Neuroscience de Stanislas Dehaene
ou support de l’idéologie du néo-être
« S’il paraît scandaleux de confier
un pouvoir à la tête d’un conseil scientifique à quelqu’un qui
tient des propos aussi aberrants, la façon dont les fonds publics
consacrés à la recherche en matière de neurologie sont accaparés
par la neuroscience me paraît également poser un grave problème. »
Je ne suis pas une personne si
importante pour porter un regard différent sur l’indépendance ou au
moins à l’autonomie de la recherche en France. Mes expériences dans
le système de recherche dans les universités françaises sont
largement suffisantes pour dire qu’il n’y a pas d’autonomie. surtout
dans les soi-disant sciences sociales, psychologiques et dans les
différentes variantes qui portent sur des processus et des
représentations.
Je suis si stupéfait de voir partout
dans la presse conventionnelle et aussi sur des sites des cascades
ininterrompues des articles de bas niveau sur ce qu’on a appelé
« intelligence artificielle », - un véritable hold-up du
sens de l’intelligence - , des neurosciences, des sciences cognitives
sans pour autant pouvoir se servir d’une hygiène épistémologique
si minime qu’elle soit pour au moins comprendre les objectifs de
cette offensive relayée par des médias dans une posture de la
perfection de l’ignoble.
La valorisation politique des
neurosciences comme il est plus ou moins témoignée dans cet article
s’inscrit dans une vision qui par ses pesanteurs concourt sous
couvert de recherche scientifique ou des acquis scientifiques à la
base des expériences n’est qu’une tentative de braquage de tout ce
qui fait sens, conscience, représentations, intention,
significations, etc. fondements mêmes de ce qui fait le propre de
l’humain. C’est une véritable élection du scientisme dans un
concert insipide.
Point besoin d’être un chercheur
rémunéré par le système pour comprendre pourquoi ce regain
d’intérêt à cette idéologie, le scientisme dans la sphère
politique, médiatique et même dans certains milieux de recherches.
Bien que des recherches et des
publications de haute factures scientifiques et intellectuelle soient
plus visibles et anciennes quand on quitte les entiers battus, il
n’en demeure pas moins qu’elles sont toujours de références
incontournables dans la compréhension du contexte scientifique et
épistémique dans le domaine des sciences cognitives et les
disciplines constitutives de ce complexe.
Je suis surpris de voir cette ignorance
volontaire de taille en France alors elles sont très exploitées et
mises à l’épreuve en dehors de la sphère francophone.
Parmi ces références anciennes, je
cite :
-
Jerry Fodor (1983). La modularité
de l’esprit.
-
Howard Gardner (1985/1993).
Histoire de la révolution cognitive. La nouvelle science de
l’esprit.
-
Phillip Nicolas Johnson-Laird
(1983/1993). L’ordinateur et l’esprit.
-
Francisco Varela (1979/1989).
Connaître les sciences cognitives.
-
Steven Pinker (2000). Comment
fonctionne l’esprit.
-
Jean-François Richard (1991) Les
activités mentales.
-
Etc.
Monsieur Stanislas Dehaene comme
président du Conseil scientifique de l’enseignement n’apportera
rien de plus à part l’institutionnalisation forcée du scientisme
pour criminaliser le sens et l’esprit à défaut de les reconnaître.
Se réfugier derrière les neurosciences qui ne sont qu’une
composante parmi d’autres des sciences cognitives, est le propre
même de l’idéologie du réductionnisme alors que ces mêmes
sciences font appel à l’interdisciplinarité pour mieux comprendre
comment fonctionne l’intelligence dans ses dimensions multiples et
comment des représentations symboliques en tant que produit et
processus se construisent pour créer sens et conscience (Howard
Gardner, 1993).
Il est encore étonnant de voir cette
soi-disant science se prostitue au politique pour exercer un
impérialisme sur le reste et ouvrir une voie royale pour
pathologiste au-delà de psychiatriser tout système intentionnel
qui ne correspond pas aux normes scientistes.
L’objectif des neurosciences est de
neutraliser le sujet de ses pesanteurs anthropologiques pour
l’inscrire dans le néo-être.
Pour ma part, je m’inspire de la
poésie dans la compréhension et l’explication.
« Quoi plus éprouvant que se rendre
visite à soi-même » Mahmoud Darwich (1941-2008).