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Commentaire de bob de lyon

sur Le massacre du « verbe »...


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bob de lyon 18 février 2018 10:25

Ces réflexions sur la langue française me rappellent une anecdote que racontait Manu Dibango.

Fils d’un père modeste fonctionnaire camerounais et d’une mère couturière, il fit ses études primaires chez les petits blancs dans une école administrée par des religieux.

Il apprit le français jusqu’à utiliser dans la conversation courante, avec ses camarades, le subjonctif dans toutes ses formes mais sans forfanterie, régulièrement et tout à fait naturellement.

La concordance des temps était devenue un réflexe mécanique. C’est dire la qualité de l’enseignement dispensé et l’intelligence de l’élève.

Quant à moi, lorsque arriva la loi de la concordance des temps (pour notre prof c’était mieux quela règle  !) j’eus des doutes sur mes capacités intellectuelles.

Certificat d’études obtenu, son père l’envoya en France pour compléter son éducation.

Pris en charge par une association protestante, il s’insère parfaitement et surprend ses hôtes par son vocabulaire et sa dextérité à naviguer dans la conjugaison ; mais ils s’étonnent mutuellement lorsque le subjonctif arrive dans les conversations.

Il faut l’écouter raconter, avec son bon rire, les yeux exorbités de ses auditeurs quand ils l’entendaient développer ses jolies phrases ; il parlait effectivement comme un livre mais d’une époque proche de Diderot et de Voltaire.

Dibango a dû réapprendre à éviter d’utiliser le subjonctif à tout propos. Aujourd’hui il ne s’en sert, taquin, que comme une coquetterie pour faire comprendre qu’il n’a rien oublié.

Petite remarque sur les phrases sans verbe : c’est le Graal des bons écrivains désireux d’un siège à l’Académie française.


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