Liège est restée sombre avec la noirceur issue de l’amont
du fleuve où s’étaient installées ce qui fera la richesse de la
région ( qui fut - fugit irreparile tempus - l’une des plus riches
d’Europe au début du XXe siècle ) les entreprises sidérurgiques
et métallurgiques qui crachaient leurs poussières, leur suie
qu’apportaient sur la ville les vents d’ouest avec les jeux de
lumière flamboyante des hauts fourneaux en activité que reflétaient les nuages de mauvais temps ...
Mais la ville bien
que balafrée de traînées grisâtres, fruits de l’activité
industrielle, n’en demeurait pas moins joyeuse et belle et
accueillante à tous ceux qui venaient apporter leur force de travail tant des campagnes d’alentour que des confins de la Russie et du pourtour
méditerranéen pour développer sa prospérité.
Mort trop tôt, Brel
n’aura pas pu chanter la lente descente aux enfers de la région,
la mélancolie des usines qui ferment, du chômage qui augmente, de
la ville qui se meurt, étouffée dans le souvenir de ses jeunes et
belles années.
Mais l’enthousiasme
de ses habitants, leur gentillesse, le fait que la ville est
composée maintenant de tant d’ethnies - disparates et pourtant si semblables - qui ont trouvé refuge
dans ses quartiers endormis mais qui maintenant revivent dans l’espoir
d’un nouveau départ, tout cet ensemble de planètes bien
alignées est porteur d’espoir.
Imperturbable, la
Meuse continue de battre les berges de la cité et, témoins d’un
passé récent et lestées des projets d’avenir, les allèges de
se croiser entre deux ponts.
Et pour tout
arranger, il ne neige plus qu’exceptionnellement.