@Clocel
Car « la fesses qui fait signe » , c’est pas de la grande politique... donc dans le gogochon il y a les ferments de la contradiction (voir art Méchant Réac)
son meilleur bouquin est Traité de l’Amour fou, super introduction au marxisme par un ex de « phénoménologie », l’Être et le Code après (1ere partie). Le capitalisme de la séduction les prolégomènes. très marrant, ironique.
Clouscard, Le capitalisme de la séduction, Prélude :
Poster, flipper, juke-box ? Teen-agers. Une classe d’âge fait ses classes. École de la vie. Disciplines d’éveil. Exercices de pionniers. On les prend en main, par la main. Ce n’est pas bien difficile : il suffit de glisser la pièce. Et d’appuyer sur le bouton.
Premiers émois. La quotidienneté se balise de repères familiers, complices, chaleureux. On se retrouve. On se reconnaît. Autour du flipper et du juke-box. Les messages s’envolent. Remettra-t-elle le groupe qu’il aime ?
Ah ! les mots jolis qui font tilt : poster, flipper, jukebox... Le phonème fait déjà la chanson, l’accent tonique la musique. Les mots qui font les choses, celles du rêve. Tout près. Et prêt-à-porter.
Première dynamique de groupe. Elle va nous mener loin, très loin. Spontanée, informelle, innocente. Le free et le flipp.
Ces petits usages et objets anodins, d’une insignifiance telle qu’ils sont au-dessus de tout soupçon, sont au commencement du rituel initiatique à la civilisation capitaliste.
Et magie, totem, potlatch, échange symbolique. Ethnologie... du plan Marshall.
Des énoncés aussi gros et simplistes vont faire frémir tout honnête homme. Mais ce n’est pas tout. Nous allons en rajouter : nous voulons en venir à une anthropologie de la modernité. Et celle-ci sera un traité de la frivolité.
Nous suivrons la vieille entremetteuse. La mode, si vous préférez. Le prêt-à-porter du désir. Comment la fesse fait signe ? Et comment le signe fait le désir` ?
Nous entreprendrons un petit tour du monde, celui de la mondanité. Nous nous glisserons chez Castel et Régine. Plus rien de la jet-society ne nous sera étranger. Nous irons au Club. Au Club Méditerranée et à Ibiza. Au bal du samedi soir, aussi. Où sont les midinettes d’antan ? Psychédélique, sono, whisky-coca.
Quelle est la tenue de rigueur du rigorisme libéral et permissif ? Que faut-il dire et faire à sa première fumette ? Sur quel ton faut-il disserter du bon usage de la drogue ?
Nous étudierons la savante drague de l’antiphallocrate : ne jamais oublier qu’une femme libre a été une jeune fille rangée.
De même que « la comtesse a toujours trente ans pour le bourgeois », le révolutionnaire de la bourgeoise aura toujours les cheveux longs. Et comme le snobisme est joli lorsqu’il transgresse et qu’il casse ! Et le rock, le disco. le reggae... Vous aimez`.’
Nous suivrons la bande, de sa première surboum à sa dernière magouille. Comment l’animation machinale devient-elle le destin des animaux-machines ?
Nous proposons une somme de la frivolité enfin prise au sérieux. Nous prétendons que son concept est devenu nécessaire à l’explication de la nouvelle lutte des classes. Et la récente utilisation idéologique du mot doit nous inciter à une fondamentale mise au point.
C’est le frivole qui permet d’accéder à la totale compréhension du sérieux. La dialectique du frivole et du sérieux rendra compte des rapports du procès de production et du procès de consommation. Il faut proposer le lien dialectique, le pont entre deux univers qui s’ignorent. Lien que tout le savoir de la modernité a mission idéologique d’occulter. Nous devons dire l’inconscient de l’inconscient de la psychanalyse : ce que celle-ci doit oublier, cacher pour fabriquer ou justifier les idéologies tendanciellement dominantes.
Nous devons établir comment l’innocence des premiers émois a pu en venir à l’actuelle social-démocratie libertaire. Autrement dit, comment le désir et l’imaginaire ont accédé au pouvoir culturel, pouvoir devenu ministériel.