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Commentaire de velosolex

sur Les inconsolables


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velosolex velosolex 28 octobre 2017 11:35

Je doute que votre gamine puisse vous comprendre. Les enfants ne sont pas dans la froide logique des mots des sentiments, des preuves et des déclarations. Ils aiment parce qu’ils ont besoin d’amour pour se construire, c’est à dire d’en donner et d’en recevoir, sans deux tiroirs pour diviser ces choses. 

 En l’occurrence, votre message risque de la laisser dans l’incompréhension la plus totale, comme si vous lui disiez qu’elle n’était pas obligé de jouer..... Pourquoi donc projeter sur elle le solde de son vécu propre ?

 Quand à cette froide comptabilité statistique sur le tort d’aimer ou pas, sur le malheur des familles elle me laisse songeur. 

Ce n’est pas parce que la famille est, selon les statistiques, le lieu de la violence, qu’elle n’est pas aussi le lieu de l’amour. Je ne dirais pas pour autant que c’est la panacée, mais que c’est un lieu de reconnaissance et d’identité, indispensable à notre construction, à notre mécanique déréglée, nos deux aiguilles à la montre des cadrans. 

Un peu comme notre pays. On veut la quitter à tout prix, et une fois au bout du monde, on la regrette. Arthur Rimbaud est passé par là. Tant de jeunes gens ont cru haïr leur famille. Mais le problème est souvent ailleurs. Et l’on revient trop à Charleville, avec une jambe en moins.

Mais bien sûr des familles sont objectivement maltraitantes. Je ne pense pas que vous rentrez dans cette catégorie. Laissez donc votre gamine vous rejeter quand elle aura l’âge de l’adolescence. Avant cela, une ambivalence entre votre générosité et les limites que vous fixez devant elle risque d’être assimilé à une dialectique incompréhensible. Attirer d’un bras, et rejeter de l’autre n’est jamais constructif.

Je conçois que mes réflexions puissent vous paraître irritantes, dans le genre « bons conseils des familles », mais vous l’avez bien cherché, non. Ils valent ce qu’ils valent, dans la fumée d’un café pris bien tard ce matin. Deux chevaux derrière la vitre émergent de la brume

Nos mots et notre logique de taxidermistes tentent d’épingler les papillons dans une vitrine.

 Mieux vaut les laisser voler dans la lumière, et les laisser se poser sur nous quand ils le veulent.
Tant qu’ils ne font pas le poids des canassons, ce sont de doux baisers de lumière

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