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Commentaire de EL Yagoubi

sur Politique et neuroscience


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EL Yagoubi 22 octobre 2018 05:24

Neuroscience de Stanislas Dehaene ou support de l’idéologie du néo-être

« S’il paraît scandaleux de confier un pouvoir à la tête d’un conseil scientifique à quelqu’un qui tient des propos aussi aberrants, la façon dont les fonds publics consacrés à la recherche en matière de neurologie sont accaparés par la neuroscience me paraît également poser un grave problème. »


Je ne suis pas une personne si importante pour porter un regard différent sur l’indépendance ou au moins à l’autonomie de la recherche en France. Mes expériences dans le système de recherche dans les universités françaises sont largement suffisantes pour dire qu’il n’y a pas d’autonomie. surtout dans les soi-disant sciences sociales, psychologiques et dans les différentes variantes qui portent sur des processus et des représentations. 


Je suis si stupéfait de voir partout dans la presse conventionnelle et aussi sur des sites des cascades ininterrompues des articles de bas niveau sur ce qu’on a appelé « intelligence artificielle », - un véritable hold-up du sens de l’intelligence - , des neurosciences, des sciences cognitives sans pour autant pouvoir se servir d’une hygiène épistémologique si minime qu’elle soit pour au moins comprendre les objectifs de cette offensive relayée par des médias dans une posture de la perfection de l’ignoble.


La valorisation politique des neurosciences comme il est plus ou moins témoignée dans cet article s’inscrit dans une vision qui par ses pesanteurs concourt sous couvert de recherche scientifique ou des acquis scientifiques à la base des expériences n’est qu’une tentative de braquage de tout ce qui fait sens, conscience, représentations, intention, significations, etc. fondements mêmes de ce qui fait le propre de l’humain. C’est une véritable élection du scientisme dans un concert insipide.


Point besoin d’être un chercheur rémunéré par le système pour comprendre pourquoi ce regain d’intérêt à cette idéologie, le scientisme dans la sphère politique, médiatique et même dans certains milieux de recherches.

Bien que des recherches et des publications de haute factures scientifiques et intellectuelle soient plus visibles et anciennes quand on quitte les entiers battus, il n’en demeure pas moins qu’elles sont toujours de références incontournables dans la compréhension du contexte scientifique et épistémique dans le domaine des sciences cognitives et les disciplines constitutives de ce complexe.

Je suis surpris de voir cette ignorance volontaire de taille en France alors elles sont très exploitées et mises à l’épreuve en dehors de la sphère francophone.


Parmi ces références anciennes, je cite :


  1. Jerry Fodor (1983). La modularité de l’esprit.

  2. Howard Gardner (1985/1993). Histoire de la révolution cognitive. La nouvelle science de l’esprit.

  3. Phillip Nicolas Johnson-Laird (1983/1993). L’ordinateur et l’esprit.

  4. Francisco Varela (1979/1989). Connaître les sciences cognitives.

  5. Steven Pinker (2000). Comment fonctionne l’esprit.

  6. Jean-François Richard (1991) Les activités mentales.

  7. Etc.

    Monsieur Stanislas Dehaene comme président du Conseil scientifique de l’enseignement n’apportera rien de plus à part l’institutionnalisation forcée du scientisme pour criminaliser le sens et l’esprit à défaut de les reconnaître. Se réfugier derrière les neurosciences qui ne sont qu’une composante parmi d’autres des sciences cognitives, est le propre même de l’idéologie du réductionnisme alors que ces mêmes sciences font appel à l’interdisciplinarité pour mieux comprendre comment fonctionne l’intelligence dans ses dimensions multiples et comment des représentations symboliques en tant que produit et processus se construisent pour créer sens et conscience (Howard Gardner, 1993).

    Il est encore étonnant de voir cette soi-disant science se prostitue au politique pour exercer un impérialisme sur le reste et ouvrir une voie royale pour pathologiste au-delà de psychiatriser tout système intentionnel qui ne correspond pas aux normes scientistes.

    L’objectif des neurosciences est de neutraliser le sujet de ses pesanteurs anthropologiques pour l’inscrire dans le néo-être.

    Pour ma part, je m’inspire de la poésie dans la compréhension et l’explication.

    « Quoi plus éprouvant que se rendre visite à soi-même » Mahmoud Darwich (1941-2008).


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