité de l’ordre politique et le tirage au sort, prétendant que c’est le tirage au sort (ou plus largement les institutions) qui auraient permis au maintien de l’ordre politique qui selon lui auraient vu les pauvres dominer les riches. »
Je vous en prie, avancez donc une source de l’instant où Chouard aurait prétendu pareille chose.

« Mais dans la réalité il n’y avait aucune lutte entre ces soit disant pauvres et riches car ils faisaient partie de la même classe sociale dominante et privilégiée. »
C’est vraiment ne rien connaître de la composition des citoyens d’Athènes. L’existence du théorikon prouve
une grande disparité dans les ressources de chacun.

« Et la stabilité de cet ordre politique ne tient pas aux institutions et encore moins au tirage au sort ( car ces institutions ont constamment changé en réalité, les athéniens ayant expérimenté un maximum ). »
Plasticité possible en partie grâce au tirage au sort qui lui a perduré quasi continuellement jusqu’à leur conquête par Rome.

« Cette stabilité tient en réalité au fait que ces « citoyens » avaient tous intérêt à ce que cet ordre perdure, car ils étaient tous parmi les privilégiés. » 
C’est faux, des gens comme Xénophon et Démosthène ont produit quantité de textes (les Olynthiennes notamment) dénonçant le fonctionnement de la démocratie athénienne qu’ils entendaient réformer, en vain.

« Aussi si cela a perduré aussi longtemps, c’est parce qu’ils maintenaient sous le fouet ceux qui au contraire avaient tout intérêt à ce que l’ordre social et politique change, car ils n’avaient aucun droit, ou très peu, c’est à dire les esclaves… »
Là aussi, cela démontre votre méconnaissance de la société de l’époque puisqu’il existait plusieurs types d’esclavage : les prisonniers de guerre travaillant dans les mines d’argent et les galères, les percepteurs et les nourrisses qui avaient à charge l’éducation des enfants, des ouvriers du bâtiments et d’autres travaillant dans les boutiques ou encore les champs, avec des différences de traitement notables. Ainsi, beaucoup d’esclaves étaient nourris et logis dans les ergastules, soit un confort parfois supérieur à des citoyens d’Athènes dans le besoin. Il existait même des esclaves commerçants qui tenaient leur propre affaire, parvenant à acheter leur citoyenneté grâce à leur gain ou un acte honorable rendu à la cité. Pour tout dire, les esclaves athéniens, mise à part ceux dans les mines et les galères, devaient être les esclaves les mieux traités de l’antiquité.

« Les athéniens avaient effectivement le souci d’empêcher la tyrannie et en général tout ce qui pouvait menacer leur ordre politique. »
Les athéniens avaient deux priorités : l’approvisionnement de la cité, la défense contre les ennemis tels que Sparte et/ou les Perses, si bien qu’ils acceptaient temporairement des régimes tyranniques à ces desseins.

« Mais en aucun cas nous ne sommes dans la même situation aujourd’hui. » 
C’est bien pour ça que Chouard n’entend pas transposer le système athénien en l’état pour l’adapter aux impératifs modernes. Le livre de Sintomer montre d’ailleurs que le tirage au sort s’adapte selon les époques et les institutions selon les besoins. Preuve en est avec la désignation des jurés d’assises que personne ne conteste.

« Aujourd’hui il s’agit bien de changer l’ordre social, et le tirage au sort ni les institutions athéniennes en général n’a jamais permis cela. »
Je vous invite à lire le livre de Philippe Nemo, Histoire des idées politiques, décrivant l’état de la Grèce avant les réformes de Solon et Clisthène, le tirage au sort fut au contraire une formidable avancée à l’époque comparée à la barbarie qui régnait avant sa mise en place.

« Etienne Chouard fait une grave erreur d’analyse, et elle est absolument fondamentale, car il fonde bel et bien tout son discours là-dessus. »
Le seul hic, c’est que l’analyse de Chouard ne se fonde que pour partie sur Athènes, qui n’est qu’une source d’inspiration parmi d’autres, et le tirage au sort n’est qu’une procédure parmi d’autres qu’il suggère de mettre en place.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès