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Commentaire de Christian Labrune

sur « Antisémitisme islamique » : Mireille Knoll, 85 ans, sauvagement assassinée à Paris


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Christian Labrune Christian Labrune 28 mars 2018 17:12

si l’on a pas vécu a l’intérieur de la cité on ne peut connaître a quel point le malaise est au grand jour.
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@magma

On peut quand même connaître : il suffit de lire et de s’informer. Les mille pages remarquablement documentées de Taguieff intitulées Prêcheurs de haine sont à peu près de la même époque que Les territoires perdus de la République, recueil de témoignages édité par Bensoussan. Tout cela fut publié vers 2002 et la sonnette d’alarme était tirée fort énergiquement, mais on n’a pas voulu en tenir compte parce que c’était trop inquiétant. Ce qui a très bien marché, c’est la mécanique du déni : ces auteurs devaient exagérer, ce n’était pas possible. Or, ça l’était, et ils étaient même souvent en dessous de la vérité. Entre autres horreurs, j’aurais pu évoquer ce proviseur-adjoint recevant, à cause de je ne sais quel comportement dont un collègue s’était plaint, un de mes anciens élèves particulièrement « difficile » (je ne lui avais pas appris ça !), se faisant jeter à terre dans son bureau et piétiner. Les urgences. Des contusions, mais pas de casse. Il y eut des élèves se battant au couteau derrière la bibliothèque, et surpris par le proviseur. Et je ne parle pas des pneus crevés sur le parking : ça, c’était le quotidien. Une année, dans une terminale particulièrement abominable, le prof de philo avait un nom juif. Les persécutions (il n’y a pas d’autre mot) eurent raison de lui à la fin du premier trimestre et il dut se mettre en congé. Son successeur, juif lui aussi, ne tint qu’un trimestre. Pour une fois, le Rectorat se comporta intelligemment : puisqu’ils ne voulaient pas de prof juif, ils en avaient déjà eu deux, ils en auraient un troisième pour finir l’année. La jeune collègue qui prit le poste, parvint à les conduire énergiquement jusqu’au bac. N’ignorant rien de ce qui avait précédé son arrivée, vous pouvez cependant imaginer qu’elle dut ressentir à peu près les mêmes impressions que les poilus de Verdun au moment de sortir de la tranchée sous le feu des mitrailleuses ennemies.

Les deux bouquins que j’évoquais plus haut n’ont pas été pris en considération. A l’époque, on pensait que les « grands frères » allaient remettre de l’ordre dans les cités, on comptait sur l’islam. Parfait calcul d’imbécile ! Le déni n’aura quand même pas empêché que des journalistes qui ne les ont peut-être jamais lus, ces bouquins, parlent aujourd’hui des « prêcheurs de haine » aussi bien que des « territoires perdus ». Ces titres sont passés dans la langue courante parce qu’ils définissent très exactement l’état des choses.


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