A propos de la
distinction entre antisémitisme et antisionisme, certains feraient
bien d’essayer de comprendre cette analyse de Judea Pearl. Son fils Daniel avait été éorgé en février 2002 par des jihadistes qui ont
filmé et diffusé cette scène atroce, notamment Khalid Cheikf
Mohammed qui avouera plus tard avoir lui-même décapité et découpé
en plusieurs morceaux le corps de Daniel Pearl. A la différence de beaucoup qui s’expriment sur cette page, Judea Pearl sait de quoi il parle.
Je
recopie un texte dont on trouvera l’adresse en bas de page. Je mets
en gras les passages les plus significatifs, vers la fin, sans
supprimer le début qui sera quand même instructif pour ceux qui ne
connaissent Israël que par ce qu’en disent des media français très
peu informés en général, quand ils ne s’appliquent pas, sciemment,
à désinformer.
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L’antisémitisme
rejette les Juifs en tant que membres égaux de la race humaine.
L’antisionisme
rejette Israël en tant que membre à part entière de la grande
famille des nations.
Les Juifs sont-ils
une nation ? De nombreux philosophes argueraient que les Juifs
constituent d’abord un peuple et secondairement une religion. Par
ailleurs, la narration de l’Exode et la vision de la traversée
vers la terre de Canaan se sont imprimées dans l’esprit du peuple
juif avant qu’il reçoive la Torah au Mont Sinaï. Mais,
philosophie mise à part, la conviction partagée de leur éventuel
rapatriement sur leur lieu de naissance historique a constitué le
moteur alimentant la persévérance et les espérances juives à
travers le périple tourmenté qui a commencé avec l’expulsion
romaine en l’an 70.
Plus important :
l’histoire partagée, et non la religion, est aujourd’hui la
force unitaire primordiale qui est au principe de la société
laïque, multi-ethnique d’Israël. La majorité de ses
membres ne pratique pas les règles religieuses et ne croit pas à
une transcendance divine, ni à la vie après la mort. La même chose
s’applique au judaïsme américain, qui est, lui aussi, largement
laïque. L’identification à un ethos historique commun, culminant
dans la renaissance de l’Etat d’Israël, est le nœud central de
la collectivité juive en Amérique.
Il existe, bien
sûr, des Juifs qui sont non-sionistes et même antisionistes. Le
culte ultra-orthodoxe des Neturei Karta et le culte gauchiste de Noam
Shomsky en sont des exemples notoires. Le premier rejette toute
tentative terrestre d’interférer avec le projet messianique de
D.ieu, alors que le second déteste toutes les formes de
nationalisme, et plus spécialement, celles qui réussissent.
Il y a aussi des
Juifs qui trouvent difficile de défendre leur identité contre la
perversité croissante de la propagande anti-israélienne, et qui,
éventuellement cachent, renient ou dénoncent leurs racines juives,
en leur préférant la reconnaissance sociale et autres commodités.
Mais ce sont là,
au mieux, des minorités marginales ; les forces vives de l’identité
juive, actuellement, se nourrissent de l’histoire juive et de ses
dérivés naturels – l’Etat d’Israël, sa lutte pour la survie,
ses réalisations culturelles et scientifiques et son inlassable
quête de paix.
Selon cette
approche de l’idée de nation juive, l’antisionisme est, de
plusieurs manières, plus nocif que l’antisémitisme.
Premièrement,
l’antisionisme prend pour cible la partie la plus vulnérable du
peuple juif, précisément, la population juive d’Israël, dont la
sécurité physique et la dignité personnelle dépendent, de façon
cruciale, du maintien de la souveraineté d’Israël. Dit de manière
brutale, le projet antisioniste d’en finir avec Israël condamne 5
millions et demi d’êtres humains, la plupart d’entre eux
réfugiés ou enfants de réfugiés, à vivre éternellement sans
défense dans une région où les incitations génocidaires ne sont
pas rares.
Deuxièmement,
les sociétés modernes ont développé des anticorps contre
l’antisémitisme, mais pas contre l’antisionisme. Aujourd’hui,
les stéréotypes antisémites provoquent la répulsion chez la
plupart des gens de conscience, alors que la rhétorique antisioniste
est devenue un signe de sophistication académique et de
reconnaissance sociale, dans certains cercles autorisés de
l’université américaine et de l’élite médiatique.
L’antisionisme se travestit sous la grande cape du débat
politique, en s’exonérant du sens et des règles de la civilité,
qui président au discours interreligieux, pour s’attaquer au
symbole le plus cher de l’identité juive.
Finalement, la
rhétorique antisioniste est un couteau planté dans le dos du camp
de la paix israélien, qui soutient, de façon écrasante, la
solution à deux Etats. Il donne aussi une crédibilité aux ennemis
de la coexistence, qui proclament que l’éventuelle élimination
d’Israël est l’objectif secret de tout Palestinien.
C’est
l’antisionisme, dès lors, et non l’antisémitisme, qui constitue
une menace existentielle bien plus dangereuse pour la vie, pour
le triomphe historique de la justice et pour les efforts de paix au
Moyen-Orient.
Judea
Pearl
Professeur à
l’UCLA (Université de Los Angeles) et Président de la Fondation
Daniel Pearl.
On
trouvera le texte entier à cette page :
http://www.debriefing.org/28090.html