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Commentaire de kalachnikov

sur Papa forever


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kalachnikov kalachnikov 23 août 2017 17:55

Roman ordurier qui n’est pas à l’abri d’un contenu caché. Gimmicks typiques : la fille est appelée ’Charlotte’ mais le père n’est pas appelé ’Serge’ mais ’le père’, ’le géniteur’, etc. Evidemment, on se met beaucoup à la place de Charlotte, ce qu’elle a pu ressentir mais pas du tout à la place du père ; normal, c’est le méchant de l’histoire. Ce qui nous donne un tableau général qui sur le plan sensation/perception se résume à la blanche petite colombe entre les griffes du salaud par essence. Et si on cherche de l’incestuel, c’est dans les lignes de l’auteure elle-même. Et vu que sa psychanalyse n’a aucun interêt, ce qui, moi, m’intéresse, c’est l’incestuel social, comment à travers le fil des commentaires une tripotée va embrasser ce récit complètement subjectif, le tenant comme objectif.

Racamier, la psychanalyse, etc, c’est ce qui est caché, souterrain, inconscient et avec Gainsbourg, cela ne peut le faire parce que justement la révélation de ce qui est caché est au coeur de son oeuvre que justement l’on qualifie de transgressive. Son rapport à la sexualité est très lointain et ne concerne pas seulement la pédophilie/quasi pédophilie - ’quinze ans à la limite’, lol - (France Gall et les sucettes, ’sea sex & sun’, ’mickey maousse’, marilou) ou l’inceste (’lemon incest’) mais la sexualité en son entier, c’est-à-dire dans sa visée sociale (’je t’aime moi non plus’, la version Bardot que Brigitte ne voudra pas sortir du fait du côté calliente ; ’69 année érotique’, avec Gainbourg et Birkin en jean poitrines nues, etc, ’lemon incest’ avec Bambou, etc). Ce rapport au caché, qui est en fait le rapport à la Vérité que l’on trouve dans la plupart des oeuvres artistiques, ne se limite pas à la sexualité mais aussi au rapport à la Shoah (des trucs comme ’yellow star’ ou ’rock around the bunker’ seraient impossibles, aussi, aujourd’hui) ou aux tabous propres à la société française (’la nostalgie, camarade’, ’aux armes etc’).

Globalement, on peut définir Gainsbourg comme un esthète anarchiste se livrant à des attentats visant la Société en tant que système (brûler un bifton = viser l’Etat à travers le fisc et symboliquement nier le pouvoir de domination qu’à celui-ci via l’argent en ravalant ce dernier à ce qu’il est concrètement, un chiffon de papier sans valeur, etc, etc). Et il s’attaque à la Morale, ce machin coercitif qui ligotent les individus et fait d’eux un groupe. Si, évidemment, il n’avait parlé que de cul, ce serait un obsédé ; mais bon, c’était quelqu’un de lettré, cultivé, etc.

Et donc, on pourrait parler d’incestuel si tout cela s’était construit inconsciemment, à l’insu de Gainsbourg, sauf que justement, c’est travaillé consciemment (ce qu’on appelle l’art ; l’intuition vient de l’inconscient mais l’art consiste justement à ordonner cette intuition ; l’artiste est psychanalyste de lui-même en fait, avec cette nuance qu’il n’a pas la vélléité de guérir).

Les erreurs de Gainsbourg, en fait, c’est, qu’ayant décelé, à juste titre, le possible chez une de ses filles en particulier, d’avoir estimé qu’elle pouvait comprendre et assimiler une démarche esthétique qui n’est pas préhensible avant d’avoir vécu certaines expériences et acquis une certaine maturité, etc. Et de l’avoir mis en scène, je veux dire non pas la chose, mais elle en tant que personne. Il aurait pu prendre une actrice, se donner un rôle. Je parle là en théorie puisqu’ il y a un cheminement chez Gainsbourg depuis ’la javanaise’ jusqu’à ’lemon incest’ ; il a essayé cette approche artistique avec Marilou pour l’abandonner pour se mettre lui-même et certains proches en scène (il n’y a pas que la petite fille, mademoiselle).

Pour le reste et histoire d’abréger : comme toujours les adeptes de Racamier, ou plutôt ceux qui se réclament de Racamier et le détournent, utilisent les mêmes ficelles. Comme ils ont écrit la conclusion en premier - c’est toujours la même de toute façon -, ils piochent dans le réel pour asseoir cette autopersuasion et rejettent ou ne relèvent pas m^me tout ce qui ne va pas dans le bon sens, le seul qui vaille car il y a chez ces gens-là une vélléité clairement totalitaire (= névrose menaçant de se muer en psychose). Donc, voilà pourquoi on pioche de ci de là des faits ou des propos que l’on donne hors contexte mais en surinterprétant et toujours dans le même sens. Ce sens est personnel ; il est une incapacité propre à ces personnes d’avoir un rapport non nébuleux à des choses comme la famille, la sexualité, etc. Ce qui fait qu’on en arrive à l’idée très suggérée que Charlotte Gainsbourg a eu tort de jouer pour Von Trier, de faire ce qu’elle a fait, que ses enfants le vivent mal et pourquoi donc ? Parce que c’est sexuel, ma foi, cachez ce sein que je ne saurais voir. Alors que dans les faits, si on se documente, la fille Gainsbourg était très consciente des enjeux et était doublée. Et le problème avec ses enfants, s’il existe, ce n’est pas du tout que la mère soit à poil mais qu’ils ne comprennent pas que ce n’est pas elle mais qu’elle joue un rôle et qu’on arrive à ce résultat via différents artifices (usage de doublures, etc). En un mot, si les enfants ne comprennent pas la différence entre réel et cinéma, le problème est éducatif et n’est pas lié à la représentation mais à la perception.

Bref, bref, bref, bad news from the stars.


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