@Duke77
Les problèmes de Creys-Malville ?
Le toit de la salle des machines :
La centrale avait déjà fonctionné.
Elle était à un arrêt temporaire pour terminer les modifications
réclamées par la sûreté nucléaire ; c’est-à-dire multiplier
des « sas-obstacles » pour enrayer et maîtriser une propagation
rapide d’un éventuel incendie dû au sodium.
En fonctionnement, le toit de la salle des alternateurs ne se
serait jamais effondré, la température intérieure aurait fait fondre la neige, empêchant
toute accumulation due à une précipitation exceptionnelle.
À cette époque, pour avoir fait un reportage dans la région
de l’Ain, où la masse de neige fut la plus importante, nombreuses toitures d’usines (Saint
Gobain par exemple), de bâtisses agricoles ou
de particuliers se sont écroulées.
J’ai mesuré 1,50 m d’épaisseur sur le toit de ma propre
maison de campagne.
Creys-Malville est une coopération Franco-Italo-Allemande (l’Iran
y a mis quelques sous).
Les Italiens s’occupaient de la robinetterie et des
alternateurs : il a fallu leur apprendre à dépasser leur technique de
production pour pouvoir exploiter au moins des machines de 525 MW.
Quant à la robinetterie, un indispensable transfert de technologie
et de savoir-faire fut nécessaire… Les pressions et les gabarits pour ce genre de
système leur étaient inconnus.
Ce sont eux qui ont aussi étudié et réalisé la toiture de la
salle des machines…
Les Allemands ont fourni la cuve. Ce sont des gens sérieux,
croit-on !
Il y eut débat.
EDF, fort de sa maîtrise et de ses vingt ans de retours
d’expérience sur ses outils industriels, maintenait qu’une cuve en Inox offrirait
la meilleure garantie de sécurité. Mais pour des raisons de coût et d’égo
prussien à ménager, nos partenaires nous ont imposé une cuve en acier, qui aurait
fait ses preuves à Kalkar (site allemand de production nucléaire).
Le jour même de la pose de la cuve à Malville, il y eût une
fuite à Kalkar ; l’acier made
in Germany est poreux (merci la Deutsch Qualität – axiome particulièrement
surfait !).
Soulignons, que c’est à cette époque que sont mis en service
des outils d’exploration et de diagnostic par radiographie et ultrasoniques plus performants.
Deux ou trois ans auparavant, les fissures n’auraient jamais
été détectées et la centrale fonctionnerait.
Quant à l’histoire de la piscine, nous baignons là dans la
métaphysique et l’irréel…
Mais vous avez raison et c’est exact :
- l’industrie nucléaire est dangereuse (Tchernobyl, Three
Mile Island ) ;
- l’industrie chimique l’est tout autant (Seveso,
Bhopal… ) sans compter les pesticides utilisés par nos paysans fonctionnarisés qui rendent
goûteux fruits et légumes ;
- l’industrie du pétrole, depuis sa première exploitation au
XIXe siècle, est responsable, directement ou indirectement, de la mort de plusieurs
millions d’individus ;
- le charbon ?
il est encore surutilisé abondamment et pour longtemps, malgré la COP 21 (renvoi
aux USA ces derniers temps) ;
- un parc moyen d’éoliennes, pourquoi pas ? Mais c’est
aussi y installer une centrale thermique à gaz pour permettre une reprise
immédiate, en relais, en cas de ruptures de flux (fréquentes) ;
- bien sûr, le solaire ! Certainement une solution d’avenir
et d’appoint, qui deviendra moins chère lorsque les panneaux produiront plus
d’énergie qu’ils n’en consomment aujourd’hui pour leur fabrication…
Voilà, c’est en gros, ce que quelques-uns appellent des Rustines
techniques et politiques ; donc : pour faire plaisir, pour apaiser les inquiets, sans réel bilan financier
(c’est tellement facile d’obliger EDF d’acheter à un prix élevé toutes ces énergies
bricolées et de les revendre au prix de sa propre production et perdant de l’argent).
Il n’y a dans ces propositions aucune réponse satisfaisante
à l’échelle d’un état, voire d’une région… (rien que pour Google et nos
courriels, combien de MW/h pour alimenter et refroidir nos PC et autres
machines du virtuel).
Quelques rappels.
- L’énergie nucléaire a été développée en France pour notre
indépendance énergétique par une entreprise nationalisée qui avait un objectif
de service public fondamental écrit par le législateur : « offrir aux
Français une énergie au meilleur coût, de la meilleure qualité possible et
disponible sur tout le territoire ».
Les fondamentaux de cette entreprise ont été prescrits par
un ministre : Marcel Paul ; il était communiste. Donc : le
capitalisme, pour cette époque, il faudra laisser tomber.
Mais, aujourd’hui, c’est terminé c’est le profit et la
concurrence (là, je vous comprends), et si ce changement vous déplaît, il vous faudra
adresser le courrier à M. Jospin
Personnellement et en son temps, je lui ai donné mon
sentiment : ce type est borné ! Plus ultralibéral qu’un socialiste ?
un autre socialiste).
- Creys-Malville (prototype au départ) fut construit pour
détruire les déchets - les actinides
divers et variés - produits par le parc nucléaire ; cette centrale devait
exploiter alternativement trois réacteurs très spécialisés qui ont été construits
et (devinez… nous allons rire de concert ! ) qui fonctionnent sans problème.
- Les centrales en exploitation génèrent d’énormes profits
(millions d’euros par jour) pour les
régions où elles sont installées. Si vous connaissez un Alsacien qui milite tous
les jours, autour de sa table de cuisine, pour la fermeture de Fessenheim
surtout ne le dénoncez pas !
- Les Suisses étaient les premiers supporters pour la fermeture
de Creys-Malville ; ils reçoivent tous les jours quelques milliers de
mégas Watts issus de Bugey… Ils en ont un besoin croissant… Il est certain
qu’avec le CERN et Genève pas très éloignés la production hydraulique pourrait
s’essouffler.
Même modèle pour l’Allemagne avec Fessenheim…
- Quelques centrales
fonctionnent depuis plus de vingt ans, mais sont-ce toujours les mêmes
réacteurs ? À votre avis ?
À lire : –« Dormez tranquille jusqu’en 2100 »-
Jancovici