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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Nommer la perversion dans une société néolibérale déshumanisée


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Philippe VERGNES 10 janvier 2018 12:15

@ Hervé Hum,


Il y avait beaucoup de choses dans ton commentaire précédent auxquelles je n’ai pu répondre. Par exemple, sur un sujet qui me tient à cœur, tu disais : « Maintenant, se pose la question de savoir si l’absence d’empathie est une maladie. Malheureusement, ce n’est pas aussi simple ! »

L’absence d’empathie n’est absolument pas considérée comme une maladie dans notre société d’aujourd’hui, mais peut-être le sera-t-elle un jour ?

Cette absence ou ce manque (c’est graduel) est étudié de nos jours sous le concept d’alexithymie. J’ai un article en réserve sur le sujet depuis fort longtemps et peut-être serait-il nécessaire que je le termine, car il concerne également le problème de la perversion (mais pas que).

«  Il faut donc croire que le pervers, l’est « malgré lui » puisque tout son être se développe à partir du déni et que la condition pour être catalogué pervers, est que la personne refuse de prendre conscience de son déni. »

Oui... absolument ! Contrairement à ce que l’on peut lire souvent, le pervers l’est malgré lui.

Autre exemple de déni du déni : le cas de la haine. « La haine s’établit sur la négation de l’existence de l’âme pour faire obstacle à la naissance de l’identité humaine, en niant son acte de négation (c’est le déni du déni). » Ainsi, lorsqu’un individu ne cesse de témoigner par divers mantras et constructions pseudo-intellectuelles son mépris pour quelqu’un tout en niant par ailleurs la haine qu’il lui témoigne, alors cet individu fait acte de perversion (dans le sens de perversité puisqu’il s’agit alors « d’abattre » cet adversaire, cet ennemi, cette cible qui dérange le pervers). La fréquence, la durée et l’intensité de ses mantras et autres constructions pseudo-intellectuelles « mesurent » le degré de perversité d’un tel individu. Lorsque l’on à affaire à de tels actes qui s’éternisent sur plusieurs années, on peut présumer sans trop de risque de se tromper une perversion de caractère.

Le problème de la distinction entre la méchanceté et la perversité tient également au fait que le méchant n’est que méchant et fait le mal consciemment en certaines circonstances, mais le pervers qui fait le mal inconsciemment le fait parfois aussi en toute connaissance de cause. C’est-à-dire qu’il peut être méchant et pervers. C’est toute la difficulté qu’on les victimes de tels individus : savoir distinguer la méchanceté de la perversité. Et c’est extrêmement casse-tête pour les victimes de tels individus parce qu’elles ont bien conscience que « leur » pervers fait parfois du mal inconsciemment, d’où le fait qu’elle le défende et le plaigne.

Bref, comme tu le dis si bien, la frontière est extrêmement ténue entre le fait de faire le mal en conscience ou inconsciemment. C’est la raison pour laquelle, si l’on veut aller plus loin dans la compréhension de cette problématique, il faut comprendre ce qui motive le pervers. Autrement dit, quelles sont les pulsions qui le « contrôlent » et pourquoi cherche-t-il à contrôler son environnement.

Au fond, le pervers est un individu extrêmement lâche qui préfère s’en prendre à autrui plutôt que d’avoir à affronter ses propres peurs qui le terrifient tant. D’où le fait qu’il projette sans cesse et que cette projection s’accompagne d’un double déni et d’un clivage (généralement en bon/mauvais).

«  Cela dit, je ne crois pas que les pervers dominent tant la société, je crois plutôt que pour bon nombre, ce n’est pas la personne qui est perverse, mais le conditionnement du cogito selon une pensée perverse. »

Effectivement, il n’est pas utile qu’il y ait beaucoup de pervers pour dominer une société tout entière, il suffit juste qu’il n’y en ait qu’un seul qui ait acquis suffisamment de pouvoir pour instiller sa pensée perverse dans toute la société. L’organisation hiérarchique fera le reste par le biais de la contagion psychique.

Remettre la pensée à l’endroit est un projet de taille compte tenu du fait que les pervers ont acquis dans ce domaine des compétences hors pair à l’heure actuelle puisque l’un de leurs sports favoris est de pervertir le langage à la façon décrite par G. Orwell : « La ’novlangue’ du psychopathe ». Ainsi, le comble de la perversion est de prétendre défendre le langage (remettre la pensée à l’endroit) en en transgressant les règles d’analyse comme sortir un propos de son contexte et séparer la forme du fond, par exemple. On a un spécialiste sur ce site qui sévit depuis des années en enfumant la plupart des ses interlocuteurs sans que personne ne s’en aperçoive. Autrement dit, il contamine la pensée d’autrui en leur communiquant ses propres dénis. C’est assez spectaculaire à observer comme phénomène, mais il n’y a guère d’autre remède qu’une pensée critique très affinée. Or, ce n’est pas à l’école ou dans les universités que l’on apprend à développer son esprit critique (dans le bon sens du terme) ni même sur un site tel que celui-ci où les jugements à deux balles et les insultes l’emportent le plus souvent sur le débat d’idée.

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